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Le repli s’amplifie aux quatre coins du globe

Entre trésoreries exsangues dans les exploitations et conditions climatiques localement défavorables, la production laitière se tasse sensiblement dans les bassins exportateurs. Le net repli de la collecte néo-zélandaise en plein pic printanier et la baisse de plus en plus marquée de la production européenne viennent s’ajouter au recul toujours vif de la production sud-américaine.

Temps de lecture : 4 min

Alors qu’elle a plutôt bien résisté sur la campagne 2015/16 (-1,5 %), la collecte néo-zélandaise a décroché en octobre, pénalisée par des conditions extrêmement humides dans les régions laitières de l’île du Nord. Le recul qui atteint -5,5 % par rapport à 2015 en octobre est d’une ampleur sans précédent en plein pic saisonnier.

Le cheptel n’avait reculé que de 20.000 têtes pour 2015/16 (-0,2 %) grâce à de nombreuses entrées en production de génisses, mais la baisse atteint 100.000 têtes sur la campagne en cours (-2 %). Dairy NZ prévoit ainsi un repli de la collecte de 4 à 5 % sur l’ensemble de la campagne et Fonterra, pour qui la baisse de collecte est plus marquée que la moyenne nationale, anticipe même -7 % vis-à-vis de la campagne 2015/16.

En conséquence, Fonterra a de nouveau sensiblement augmenté son prix prévisionnel pour 2016/17 : +0,75 NZ$ à 6,00 NZ$/kg MS hors dividende (320 €/t) et autour de 6,55 NZ$ dividendes inclus (350 €/t), soit 50 % de plus que pour la campagne précédente. Cela devrait contribuer à redresser la situation financière des éleveurs même si leur chiffre d’affaires sera limité par la baisse des livraisons.

L’Australie est également frappée par un hiver et un printemps anormalement arrosés dans les régions laitières du Sud Est, et par une correction brutale du prix du lait qui peine à se redresser. Après avoir décroché en juin, sa collecte ne redécolle pas depuis et enregistre ainsi une baisse de 10 % sur les 4 premiers mois de la campagne 2016/17 (-377.000 t).

Une production sud-américaine toujours en net retrait

Face aux conditions très humides de l’automne austral et à l’effondrement des prix du lait, la production a chuté au Brésil, en Argentine et en Uruguay. Si elle repart ces derniers mois au Brésil, elle peine toujours à se redresser ailleurs, notamment en Argentine où l’élevage laitier subit le renchérissement du prix du maïs provoqué par l’élimination brutale des taxes à l’exportation décidée par le nouveau gouvernement.

En octobre, la production affiche un repli de 7 % en Uruguay et de 12 % en Argentine et ne devrait se rétablir que très progressivement jusque mi-2017.

Les USA voguent à contre-courant

Les USA sont le seul exportateur majeur dont la production laitière progresse encore. Le rythme de croissance est même en hausse, à +2,5 % par rapport à 2015 en octobre, à la faveur d’un cheptel en très légère hausse (+0,2 %) mais surtout de rendements sensiblement plus élevés (+2,3 %).

Dorénavant, même la collecte californienne progresse (+1,8 % par rapport à 2015 en octobre) après 2 ans de baisse. Ceci grâce à une amélioration des conditions climatiques dans le Nord de l’État et malgré un cheptel en recul de 11.000 têtes (-0,6 %).

Comme chez les autres principaux exportateurs, le prix du lait états-unien était orienté à la hausse depuis l’été. Passé de 320 $/t en mai à 383 $/t en septembre, il a toutefois fléchi à 366 $/t en octobre. La marge sur coût alimentaire s’est donc légèrement dégradée, mais reste correcte (195 $/t). En outre, les premières indications pour novembre suggèrent que le prix du lait est reparti à la hausse tiré notamment par le redressement des cours des fromages.

Baisse de 2 % chez les gros exportateurs

Au total, la collecte cumulée des 5 exportateurs majeurs a reculé de 600.000 t (-2,3 %) en octobre. En cumul sur 10 mois, elle affiche encore une légère progression : +370.000 t ou +0,2 % par rapport à 2015 en neutralisant l’effet année bissextile. Des baisses sensibles sont encore anticipées sur la fin d’année (-2 à -3 % vis-à-vis de 2015) mais la collecte cumulée sur l’ensemble de 2016 ne devrait finir qu’en très légère baisse par rapport à 2015.

Début 2017, la collecte états-unienne devrait rester dynamique. Par ailleurs, la production océanienne pourrait reprendre à la faveur de conditions climatiques plus propices sans toutefois rebondir vivement compte tenu de la réduction du cheptel et des trésoreries exsangues. Elle ne devrait se rétablir que très progressivement en Amérique du Sud et rester en retrait au moins jusqu’à l’automne austral. En Europe, la collecte pourrait se redresser au printemps compte tenu du rebond des prix du lait, en particulier si les conditions climatiques sont favorables à la pousse de l’herbe, mais toutes les exploitations ne seront pas en mesure d’appuyer sur l’accélérateur étant donné l’état de leurs trésoreries et l’absence d’investissements.

D’après Tendances

Lait et viande (Idele)

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