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L’Irbab dévoile ses résultats variétaux

et ouvre des pistes pour ce printemps

L’expérimentation variétale menée l’an dernier par l’Institut de l’amélioration de la betterave dans des sites et circonstances divers fourmille d’informations intéressantes. Un éclairage très utile à quelques encablures d’une campagne qui inaugure l’après quotas !

Temps de lecture : 8 min

L’année dernière s’est avérée exceptionnelle à plus d’un titre : climat humide et puis sec, développement de maladies racinaires, forte pression des maladies foliaires. Exceptionnel dans un sens négatif ayant comme conséquence une croissance difficile et des rendements forts disparates entre parcelles et régions. L’excès d’eau à la fin du printemps 2016 contraste avec le printemps 2015 qui fut lui en moyenne plutôt sec !

Les températures douces et l’absence de pluie de début mars ont permis à l’Institut royal belge pour l’amélioration de la betterave, Irbab, de mettre en place les premiers essais dès le 22 mars, avant le retour des pluies du 25 mars. Les sites restants ont été semés entre le 11 et le 22 avril. Tant dans les semis de mars que ceux d’avril les levées ont été bonnes et homogènes.

À noter qu’à un stade précoce, les variétés Lumière, Lisanna, Eucalyptus et BTS8645N se sont démarquées par un développement juvénile rapide, tandis que les Gaëlla et Elisabeta se distinguaient par un développement plus lent.

Forte poussée de cercosporiose, mais aussi…

L’année dernière restera certainement marquée par le développement très intense de la cercosporiose, tout comme 2014. Malgré le(s) traitement(s) fongicide(s) effectués, la maladie a connu une extension rapide dès la fin de l’été jusqu’au milieu du mois d’octobre grâce aux températures fort clémentes favorisant son développement.

L’occasion de bien caractériser les variétés par rapport à celle-ci, mais surtout de prendre conscience de la faiblesse de beaucoup de nos variétés par rapport à ce fléau. Un second traitement fongicide s’est imposé au cours de la 2e quinzaine d’août, et malgré celui-ci la cercosporiose a poursuivi son installation.

À signaler, au contraire, la quasi absence de rouille et d’oïdium et la faible présence de ramulariose.

La sensibilité à la cercosporiose a pu être vérifiée dans plusieurs sites expérimentaux, avec ou sans protection fongicide. Verdict : les variétés BTS605, Paxy et LisannaKws ont confirmé leur profil très intéressant sur ce plan.

Tolérance aux nématodes

Malgré les faibles températures générales du printemps, la présence de nématodes a pu être observée dans les terres infestées dès le mois de juin, de même que dans des parcelles faiblement infestées. L’impact des infestations sévères sur le rendement a été confirmé. Les variétés tolérantes à ces ravageurs ont confirmé leur intérêt aussi bien en termes de potentiel de rendement qu’en revenu financier dans les situations de forte infestation. Ces variétés ont couvert l’an dernier quelque 46 % de la surface betteravière en 2016.

Rhizoctone brun

Les essais mis en place pour vérifier le comportement variétal vis-à-vis du rhizoctone brun ont permis de confirmer la bonne résistance de la variété BTS180. Par contre, BTS605 et Hendrika ont montré une résistance plus faible mais acceptable. Parmi les nouveautés, citons la variété Tolemax. Hendrika, présentant une triple résistance rhizomanie-nématode-rhizoctone a été testée pour la 2e année et confirme ses résultats.

Rhizomanie

Quelques parcelles dans la région de Binche ont été affectées par une souche variante du virus de la rhizomanie. La variété Sympatica (possédant une résistance additionnelle rz2) testée en 2015 a montré une bonne résistance face à cette forme du virus. Elle est la seule variété recommandée dans cette situation.

Entre 16 et 20 t de sucre/ha

De manière à préparer le passage de la filière à la réception de la betterave entière, l’Irbab a entrepris de réaliser la réception de la betterave « entière » dès la récolte 2016, et ce tant pour les essais de recommandation que pour les essais d’inscription. Le calcul financier 2016 tient également compte d’un nouveau barème richesse, mais maintient une pénalité tare terre et une restitution pour la pulpe.

Les arrachages ont démarré le 23 septembre dans de bonnes conditions, et se sont terminés le 2 novembre. La tare terre exportée était inférieure à 1 t/ha en début de campagne et est montée à 3 t/ha plus tard. Cette caractéristique variétale n’a pu être déterminée précisément que dans l’un des essais.

Les richesses se sont maintenues au-dessus de 18ºS sauf dans les sites plus atteints par la cercosporiose. Le tonnage dépassait parfois 100 tonnes de racines par ha. Le rendement en sucre a démarré à 16 tonnes pour les premiers arrachages pour terminer à plus de 20 tonnes de sucre dans les parcelles les plus productives.

Et pour ce printemps 2017 ?

Toutes les variétés ont été testées dans des situations classiques, sans problème particulier, de manière à pouvoir comparer leur potentiel de rendement et établir les caractéristiques principales.

Dans les situations les plus favorables

Dans ces conditions, le choix de la variété s’orientera préférentiellement vers les caractéristiques intrinsèques qui forment le rendement plutôt que vers le type de variété « rhizomanie », « tolérant au nématode » ou « résistant au rhizoctone brun ». En plus du potentiel financier, la tolérance aux maladies, la levée au champ, la sensibilité à la montaison sont des critères majeurs.

Le regroupement pluriannuel des essais classiques donne une meilleure idée du comportement global des variétés à l’égard des maladies, des caprices de la météo, etc.

En situation à nématodes : semer la tolérance !

Il est impératif d’opter pour des variétés tolérantes au nématode à kyste, Heterodera schachtii, dans toute parcelle infestée par celui-ci. Au-delà de 150 œufs + larves par 100 g de sol, les pertes de rendement peuvent être significatives (plusieurs pourcents). L’effet des variétés tolérantes est d’autant plus intéressant que l’infestation est forte, même si celle-ci se situe dans les couches plus profondes du profil de sol (en dessous de 30 cm). Plusieurs variétés tolérantes au nématode possèdent aujourd’hui un potentiel de rendement capable de rivaliser, meêm en situation classique, avec celui des variétés rhizomanie.

La détection des nématodes peut se faire au moyen d’analyses de sol, et mieux encore, par des observations réalisées lors de la culture de betteraves précédente. Certains symptômes sont indicateurs de cette présence : jaunissement du feuillage avec une carence en magnésie, flétrissement par plages circulaires, kystes (blancs) sur les radicelles de betteraves, faibles rendements en racines.

Le potentiel de rendement des variétés tolérantes au nématode a connu une importante progression depuis 2011.

Stabilité des bonnes performances dans le temps

Ce paramètre est un autre critère de choix essentiel. On entend par stabilité d’une variété les différences de rendement et richesse obtenus par celle-ci au cours du temps. Cette (in)stabilité peut être due à un changement de la composition variétale elle-même (stabilité génétique), mais aussi à l’influence de l’année (climat, levée, maladies…) sur le comportement de la variété (stabilité agronomique).

Rhizoctone brun

Avant de faire le choix pour une variété résistante au rhizoctone brun, on s’assurera d’avoir étudié les facteurs de risque présents sur la parcelle, à savoir :

– une rotation (fréquente) avec du maïs, surtout le maïs grain. L’incorporation de matière organique non digérée est un facteur aggravant ;

– un défaut de structure du sol, à la suite de récoltes effectuées dans des conditions humides, même au cours des 5 dernières années ;

– la présence de rhizoctone brun identifiée sur la parcelle.

L’utilisation d’une variété résistante n’exclut pas la présence de betteraves pourries mais l’atténue fortement. Potentiel de rendement et résistance sont souvent inversement liés, il s’agira de choisir le bon niveau de résistance. « Les variétés résistantes n’offrent pas de solution si elles ne s’accompagnent pas de mesures agronomiques adéquates : rotation, respect de la structure du sol, pH optimal et fumure raisonnée ».

Tolérance aux maladies foliaires : davantage que pour l’œil !

Les trois dernières années l’ont bien démontré : tenir compte de la sensibilité des variétés aux maladies tient du bon sens. Cette « santé du feuillage » s’est avérée très utile tant en 2014 que l’an dernier, en combinaison avec l’application éventuelle de fongicide(s). Associée à ladite protection fongicide, la résistance variétale s’inscrit dans le respect de la lutte intégrée (l’IPM) et doit assurer un feuillage sain tout en réduisant le risque d’apparition de résistance aux fongicides. Plus l’arrachage sera tardif, plus une bonne résistance aux maladies pourra garantir un potentiel de production levé de la parcelle.

Parmi les maladies foliaires, la cercosporiose est certainement la plus dommageable. Choisir une variété plus résistante, principalement à la cercosporiose est d’autant plus important que :

– la rotation en betterave est courte ;

– la parcelle semée est voisine d’une parcelle contaminée par la cercosporiose en 2016 ;

– la récolte est tardive.

Aphanomyces

L’apparition exceptionnelle d’Aphanomyces (pourriture sèche) en 2016 est liée aux fortes précipitations subies durant le mois de juin et accentuée par une structure déficiente du sol. Nous connaissons mieux le stade plantule de cette maladie, provoquant le « pied noir » et qui demande une protection fongicide via la semence.

La dernière apparition aussi significative d’Aphanomyces remonte à 1991. Ce champignon, qui se plaît bien dans des conditions humides, des sols pauvres en calcium (pH plus faible), a pu se développer facilement dans les conditions que nous avons connues à la fin du printemps. Il envahit la betterave via les radicelles, et se concentre d’abord au niveau du sillon saccharifère, provoquant des craquelures spongieuses noirâtres. Bien que la maladie demeure très superficielle, elle peut provoquer une déformation de la racine par étranglement. Elle ne semble toutefois pas détériorer la conservation des betteraves.

Aucune sélection spécifique à l’Aphanomyces n’a été introduite en Belgique, cependant nous avons pu observer une variabilité de sensibilité parmi les variétés commercialisées par les différents semenciers.

D’après André Wauters

, Irbab

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