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La lutte collective fait ses preuves

Les défis en élevage sont nombreux et notamment au niveau sanitaire. Pour l’Arsia, les actions collectives sont donc incontournables. « Car si chaque éleveur est responsable de son cheptel, l’asbl est convaincue que la gestion sanitaire individuelle seule n’a aucune chance d’aboutir, d’où le maintien de son implication dans le développement de nouveaux modèles de surveillance sanitaire », explique Jean Detiffe, président de l’asbl. Retour sur quelques chiffres de 2016 et perspectives.

Temps de lecture : 8 min

Marc Lomba, directeur de l’Arsia, de se prêter aux jeux des statistiques 2016 au niveau de l’identification : « Dans les troupeaux bovins, on assiste à une érosion de 2 % des troupeaux actifs par rapport 2015, soit 16.635 troupeaux. Du côté des animaux, l’érosion est plus douce (1,4 %) pour 1.189.945 bovins, l’effectif moyen étant de 111 animaux par ferme. »

En termes de mouvements, le nombre de naissances suit forcément la même courbe. De 485.778 naissances en 2014 à 477.365 naissances en 2016, la tendance est claire. En ce qui concerne les sorties enregistrées dans Sanitel, l’Arsia en dénombre 446.000, parmi celles-ci quelque 100.000 bêtes sont achetées, 10.000 importées, 55.000 exportées et 62.000 enregistrées chez Rendac.

Du côté des petits ruminants, le cheptel est stable : 7.600 troupeaux ovins, 2.800 caprins. Même tendance dans le secteur porcin dans lequel on dénombre 1.562 troupeaux.

Chez les volailles, le nombre de troupeaux évolue positivement puisque l’on en compte près de 400 en 2016, soit 40 de plus qu’il y a deux ans.

M. Lomba en vient ensuite à l’autocontrôle, le deuxième volet lié l’identification. « En 2016, près de 20.000 dossiers ont été traités contre 16.000 en 2015, c’est donc une augmentation de 20 %. »

Et d’insister : « Dans le cadre du système de conseil agricole, l’Arsia compte mettre à disposition des éleveurs, via Cerise, une application qui permet d’annoncer à chaque éleveur un oubli dans le transfert d’animaux. Et ce, de façon à prévenir les retards de notification, les anomalies de traçabilité et de connaître la charge UGB/ha. »

Surveillance des maladies

En ce qui concerne la surveillance de maladie, les activités en laboratoire sont en augmentation. « Si en termes de tests, nous sommes à 1,5 million d' analyses – 300.000 de plus en un an – elles ne sont pas toutes liées à la problématique « BVD ». On a eu également une grosse activité liée à l’IBR, soit 120.000 analyses en plus que celles prévues. » Notons qu’en termes de BVD, le nombre d’analyse est identique à celui de l’année passée.

Davantage d’autopsies

Le système de ramassage de cadavre mis en place par l’asbl a enregistré quelque 5.827 animaux collectés » en 2016, soit 427 de plus que l’année précédente.

Du côté des autopsies, le directeur voit une augmentation importante des activités liées à la bactériologie et la parasitologie. « En termes de tendance de causes de mortalité, on se retrouve avec une prédominance des entérites-colites (39 %), suivies par les polysytémiques (20 %), les pneumonies (18 %), les « péritoine-ombilic » (12 %) et autres 8 %).

Notons que l’augmentation du nombre d’autopsies est surtout remarquée chez les bovins et les ovins. Ceux-ci ont été particulièrement frappés par un parasitisme multispécifique intense et omniprésent en 2016.

Du côté des broncho-pneumonies bovines qui représentent près de 25 % des causes de mortalité des animaux autopsiés, c’est trueperella pyogenes qui est en cause dans plus de 50 % des cas. M. Lomba : « La bactérie est souvent un agent surinfectant par rapport à trois bactéries importantes : Manheima haemolytica, Pasteurella multocida, Mycoplasma bovis. Celles-ci constituent un problème relativement sérieux dans bon nombre d’exploitations. »

En termes d’avortement, l’asbl observe une diminution presque systématique de la présence de tous les pathogènes liés à la problématique. « Les bactéries opportunistes se retrouvent à 26 %, les suspicions sérologiques à 11 % et les pathogènes abortif identifiés à 22 %. » Notons que 35 % des cas sont en zone sombre, ce qui signifie que l’Arsia doit encore identifier les causes infectieuses qui seraient liées aux avortements.

Autre élément relativement important, la maladie de Schmallenberg fait son retour après trois années de silence. Les infections ont principalement eu lieu entre le mois d’août et le mois d’octobre. Ce sont les primipares qui ont été généralement affectées par la maladie.

Le directeur de l’asbl en profite pour rappeler que l’application GesAvo, disponible sur Cerise, permet d’analyser les résultats d’analyse « avortement ». L’outil rend les résultats parfaitement compréhensibles et donne un diagnostic ainsi que des conseils pour la gestion des maladies présentes dans le troupeau.

Bactériologie

Du côté de la santé mammaire, l’Arsia a réalisé 20 % d’analyses bactériologiques en plus que l’année précédente. Il en ressort un nombre élevé de diagnostics de mammites à Prototheca spp. Ils étaient au nombre de 24 pour une moyenne de 3 les 5 années précédentes. À l’inverse, Streptococcus agalactiae n’a été identifié que 6 fois.

M. Lomba insiste quant au fait que près de 15 % des échantillons étaient polycontaminés, d’où l’importance de disposer d’un échantillon de qualité.

En ce qui concerne l’analyse des gastro-intestinaux, E. coli et des Cryptisporidies ont une prédominance. Les E. coli K voient leur prévalence augmenter régulièrement depuis 2013 (4,7 % des diagnostics), mais sans surprise, c’est le sérotype CS31a qui reste le plus prévalent. Il représente 32 % des E. coli isolés sur diarrhée des veaux en 2016.

Du côté de l’antibiorésistance, on remarque une diminution de 2 % de la résistance des E. Coli aux molécules critique. À l’inverse, les phénotypes BLSE et AMPC, des souches résistantes, sont en augmentation. Un élément à contrôler à l’avenir.

Une surveillance ciblée

En ce qui concerne les plans de lutte, M. Lomba en vient à la surveillance ciblée pratiquée dans le cadre de la lutte contre le BVD.

Il semblerait que le plan de lutte montre toute son efficacité après deux ans de travail, puisque le nombre de veaux au statut « IPI » nés en 2016 a diminué de 37 %. Au 31 mai 2017, il reste moins de 5 % des bovins au statut BVD Inconnu. Le taux de « non IPI » par analyse s’élève à 65 % et quelque 30 % veaux ont hérité du statut de leur mère. « Des 10 % de troupeaux avec IPI détectés il y a deux ans, il en reste 2,47 %. Si on est sur la bonne voie, il y a encore du pain sur la planche », note M. Lomba.

Notons que le pourcentage de bovins testés à l’achat est encore nettement insuffisant (21 %). La part d’animaux positive à l’achat s’élève à 0,3 %. Mais le directeur d’insister « Un nombre relativement important de fermes est recontaminé car elles achètent des bêtes pleines négatives mais dont les veaux sont positifs. Ceux-ci propagent ensuite la maladie au sein du cheptel. »

En IBR, les choses évoluent de manière très favorable puique le nombre de troupeau considéré comme indemne I3, I4 et I2d est en forte augmentation. Quelque 70 % des troupeaux sont certifiés indemnes.

En ce qui concerne la paratuberculose, une stratégie basée sur la seule élimination des positifs ne fonctionne pas. Le plan de contrôle, proposé par le Fonds Lait, indique que 40 % des troupeaux laitiers y participent. Parmi ceux-ci, 62 % sont de niveau A, ce qui signifie que leur lait présente un risque faible de présence du bacille responsable de la maladie. Dans le cadre du suivi réalisé en PCR, 17,5 % des bovins se sont avérés positifs.

En termes de néosporose, la première cause d’avortement, 65 troupeaux sont suivis. Un animal sur 5 est infecté dans les troupeaux sous suivi.

FCO et Influenza

La fièvre catarrhale ovine est à nos portes depuis tout un temps. L’infection a une grosse activité dans le centre de la France avec un cas du côté de Cambrais pour celui qui nous rapproche le plus.

« Ces contaminations ont été détectées à l’occasion de contrôles de mouvements. Il y a donc peut-être d’autres cas que nous ne connaissons pas. Le risque d’apparition en Belgique est donc réel. Dans pareil cas, nous nous retrouverions dans des zones de restriction. Pour éviter ces désagréments, la vaccination est essentielle. Il y a une forte chance que toute la Belgique soit une seule zone. Les mouvements en son sein ne seront pas problématiques en soi., à l’inverse des mouvements vers l’étranger. Tout mouvement vers l’étranger sera toutefois conditionné à une série d’éléments, dont notamment les vaccinations certifiées.

« En termes d’influenza, une série de fermes sont considérées comme étant foyer (8). Le dernier déclaré en date est à Couvin. Chacun de ceux-ci provoque des interdictions de mouvements et des zones de surveillance définies de 3 à 10 km autour des foyers. La vigilance est donc de mise. Il faut appeler le vétérinaire en cas de mortalité ou de chute de production soudaine et importante ! »

Quelques perspectives…

Si les multiples autopsies, examens bactériologiques, parasitaires sérologiques… constituent des éléments importants de la surveillance, l’Arsia encourage la gestion sanitaire du troupeau sous l’angle de la prévention pour en garantir la survie économique et lutter contre l’antibiorésistance. D’où la volonté d’un encadrement sanitaire sous la forme d’un accompagnement global et régulier des exploitations. ce service devrait voir le jour cette année qui devrait prendre la forme d’activités de formations et de visites d’élevage proposées aux professionnels du secteur. Leur seront détaillées pratiquement les méthodes pouvant être déployées pour diminuer l’incidence des maladies et donc l’usage des antibiotiques.

M. Detiffe note que la simplification administrative est également le moteur de développement de la prochaine version Sanitel résolument orientée vers l’abandon des documents physiques au profit d’un échange de données numériques. Simplification, et protection des données sont donc les maîtres mots.

Enfin, «les outils nécessaires à l’adaptation de l’élevage aux nouvelles donnes sociétales sont pratiquement tous déjà disponibles. Kits, protocoles d’avortement, plans de lutte et autres modules de gestion disponibles sur Cerise...sont autant de moyens qui permettent aux éleveurs d’évaluer et d’améliorer le niveau sanitaire de leur élevage, au profit du cheptel wallon.»

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