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Une calamité pour nos poireaux

Temps de lecture : 3 min

Quand un jardinier rencontre un autre jardinier, de quoi parlent-ils ? Peut-être de leur dépit face aux dégâts de la mouche mineuse des alliacées dans leurs poireaux ? Le Sillon Belge s’est déjà intéressé à ce ravageur dans ses éditions des 20 mai 2016 et 16 juin 2017.

Sérieux dommages

Les dégâts peuvent être très importants. Les fûts des poireaux sont déformés. À la récolte, en enlevant les tuniques extérieures pour les parer, nous constatons la présence de pupes de cette mouche et les déformations qui l’accompagnent.

Les fûts éclatent ou se déforment, les galeries creusées par les larves sont des lieux de pourritures ou de modification de la couleur et de la texture de la chair du légume.

Devant l’ampleur des pertes, les jardiniers s’interrogent sur l’opportunité d’encore planter des poireaux au potager.

À part cette solution radicale que nous ne partageons pas, aucune méthode n’est efficace à 100 % seule. Plusieurs techniques peuvent se combiner pour obtenir une production acceptable.

Les filets anti-insectes sont disponibles. Leur efficacité dépend du soin mis pour le placer et l’arrimer et sur le choix des périodes de protection.

La ciboulette jeune est très attractive pour ce ravageur. En installant des potées de ciboulette de part et d’autre de la parcelle de poireaux, on peut espérer que les pontes se feront préférentiellement sur la ciboulette. Encore faut-il que les larves et puis les pupes issues de ces pontes ne puissent pas terminer leur cycle dans notre jardin. Il conviendra donc de sacrifier les potées de ciboulette en les détruisant.

De la ponte à l’adulte

Il y a deux périodes de pontes par an. La première se situe en avril. Nous pouvons difficilement repérer la présence de l’adulte femelle pendant la ponte. Par contre, nous pouvons observer sur les feuilles d’alliacées (dont le poireau et la ciboulette) les piqûres de nutritions des adultes signifiant que la ponte est imminente. Des œufs éclosent des larves qui vont pénétrer dans l’épaisseur d’une feuille et vont creuser une galerie descendante jusqu’à la base de la plante. À la fin de leur développement, les larves vont se transformer en pupes. Elles resteront à ce stade jusqu’à la fin de l’été.

À partir de la mi-août, les pupes donneront des adultes. Ceux-ci s’envoleront pour la rencontre nuptiale et la ponte suivra. Celle-ci contaminera les poireaux à moins qu’un filet placé hermétiquement ne les protège. À moins également que le choix des femelles ne se dirige vers une plante plus attractive à proximité.

En abandonnant au sol les poireaux contaminés, nous permettons aux pupes de terminer leur cycle et se transformer en adultes sur notre propre terrain. Il faut donc éliminer les déchets (poules,.). Si nous repérons des galeries fraîchement creusées dans la partie supérieure des feuilles de poireaux, nous pouvons les couper et les évacuer, le cycle de la mouche sera interrompu.

Si nous n’avons plus du tout de feuillage réceptif d’alliacées au printemps, le cycle s’interrompt également. Si c’est possible en poireaux, c’est plus compliqué et contraignant pour les échalotes, les oignons et la ciboulette. Et la mouche adulte n’a pas loin à voler depuis un potager voisin.

Nous espérons que des auxiliaires capables de réduire les populations de cette mouche mineuse pourront se développer dans nos régions qu’elle a envahies il y a une dizaine d’années en venant de l’Est de l’Europe via la France. C’est la piste privilégiée par les professionnels de la recherche appliquée.

La Une

Lutte finale

Voix de la terre Le 17 avril 1996, dix-neuf paysans de la MST (mouvement des travailleurs ruraux sans terre) furent assassinés au Brésil par des tueurs à la solde de gros propriétaires terriens. Depuis cette date, le 17 avril est marqué d’une pierre noire et institué « Journée Mondiale des Luttes Paysannes ». Lutte contre qui ? Lutte contre quoi ? Les manifestations agricoles de ces derniers mois ont secoué vigoureusement les cocotiers de l’Union Européenne, des ministères régionaux et fédéral belges, sans qu’il tombe grand-chose dans les paniers des paysans. À quand donc la lutte finale, la Der des Ders ?
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