Les chasseurs redessinent nos campagnes pour plus de biodiversité
Faire rimer passion cynégétique avec préservation de la biodiversité, c’est possible et bien réel. Mares, haies, zones enherbées : les chasseurs sont loin d’être de simples tireurs… Ils agissent et deviennent de véritables aménageurs. Pour les soutenir dans leurs démarches, l’Asbl Faune et Biotopes a lancé Chasse et Biodiversité. D’une durée de cinq ans, ce projet livre, à présent, ses résultats concrets.

Même si la météo est plutôt automnale en ce début septembre, le domaine de Luc Regout, à Incourt, ne manque pas d’atouts pour émerveiller les visiteurs. Au fil des pas, le paysage se transforme : après les cultures bordées de haies direction une mare où dansent les roseaux. Un petit paradis de biodiversité, où l’on pourrait presque se sentir observé… On devine, en effet, que l’on n’est pas loin des territoires des perdrix, lièvres, chevreuils et autres habitants de la faune locale.
C’est ce domaine d’exception, la ferme de la Grande Risbart, qu’a choisi l’Asbl Faune et Biotopes pour illustrer les conclusions de son projet de cinq ans. Intitulé Chasse et Biodiversité, ce dernier livre un bilan inspirant. Partout en Wallonie, des chasseurs se mobilisent pour restaurer l’équilibre entre habitats et espèces chassables, essentiellement en zone de plaine agricole. Pour y parvenir, l’ensemble des acteurs du monde rural travaille main dans la main : les chasseurs, bien entendu, mais également les agriculteurs, les citoyens ou encore les communes. Ensemble, ils ont réussi à prouver qu’au-delà des coups de fusil, la chasse se veut désormais durable. Et la motivation était bien présente puisqu’au total, plus de 500 chasseurs ont pu être accompagnés, informés et sensibilisés durant cette période.
Des conseils pratiques aux visites inspirantes
Chasse et Biodiversité s’est décliné en trois axes. Le premier portait sur la sensibilisation et la formation des chasseurs. Dans ce cadre, 134 audits de territoires de chasse ont été effectués. Il s’agissait d’une visite sur le terrain avec le titulaire du droit de chasse afin d’analyser, entre autres, la qualité du biotope, la gestion de la prédation, des différentes populations… À la clé ? Des recommandations pour s’inscrire de plain-pied dans une démarche de préservation de la faune et des habitats.
Par ailleurs, 14 visites en Wallonie, mais aussi à l’étranger, ont été organisées sur différentes thématiques. « L’idée est de montrer des réalisations concrètes, donner de l’inspiration, pour ensuite pouvoir les reproduire en Wallonie », indique Simon Lehane, chargé de mission pour l’Asbl.
De plus, l’association a diffusé des capsules vidéo, des newsletters, des séances d’information, des guides et des fiches techniques axées sur plusieurs sujets. Sans oublier le site www.faune-biotopes.be reprenant une série d’informations bien utiles, comme les financements possibles.
Développer les populations de perdrix grises
L’axe 2 concernait l’accompagnement personnalisé des chasseurs. À travers cet objectif, il y a le soutien de 33 titulaires de territoire de chasse. « Le but était de leur prodiguer des conseils pratiques, administratifs, et d’aller à la rencontre de plusieurs acteurs, comme les communes, pour concrétiser leurs idées. Dans ce cadre, nous avons rencontré plus de 250 agriculteurs et aménagé plus de 223 ha de surface », souligne Violaine Cappellen. Onze actions de terrain multiterritoires ont aussi été réalisées notamment pour le comptage de populations de gibiers, la régulation des prédateurs de manière concertée, la plantation collective de buissons.
Toujours pour montrer l’éventail des possibilités, 5 territoires vitrines ont été développés, combinant des mesures classiques et des initiatives plus innovantes.
Une autre action phrase du projet visait la sauvegarde de la perdix grise. Pour ce faire, l’association a mis en place deux zones de conservation, l’une du côté de Tournai et une seconde, justement, au sein de la ferme de la Grande Risbart. Pour maximiser leurs chances de survie, les oiseaux ont été élevés avec des poules avant d’être relâchés. Leurs futurs habitats ont, eux, été étudiés pour leur offrir les meilleures conditions. Résultat ? Trois ans après le lâcher de 300 individus, l’espèce s’observe toujours dans son nouvel environnement.
En route vers le projet 2.0
Changer l’image des chasseurs constituait également un sacré défi. Pour valoriser leurs actions, avec l’axe 3, des actions ont été mises en place auprès du grand public, des écoles primaires, le tout saupoudré d’une bonne dose de communication.
Et si le projet se termine, c’est un nouveau chapitre qui s’ouvrira en 2026 avec le projet Chasse et Biodiversité 2.0. L’occasion de consolider les initiatives existantes et d’en créer de nouvelles au service de la faune.