Le Salon a retrouvé toute sa dimension internationale après deux années qui avaient fortement limité les déplacements des professionnels étrangers. Des délégations internationales sont venues à la rencontre des exposants, participer aux visites d’élevages et s’inspirer des différents modèles d’organisations.
Le climat et la jeunesse au centre
Dans un contexte marqué par la sécheresse et la flambée des coûts de l’énergie et des matières premières, le climat était le thème de l’année porté par l’Espace pour Demain. Grâce aux nombreux débats, conférences, produits et équipements présentés par les exposants, le Salon a voulu montrer que les acteurs du monde agricole sont déjà bien engagés dans les démarches qui visent à réduire l’impact de l’élevage sur le climat. L’élevage est porteur de solutions face aux défis climatiques.
Une des grandes nouveautés de cette édition était le premier « Espace Jeunes », mis en place en collaboration avec les réseaux d’enseignement agricole. Ce nouvel espace a permis aux jeunes de faire entendre leurs visions de leurs futurs métiers. Ils ont également pu exprimer leurs motivations et leurs interrogations.
L’événement a également proposé une centaine de conférences qui permettent aux acteurs du monde agricole de s’informer et de débattre autour de tous ces sujets d’actualité : nouvelles technologies, solutions pour réduire l’impact climatique, installation et transmission des exploitations, autonomie protéique, recherche sur de nouvelles espèces variétales fourragères, enjeux de la pac…
Coup d’œil sur le pôle génétique
Les présentations animales, avec 550 bovins de 13 races, et 150 ovins et caprins de 11 races différentes ont offert une magnifique vitrine de la génétique et du savoir-faire des éleveurs. La race Jersiaise était la race laitière à l’honneur, avec plus de 60 animaux en présentation et concours. L’occasion pour le Herd-book de la race d’organiser son congrès européen.
La Blonde d’Aquitaine était la race à viande à l’honneur et son challenge national a accueilli 80 animaux. La championne du concours en race Normande a été élue championne suprême du Space.
Après ces trois jours de cette édition anniversaire, et malgré une conjoncture difficile, le Space a réaffirmé sa volonté d’être une vitrine du monde de l’élevage.
Pour les organisateurs, « toute cette énergie positive et cet optimisme permettent d’être confiants dans la détermination des agriculteurs à exercer leur métier avec conviction sur le territoire pour assurer notre souveraineté alimentaire tout en étant en phase avec leurs concitoyens.
Les organisateurs donnent d’ores-et-déjà rendez-vous du mardi 12 au jeudi 14 septembre 2023 pour une nouvelle édition.
Comme chaque année au Space, Le Sillon Belge va à la rencontre de quelques exposants belges pour prendre le pouls du Salon. Jean-Marc Peters, directeur de la société Peters Mixer (Eupen), spécialisée dans le développement et la fabrication de mélangeurs de lisiers tout comme celui des agitateurs pour biogaz, nous livre son ressenti.
« Je pense que ce sera un bon salon, comme d’habitude », sourit Jean Marc, Peters, gérant de Peters Mixer. « Nous ne vendons pas de matériel sur la foire mais nous voulons montrer que nous sommes toujours présents surtout après deux années de pandémie. Nous sommes fabricants et vendeurs de mixeurs. La Bretagne fait partie de notre réseau de vente, le Space est donc pour nous une belle opportunité de nous présenter tant aux revendeurs qu’aux utilisateurs, de leur expliquer notre travail, nous tenir informés des nouveautés et de voir où vont les investissements. »
Difficile d’établir un budget
« Pour le moment, la problématique est liée à l’augmentation des coûts de l’énergie, des matières premières… Face à cette explosion des prix, nous faisons face à une baisse claire des investissements. Nous ne savons pas dans quelle direction ceux-ci vont être priorisés. Il n’y a pas de secret : ceux qui investissent dans la méthanisation vont réduire leur enveloppe pour l’étable…
Autre conséquence de ces hausses des prix de l’énergie : le digestat et le lisier bien mélangé ont pris de la valeur. Raison pour laquelle, nous ressentons le besoin de certains éleveurs à investir dans le traitement du lisier en tant que fertilisant. Par ailleurs la question de l’autonomie énergétique est aussi sur la table. Le contexte géopolitique actuel et les tendances de prix à la hausse ne sont pas des plus rassurants. Les prix sont chers et les délais de livraison inconnus… », déplore le manager.
La méthanisation a le vent en poupe
« Au jour d’aujourd’hui, nous ressentons un certain attrait pour le développement de la méthanisation. Davantage d’agriculteurs viennent vers nous. Ce sont des investissements à long terme et donc de longues discussions. Nous voyons d’ailleurs des clients qui nous avaient déjà contactés l’année passée au Space revenir discuter de leur projet. »
Active depuis plus de 20 ans dans cette branche, la société eupenoise voit les demandes pour la méthanisation augmenter à travers toute l’Europe. « Nous sommes allés en Ukraine récemment pour 5 projets d’installation. En Allemagne, nous avons énormément de demandes pour remettre en route et réparer certaines machines. Ils ont arrêté d’investir dans la méthanisation, malgré quelque 10.000 stations déjà en place. L’installation des gazoducs NordStream 1et 2 et les bas prix du gaz russe ont eu raison de la « métha ». Les Russes en ont inondé le marché. Quand on y pense, cela peut être déjà perçu comme une forme de préguerre pour rendre dépendant notre infrastructure énergétique et nous « empêcher » d’investir dans le renouvelable. Aujourd’hui, l’Europe, au vu du contexte énergétique, est obligée de trouver des solutions. Et avec le prix des intrants qui a augmenté, celui qui a une méthanisation, a un digestat, un fertilisant à bon marché. La méthanisation est donc fort rentable malgré la lourdeur des investissements. Pour les petites structures qui souhaitent s’y investir, la solution réside peut-être dans le regroupement des éleveurs autour d’un projet commun.
30 % des locaux en moins