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Pomme de terre et impact du Covid-19 : «La crise passée, le comportement de consommation se normalise très rapidement»

La pandémie a eu un énorme impact sur notre mode de vie au cours des deux dernières années, notamment sur notre comportement d'achat et nos habitudes de consommation. Le Vlam, Centre flamand pour la promotion de l’agriculture et de la pêche, a enquêté sur les tendances observées pour la pomme de terre.

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Comment la consommation de pomme de terre et de ses produits transformés a-t-elle évoluée au cours des deux dernières années? Cette la question qui a été posée par le Centre flamand pour la promotion de l'agriculture et de la pêche. L'organisation a également suivi les tendances précédant la pandémie. Ainsi, il a par exemple été noté que depuis quelques années, on assiste à un glissement du commerce de détail vers les services alimentaires. En d'autres termes, les gens vont davantage au restaurant. «Le prix et la facilité sont des éléments importants dans la consommation, mais il y a aussi plus d'attention pour les aliments locaux, l'environnement, le bien-être des animaux, l'expérience artisanale», explique Kris Michiels du Vlam.

La panique du premier confinement

Au cours du premier confinement, les consommateurs ont paniqué. «Ils se sont rendus en masse au supermarché pour s'approvisionner. Tous les produits de grande consommation se sont envolés des rayons. Les ventes de ces produits ont augmenté de 25 % et les gens ont fréquenté plus de types de supermarchés. La fréquence d'achat a augmenté de 8 %».

Néanmoins, les citoyens se sont rapidement adaptés. «Le confinement suivant, ils allaient moins au magasin afin de ne pas prendre le risque d’attraper le Covid. Ils se sont rendus 14 % de fois moins au magasin pour l’achat de produits de grande consommation et 9% de fois moins pour les aliments frais. Cependant, ils achetaient davantage par visite».

Le «shopping fun» est également passé à la trappe. «Les gens souhaitaient sortir du magasin le plus vite possible». Ils ont également choisi de faire leurs courses à d'autres moments, lorsque l'affluence était moindre. Ils avaient soudainement plus de temps pour ça.

Leur choix s’est aussi portée sur d'autres magasins avec un succès moins important pour les hypermarchés et plus prononcés pour les supermarchés voisins lors du premier confinement. «En général, les gens se sont davantage intéressés aux produits locaux et à la sécurité des produits».

Au cours de cette période, les consommateur ont (re)découvert de nouveaux passe-temps, dont celui de manger. Ils ont cuisiné et pâtissé, testant de nouvelles recettes.

La consommation à domicile plus importante

Le centre a comparé les périodes de confinement (mars à mai 2020 et octobre 2020 à avril 2021) et les périodes intermédiaires et postérieures avec les mêmes périodes en 2017.

Il est évident que sur l'ensemble de la période allant de mars 2020 à avril 2021, la consommation à domicile a pris de l’importance. Cependant, on constate des différences significatives entre les confinements et les périodes intermédiaires.

L'impact de la pandémie a été le plus fort lors du premier confinement. Le nombre de fois où les gens ont consommé au travail, à l'école et dans le secteur de l'hôtellerie est tombé presque à zéro. Les gens ont également moins consommé en famille, entre amis ou sur la route. La situation s’est rétablie entre les deux périodes de fermeture puisque la restauration étant ré-ouverte, la consommation à domicile est repartie à la baisse. Néanmoins, elle n’a pas retrouvé le niveau observé avant la crise du Covid.

Lors du second confinement, les tendances étaient les mêmes, mais pas aussi prononcées que lors du premier. «Les consommateurs savaient désormais à quoi s'attendre et les mesures de fermeture elles-mêmes étaient également allégées par rapport au premier lockdown», note Kris Michiels.

Durant ces fermetures, les consommateurs ont donc clairement cherché des alternatives. Au cours du premier et du second lockdown, respectivement 91,6 % et 91,1 % d’entre-eux ont opté pour des repas préparés par leurs soins, des repas prêts à consommer ou des repas à emporter ou livrés à domicile. En 2017, il s'agissait respectivement de 82,3% et 82,9% des personnes. Durant la période intermédiaire, les gens ont retrouvé le chemin de la consommation hors foyer, mais pas encore aux niveaux de 2017.

Une consommation accrue d'aliments frais à domicile

L'impact de la fermeture des restaurants et de la restriction des contacts a également été visible dans les chiffres de consommation de produits frais. Lors du premier lockdown, 17% de plus d'aliments frais, y compris des pommes de terre, ont été consommés à domicile par rapport à la même période en 2017. «Il y avait aussi beaucoup de thésaurisation à l'époque. Les gens faisaient des réserves», souligne Kris Michiels. Lors du deuxième confinement, le chiffre était de 10%. Cependant, entre les confinements et après le second confinement, ce chiffre est tombé à 5% et 3% respectivement.

La même tendance s'observe spécifiquement pour les pommes de terre fraîches. Durant les deux lockdown, la consommation à domicile de pommes de terre fraîches a atteint des pics de respectivement 17% et 8%, mais ce taux a faibli entre les deux confinements et après ceux-ci. «Depuis quelques années, nous avons constaté une tendance à la baisse de la consommation à domicile de pommes de terre fraîches, mais grâce ou à cause du Covid, elle a augmenté de 8% en 2020 par rapport à 2019».

Plus de succès pour les pommes de terre transformées

Une double tendance peut être observée pour les pommes de terre transformées. Concernant les pommes de terre fraîchement transformées, une augmentation est clairement perceptible depuis 2018, après plusieurs années de consommation identique. Pour les pommes de terre transformées surgelées, la tendance était à la baisse jusqu'en 2018, après quoi elle a de nouveau augmenté.

Kris Michiels relève un point frappant: «Tout au long de la période 2020-2021, même entre les confinements, les pommes de terre transformées ont été consommées de manière constante.» Durant cette période, la consommation domestique de pommes de terre transformées surgelées a suivi les pics et les creux des pommes de terre fraîches. Il en va autrement pour les pommes de terre fraîchement transformées: la consommation est en hausse et cela a continué durant la période Covid.

La pomme de terre fraîche, le principal compagnon du repas

Au fil des ans, il est apparu que les consommateurs consommaient de moins en moins de pommes de terre. La consommation au cours de la période 2020-2021 a été généralement plus faible qu'en 2017. «Cela n’a rien à voir avec le Covid. Celui-ci a effectivement incité les gens à se tourner vers les plats traditionnels lors du premier lock-down: une assiette de pommes de terre cuites à l’eau, des légumes et un morceau de viande ou de poisson», souligne Kris Michiels. En général, les Belges ont été plus nombreux à choisir la pomme de terre traditionnelle durant toute cette période. «Les frites sont davantage liées aux événements et au fait de manger à l'extérieur. Les pommes de terre à l’eau sont principalement consommées à la maison. La pandémie a donc eu plus d'impact sur le secteur des frites».

Les pommes de terre fraîches gardent une place plus importante en volume dans les accompagnements de repas, suivies des pommes de terre transformées surgelées et des pommes de terre transformées fraîches. «Les pommes de terre fraîches ont perdu de leur importance pendant la période Covid et restent sous pression par rapport aux autres accompagnements de repas. Par rapport aux pommes de terre et aux produits transformés à base de pommes de terre réunis, les pâtes et le riz semblent également avoir gagné en importance au fil des ans.» Les nouilles, le quinoa et les wraps sont les moins consommés.

Les consommateurs aiment les habitudes

Après le second confinement, la plupart des chiffres semblent s’être normalisés par rapport aux chiffres juste avant le confinement. «Cela signifie qu'il y aura toujours une pression constante sur la consommation», prévient-il. Plus la crise durera, plus l'impact sera important, car les gens auront été obligé d’adapter plus longtemps leur comportement.

Autre constatation, les consommateurs sont des êtres d'habitudes. Ce n'est que lorsqu'ils y sont vraiment obligés, comme dans le cas de la crise Covid, qu'il y a un changement soudain de comportement.

Kris Michiels précise également que les tendances allant aux emballages plus petits et à l'augmentation de la consommation de pommes de terre fraîchement transformées vont se poursuivre.

Autre remarque, c’est toujours un défi d'initier les jeunes à la pomme de terre, même au-delà de la traditionnelle viande-patate-salade. «C’est pourquoi la pomme de terre doit être présentée de manière plus moderne et s’inscrire dans la cuisine du monde. Il vous aussi répondre au besoin de confort, dont la réduction des emballages fait partie».

Le local en progression mais l’hypermarché reste la référence

Le Covid s'est avéré être un accélérateur de certaines tendances. Du côté positif, la numérisation du secteur alimentaire s'est bien accélérée et l'alimentation locale est également devenue plus importante. «L'achat local était en hausse depuis un certain temps, mais pendant la pandémie, il est clairement apparu que les chaînes courtes, les magasins de fruits et légumes et les supermarchés de quartier étaient bien placés pour l'achat de pommes de terre. Durant la première fermeture, les magasins de proximité se sont bien portés, mais par la suite, les consommateurs ont de nouveau opté pour les discounters tels qu'Aldi et Lidl. Les grands supermarchés restent les canaux de distribution les plus importants.»

D’après Marlies Vleugels

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