Accueil Archive

Ce qui nous lie

Temps de lecture : 3 min

La terre, c’est ce qui nous lie. Le travail et la passion des métiers de la terre. C’est aussi un problème du monde agricole quand il s’agit de la transmettre en héritage. Elle n’est pas toujours un facteur d’unité. C’est le sujet du film sortit en salle cet été « Ce qui nous lie ».

L’affaire se déroule en Bourgogne, dans un domaine viticole, perdu au milieu des grands crus qui font le prestige de cette région. Le cinéaste, C. Klapisch, est de la région parisienne et spécialiste de la jeunesse d’aujourd’hui. Un peu comme pour le feuilleton télévisé « Le sang de la vigne », il nous fait l’honneur de prendre le monde agricole, viticole, comme décor.

C’est sympa, et cela vaut le détour. Deux frères et une sœur se retrouvent au décès du père. L’un d’eux revient après avoir fait le tour du monde pendant 10 ans. Le cinéaste explore leurs caractères et leurs comportements dans le contexte de cet héritage. Il met en valeur leur amour de la terre. C’est la terre qui va leur permettre de s’unir à nouveau. Le cinéaste jongle avec les « flash-back » et réussit à susciter l’empathie du spectateur pour ces héros ordinaires et pour l’agriculture en général. La nature, au fil des quatre saisons, est superbe. Le travail est valorisé, et la fin des vendanges est vécue comme un hymne à l’amitié. C’est beau, c’est touchant, plutôt naïf, mais cela fait du bien.

Évidemment, pour les besoins du film, les simplismes utilisés font sourire ceux qui connaissent un peu la musique. Il y a les bons d’un côté, et les mauvais qui les menacent.

Ainsi, les jeunes doivent se battre pour payer les droits de succession, face aux voisins qui lorgnent la bonne affaire à reprendre si la fratrie se désunit. Vendre une parcelle pour payer ces droits serait une solution, et sous-tend le scénario. Pour les besoins du film, on n’évoque pas l’idée que les banques pourraient aisément prêter 10 % de la valeur du domaine, lequel vaudrait 6 millions d’euros.

On explore les secrets du vin à travers la complexité de nombreuses dégustations, mais toujours en famille, jamais devant les clients, ce qui ferait beaucoup trop commercial.

Par contre, le film l’est sans doute quand il fait apparaître d’un seul coup le domaine en « Biodynamie » comme une évidence, sans jamais aborder les questions que cela peut soulever. Le producteur voisin est balourd, voleur de raisins, et trône comme un cosmonaute sur son pulvérisateur qui s’apprête à arroser un enfant…

En face, chez nos amis, on asperge la vigne, un peu comme aux rogations, avec une préparation régénératrice, mobilisatrice des forces cosmiques, et le tour est joué.

Ceci dit, il serait intéressant de voir un jour un cinéaste de talent traiter, à charge et à décharge, un débat sur les méthodes de culture. Le bio ? un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout. Et le conventionnel ? intensif ou écologiquement intensif. Une certitude : ce serait un bide commercial. Le public demande du sentiment, pas du raisonnement.

JMP

La Une

Voir plus d'articles
Le choix des lecteurs