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S’il suffisait qu’on sème !

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Pour ceux à qui l’événement aurait échappé, c’est le nom de la porte ouverte organisée à Gembloux ce dernier week-end de juin. À l’occasion du 50e anniversaire du Livre Blanc, la Faculté et le Centre de Recherche Agronomique ont réalisé cette plate-forme démonstrative à destination des écoles et du grand public.

Superbe travail de pédagogie et signe des temps : il faut rappeler les fondamentaux pour construire l’avenir. On ne cherche pas à faire pédant, juste à illustrer les sciences et l’agriculture avec des exemples vivants, concrets, ludiques.

Il faut toucher de la vraie terre pour comprendre comment distinguer le sable, le limon et l’argile. C’est une vraie fosse dans laquelle on descend pour voir le sol de près et de l’intérieur. C’est un assolement à l’échelle qui rappelle les emblavements d’il y a 50 ans, face à ceux d’aujourd’hui.

On retrouve toutes les céréales qui entrent dans la composition des pains avec des liens entre la culture et les produits finis. On explique les secrets de la sélection, des croisements et de l’hybridation. Il y a de vraies machines pour illustrer les différentes techniques de travail du sol. On peut voir différentes fumures, des associations d’espèces comme le pois et le froment, le top des technologies dans l’agriculture de précision et enfin, un vrai pulvérisateur. On ne l’a pas caché : on assume son utilité, sa nécessité, mais en expliquant bien la maîtrise et les contrôles que cela implique.

« S’il suffisait qu’on sème » témoigne d’une agriculture moderne, raisonnée, responsable et fière de ce qu’elle fait. Elle intègre une nouvelle dimension : la communication vers le grand public… pour que l’on s’aime.

Tout est cyclique. Pendant des décennies, l’agriculture a foncé, tête baissée, dans le productivisme. Objectif atteint en termes d’efficacité, complètement loupé au niveau de la société. La nature ayant horreur du vide, ce déficit de contact fut exploité par ceux qui se sont servi de l’agriculture comme repoussoir.

Qui donc ? Soyons clairs, nous sommes tous sensibles au respect de la nature, et saluons l’intérêt du grand public en cette matière. Nous pouvons admettre que des erreurs, voire des dérives aient pu jalonner la route de l’évolution. Mais que de chemin parcouru depuis le pic d’intensification par rapport à ce qui se pratique aujourd’hui.

Alors, pourquoi tant d’acharnement contre l’agriculture ? Sans doute y a-t-il des déçus de l’illusion d’un grand soir rouge qui se sont reconvertis dans l’intégrisme écologique. D’autres, s’étant écartés des dogmes judéo-chrétiens, les ont remplacés par un besoin d’absolu de couleur verte. Tout militantisme a besoin, pour se nourrir, d’un grand Satan à combattre. Ce sont eux qui donnent le ton aujourd’hui.

Il y avait un des ministres de l’Agriculture, de passage sur le site. Objectif : la pause micro, évidemment. Est-ce par sincérité ou par naïveté, mais il rappelle que son credo, c’est aller dans le sens de ce que demande l’opinion publique. En français, cela s’appelle le sens du vent, peu importe qui le fait tourner. Conclusion, il vous suffit de travailler l’opinion publique pour qu’on vous aime…

Faudra-t-il, demain, instaurer des cours de communication dans les formations agricoles ? Comment parler aux gens et aux journalistes si on devient agriculteur ? « That is the question ! »

JMP

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