L’année 2016,

une année pleine d’extrêmes

Comment bien aborder l’année 2017 sinon en survolant l’année 2016 ? Le passé nous donne des leçons pour l’avenir. L’année qui vient de se clôturer restera certainement dans les mémoires pour de nombreuses raisons. En voici un certain résumé.

La question climatique

Sur le plan climatologique, l’année 2016 fut remarquable. C’est le moins qu’on puisse dire : nombre de records ont été enregistrés. Tout d’abord, ce fut l’année la plus chaude jamais enregistrée, la température a augmenté de 1,2°C par rapport à celle du début de la révolution industrielle. Ensuite, nous sommes passés du très humide au très sec. Jusqu’en juin, chaque mois, le nombre de jours de pluie fut très élevé, et un pic fut atteint en juin, un mois noyé sous d’abondantes chutes de pluie. Nous avons reçu jusqu’à 490 litres par m2 (mesuré à Uccle) alors que la normale est de 75 litres. Le corollaire logique en fut un très faible ensoleillement.

Cette médiocrité climatique a été ressentie dans des cultures comme le froment. Les rendements obtenus sont très faibles, surtout dans le centre et dans l’est du pays. C’est dans les Polders que les rendements ont été un peu meilleurs car la pluviométrie y a été inférieure.

L’accès aux champs a été rendu très difficile, notamment dans le cadre de la lutte contre le mildiou de la pomme de terre. Avec une pointe d’ironie, Lieven Van Ceunebroeck relève que, si les roues n’y arrivent plus, il faudra disposer d’engins à chenilles car on ne peut pas se permettre de faire l’impasse sur de tels traitements.

La récolte des céréales fut encore interrompue par les pluies au mois d’août. Puis vint l’incroyable: trois semaines plus tard, il fallait irriguer pour arracher les pommes de terre. Alors que les pluies détrempaient les sols en juin, elles furent absentes durant le mois de septembre. Ce fut le mois le plus sec des 35 derniers mois de septembre. Le 13 septembre, on enregistra une température record de 31°C. L’ancien record datait de 1947.

Les reprises au-delà des frontières

Le monde de la phyto et de la semence a subi de nombreuses consolidations en 2016. Bayer a fait une offre d’achat sur Monsanto. On parla du plus important achat de l’année. Après maintes péripéties, Bayer a réussi son pari, et Monsanto est entré dans son giron. A eux deux, ils forment le plus grand groupe phyto.

De son côté, ChemChina lorgne sur Syngenta. Avec des filiales comme Pirelli et Adama, voilà également un grand groupe. Chez DuPont et Dow, on y pense aussi, au regroupement. Comme on le voit, la tendance générale va à la création de grands groupes.

La Chine se profile

La production de phytosanitaires est en effervescence en Chine. Les autorités ont imaginé un système pour réduire de 30% en 5 ans le grand nombre de firmes phyto chinoises. De grands pas ont déjà été accomplis pour arriver aux 1.700 firmes actuelles, qui ont en brevet 300 matières actives. Au total, on produirait quelque 500 matières actives en Chine.

L’Etat a en mains la législation environnementale mais il mène également les reprises. L’Etat a donné aux firmes chinoises des moyens pour se développer à l’intérieur du pays, c’est-à-dire en Chine, mais également à l’extérieur, vers l’Europe. Quant aux exportations, elles sont dirigées vers 180 pays, dont les Etats-Unis, le Brésil, l’Australie, l’Argentine, le Vietnam, la Thaïlande, l’Inde… avec des molécules synthétisées, dont certaines encore sous brevet: glyphosate, imidaclopride, clethodime, chlorpyriphos, atrazine, dicamba, chlorothalonil… Certaines de ces matières actives ne sont plus agréées chez nous mais elles restent importantes ailleurs dans le monde. L’offre de ChemChina sur Syngenta est la plus importante offre chinoise sur une société occidentale.

(À suivre)

D’après M.V.