On y trouve un plaidoyer pour le nucléaire, partant du principe que si on veut réduire le CO2, ce n’est pas avec des centrales à charbon qu’on y arrivera. Le nucléaire évite à l’Europe d’envoyer chaque année dans l’atmosphère 700 millions de tonnes de ce gaz à effet de serre, soit l’équivalent de ce qu’émettent 200 millions de voitures…
Petit calcul entre nous : Une vache émettrait 100 kg de méthane par an, soit l’équivalent de 2.500 kg de CO2. Du coup, on peut extrapoler que l’idée de supprimer le nucléaire européen aurait la même empreinte énergétique que 300 millions de vaches de par le monde. En termes de bilan, pour compenser l’arrêt des centrales, il faudrait, par exemple, exterminer l’espèce bovine ! C’est un raccourci, mais puisque C02 = réchauffement, il vaut mieux garder les vaches au milieu des centrales.
Les braves militants qui se sont promenés pendant des années avec des autocollants « Nucléaire, non merci » sur leur voiture n’imaginaient sans doute pas les dégâts collatéraux qu’aurait générés cette idée si elle avait été – vraiment – prise au sérieux.
Les plus extrémistes répondent : décroissance ! OK. L’Américain moyen consommerait, par an, 10 tonnes d’équivalent pétrole, l’Européen 4 tonnes, le Chinois 1,5 tonne et l’Africain moins de 0,5 tonne. Qui veut décroître ? Au contraire, il faut plutôt se faire à l’idée que les continents plus pauvres ont de la marge… qu’ils voudraient bien compenser. Cela s’appelle du climato-réalisme.
Spécialiste de la mer qu’elle a dans le sang, l’auteur défend à juste titre la pêche maritime, pourvu qu’elle soit raisonnée et raisonnable. Par contre, traitant de ce qu’on trouve dans les assiettes, elle semble ignorer qu’il existe aussi une agriculture raisonnée, « écologiquement intensive » comme on dit aujourd’hui. Pourquoi, quand elle parle du plancton, c’est avec ses tripes, et quand elle aborde la nourriture terrestre, c’est en se pinçant le nez ? Il n’est alors plus question de poisson, mais de poison. Cela sent le « copier-coller » de l’actuelle pensée médiatique : le bio ou rien. Yniaka faire du bio, et les rendements, je la cite, seront de 79 % plus élevés (…).
Ce qui est curieux dans ce livre, dont l’auteur ne manque pourtant ni d’intelligence, ni de tempérament, c’est de voir à quel point, quand il s’agit d’agriculture, les non-initiés tombent à bras raccourcis sur tout ce qui fait farine au moulin de la pensée unique et qui, d’un livre à l’autre, s’impose comme une nouvelle vérité.
Les agriculteurs savent que tout n’est pas si simple et qu’il y a autant d’agricultures que d’agriculteurs. Ils sont aussi passionnés par leur métier de terrien que ne sont les marins. Ils n’attendent pas des politiciens, qu’on décrète en permanence à leur place ce qui est bien ou mal.
Alors, ras-le-bol des écolos ? Certes non, ils posent souvent de bonnes questions. Donc, miam-miam les écolos ? Bof, les réponses, chez eux comme chez autres, sont souvent à côté de la plaque. Logiquement, entre nucléaire et réchauffement, le dilemme est cornélien, et choisir, c’est renoncer.
Vu son engagement politique, il est fort possible que Maud Fontenoy soit un jour (bientôt ?) ministre de l’écologie ou de la mer. Dieu nous en préserve en agriculture, à moins de lui offrir un abonnement au « Sillon Belge » pour l’initier aux choses de la vie… sur terre.