Tous les arbres et arbustes fruitiers ont un cycle de vie qui se subdivise en trois phases : la phase dite « juvénile » au cours de laquelle le plant augmente de volume en édifiant sa couronne et commence à fructifier, la phase dite « adulte » pendant laquelle la croissance et la fructification sont associées, puis la phase dite « sénile » où la croissance devient très faible ou nulle, avec parfois production de fruits petits et de qualité inférieure.
La durée de ces phases dépend de plusieurs facteurs : l’espèce, la variété, le sujet porte-greffe, la qualité du sol et les soins dispensés au verger au fil des années (les interventions de taille en hiver et pendant la saison de végétation ne sont pas à négliger).
Les tailles permettent de raccourcir la phase juvénile, avoir une phase adulte plus précoce et de maintenir un bon équilibre le plus longtemps possible entre la croissance et la fructification.
Prendre soin de l’arbre selon son espèce
On ne taillera pas son arbre de la même façon selon qu’il soit fruitier, à pépins ou à noyau.
Pommiers et poiriers en fuseau
Sur ces arbres conduits en basse-tige, il convient de pratiquer chaque hiver une taille fruitière qui sera complétée par une ou deux interventions « en vert » (lorsque la sève circule).
La charpente des arbres se compose d’un tronc vertical qui porte des branches fruitières qui, de bas en haut, sont de plus en plus courtes. Par conséquent, la forme de la couronne correspond à un cône plus ou moins large.
Puisque l’on sait que le bois jeune portera les plus beaux fruits, on renouvellera chaque hiver les pousses fruitières en supprimant les plus âgées et en conservant les plus jeunes (de préférence implantées latéralement). On supprime donc celles qui sont trop érigées ou pendantes.
Vers la fin du mois d’août, lorsque la troisième vague de croissance se termine, on supprimera les gourmands (pousses vigoureuses érigées) ce qui amènera davantage de lumière au niveau des fruits.
En hiver, les pousses trop érigées que l’on veut conserver seront inclinées à l’aide de ficelles ou en y suspendant des poids (par exemple, un gros écrou muni d’un crochet).
Il faut éviter qu’au fil du temps les charpentières soient porteuses de trop nombreuses pousses fruitières qui formeront une masse dense où la lumière ne pénètre pas.
Fruits à pépins et à noyau en buisson
Qu’ils soient en haute-tige, en demi-tige ou en basse-tige, les arbres conduits en buisson comportent un axe central garni de charpentières de forme évasée implantée sur le tronc avec un angle de 50º à 60º. La forme générale de la cime est globuleuse, ovale ou conique large selon l’espèce.
Après la phase de formation de la couronne (8 à 10 ans pour les arbres haute-tige et demi-tige, 4 à 5 ans pour les arbres basse-tige), la taille s’effectue de préférence chaque hiver, avec en complément un enlèvement des gourmands chaque été.
Les fruits à pépins peuvent être taillés plus sévèrement que les fruits à noyau, de par la différence de poids unitaire des fruits.
Comment procéder ?
Premièrement, limiter le nombre de charpentières et assurer un espacement de minimum 60 cm entre deux charpentières superposées, afin que l’air et la lumière pénètrent suffisamment dans la ramure.
Ensuite, conserver des charpentières orientées dans toutes les directions afin d’occuper tout le volume disponible, et éviter qu’elles s’entrecroisent ou soient trop proches. Limiter leur longueur en supprimant le prolongement sur une ramification orientée latéralement.
Sur les charpentières, conserver un nombre raisonnable de pousses dirigées latéralement et supprimer celles qui sont trop érigées ou retombantes.
Enfin, éliminer les rameaux chancreux et porteurs de gui, ainsi que chez les pommiers, d’oïdium.
Restaurer un arbre qui a été négligé
Des arbres qui n’ont plus été taillés pendant plusieurs années présentent une ramure très touffue. Celle-ci comporte un nombre excessif de rameaux mal développés parce qu’ils se gênent mutuellement. Comme ils souffrent du manque de lumière et d’air, ces arbres sont improductifs et le lieu d’infections fongiques et/ou bactériennes.
Avant d’entreprendre une opération de restauration qui va parfois demander beaucoup de travail et s’échelonner sur deux ou même trois ans, il convient de se demander si le jeu en vaut la chandelle. La réponse dépend autant de l’âge des arbres et de leur potentiel de vie utile future que de l’espèce fruitière en cause.
De manière générale, les espèces fruitières à pépins réagissent bien à une restauration jusqu’à un âge avancé. Chez les espèces fruitières à noyau, la réussite est plus aléatoire. La cicatrisation des plaies est moins bonne et des écoulements de gomme sont à craindre. Dans tous les cas, les plaies de taille doivent être enduites d’un produit cicatrisant.
Ce travail est plus facile à effectuer par temps clair et non ensoleillé. Après avoir supprimé les éventuels drageons du sujet porte-greffe, il faudra faire un choix des branches charpentières à maintenir et de celles à éliminer. Sur des arbres dont la vigueur est bonne, si ce nombre est élevé, il est conseillé d’opérer en deux (ou trois) années successives afin d’éviter la formation de très nombreuses brindilles. Sur des pruniers et des cerisiers, un rajeunissement progressif atténuera le « choc » provoqué par un élagage sévère.
Une fois les branches en surnombre enlevées et les plaies traitées, sur les charpentières restantes, on fera le choix du « bon » bois fruitier. À savoir : des rameaux relativement jeunes, disposés latéralement en arêtes de poisson. On élimine les rameaux érigés ou pendants ainsi que le bois mort et le bois trop âgé, généralement très ramifié en « têtes de saule » ou en « pattes de poules ».
En fin d’hiver, on apportera une bonne fumure minérale et organique. Il est probable que des arbres qui n’ont pas été taillés pendant plusieurs années n’aient pas reçu non plus de fumure d’entretien.
Restaurer un arbre en forme palissée
On rencontre parfois des arbres fruitiers âgés conduits en formes régulières et adossés aux murs d’une construction ou clôturant un jardin. Il s’agit généralement de poiriers et parfois de pommiers ou de vignes. Souvent, leur charpente mal soutenue a perdu une ou plusieurs branches principales et le haut de la couronne s’est développé de manière anarchique. Dans le bas, la vigueur est très faible ou même nulle, avec beaucoup de bois mort. La restauration de pommiers et de poiriers peut être envisagée. Celle des espèces à noyau réussira rarement.
Le premier travail sera de fixer à nouveau la charpente sur la paroi, et si c’est possible, de remplacer les charpentières manquantes en amenant des rameaux d’un ou deux ans au bon endroit. Sinon, il existe une technique particulière de greffage appelée « greffe en coulée » (regarnir un arbre mal équilibré en lui rajoutant un nouveau départ de branche) qui permet de former une ramification à l’endroit voulu.
Ensuite, on s’intéressera aux productions fruitières implantées sur la charpente. Comme elles doivent être distantes de 20 à 25 cm, on commencera par supprimer celles qui sont en surnombre et/ou mal placées. Si les ramifications conservées sont âgées et ramifiées en « pattes de poules », on les simplifiera en ne conservant qu’un ou deux axes végétatifs sur chacune. S’il s’agit de rameaux jeunes, on les raccourcit sur 4 à 6 yeux en fonction de leur vigueur, et si nécessaire, on les incline en position légèrement ascendante. Pendant la belle saison, on éliminera les nouvelles pousses en surnombre.
L’hiver suivant, on appliquera une taille dite « trigemme », ou en été une taille « Lorette ».
Sur des vignes palissées en cordon vertical et après avoir restauré la charpente, on taillera en fin d’hiver des sarments espacés de 25 à 30 cm. On supprimera entièrement tous les autres.
Tailles spécifiques
Quelques conseils pour tailler les espèces suivantes :
Framboisiers, muroises et ronces
Un renouvellement continu des rameaux fruitiers. C’est le principe de taille de ces petits fruits qui fructifient tous sur les tiges formées l’année précédente (ainsi qu’à l’extrémité des rameaux de l’année même chez les framboisiers bifères).
La taille sera donc un renouvellement constant des tiges en supprimant dès la fin de la récolte toutes celles qui ont fructifié. Mais en conservant intactes les nouvelles pousses qui assureront la production de l’année prochaine.
Chez les framboisiers bifères, on favorisera la production de fin d’été en faisant son deuil de celle du printemps. Pour cela, toutes les tiges sont rabattues au niveau du sol en fin d’hiver.
Groseilliers
Chez les groseilliers à grappes, la charpente se compose d’une à trois tiges s’ils sont conduits en haie et d’une douzaine de branches s’ils sont conduits en buisson.
Sur ces branches, on évitera les fourches et on conservera du bois fruitier court (10 à 15 cm de long au maximum).
Chez les cassis, les casseilles et les groseilliers épineux, les gros fruits se récoltent sur les rameaux d’un an de vigueur moyenne. On fera donc une taille de renouvellement en supprimant en hiver les gourmands ainsi que le bois de plus d’un an. Certes, ce dernier donnera encore des fruits, mais nettement plus petits.
Cognassiers, néfliers et noisetiers
Sur ces espèces conduites en buisson, on se limitera à un élagage qui élimine l’excès de branches et amènera de l’air et de la lumière dans la ramure.
Noyers
Il convient d’agir avec circonspection car ces arbres supportent assez mal la taille. La cicatrisation des plaies importantes est parfois problématique. C’est dire l’importance d’une bonne taille de formation. En fin d’hiver, on se contentera de supprimer les branches qui auraient pris une orientation inappropriée.