comment faire le bon choix ?
sur ce marché particulier qu’est celui des agrochargeuses. À notre tour, nous nous y sommes intéressés en vue d’identifier les points forts et faibles de ces machines ainsi que les questions
à se poser avant l’acquisition d’un tel matériel.
Pour en savoir plus sur ces engins, nous avons rencontré un expert du domaine, Gregor Grootjans, product specialist chez JCB Benelux. Disposant d’une grande expérience dans le secteur, Gregor est un homme de terrain, passant aussi facilement du fauteuil de son bureau à celui d’une machine. En outre, il se rend régulièrement chez le constructeur en Angleterre, notamment pour participer au développement de nouveaux concepts ou de nouvelles machines.
Il date le début du marché des agrochargeuses dans notre pays à la première moitié des années ’80. À l’époque, la plupart des machines vendues étaient issues du génie civil et leur adaptation au secteur agricole se résumait simplement à la monte de pneumatiques au profil agraire.
Aujourd’hui, la technologie a évolué, en même temps que les attentes des utilisateurs, et la donne a changé. Le volume des ventes est en croissance.
La présence de plusieurs constructeurs sur ce marché spécifique est en soit une bonne chose car elle crée une forme d’émulation commerciale et peut être source de développement de nouvelles solutions technologiques plus performantes.
D’emblée, Gregor prévient : attention, le choix d’une agrochargeuse ne s’improvise pas ! Il doit être le fruit d’une réflexion approfondie. Les détracteurs de ces machines leur trouvent souvent comme défauts un prix d’achat élevé, une faible hauteur de levage, un poids excessif ou encore un gabarit conséquent.
En ce qui concerne le prix, s’il est plus élevé que celui d’un tracteur ou d’un télescopique, il peut être vite amorti si le volume de travail annuel est présent. Et en ce qui concerne les autres défauts, choisir la machine optimale permet de les atténuer, voire de les gommer. Pour ce faire, plusieurs questions doivent être posées pour éviter les déconvenues. Il ne faut par ailleurs pas hésiter à comparer les différents matériels sous tous les angles : conception, motorisation, transmission, cinématique de levage, maniabilité, visibilité, performances, confort, sécurité…
Pour quelle utilisation ?
La première question fondamentale à se poser est de déterminer avec le plus d’exactitude possible l’utilisation prévue de la chargeuse. Sera-t-elle utilisée uniquement pour des tâches agricoles ? Ou participera-t-elle aussi à des chantiers de construction ou de génie civil ? Si oui, quelle sera la proportion de travaux agricoles et de travaux de génie civil ?
Ces interrogations sont cruciales et leurs réponses influencent fortement le choix de la machine. En effet, les exigences de travail entre ces deux mondes sont très différentes, raison pour laquelle une chargeuse sur pneus industrielle ne donnera pas entière satisfaction en agriculture et vice-versa.
De manière générale, les applications agricoles requièrent davantage de puissance et de couple que les travaux industriels. Le couple est par exemple important pour démarrer au pied d’un silo et pousser un gros volume de matière tout en franchissant une pente raide. L’acheteur doit donc être vigilant par rapport à la motorisation du véhicule mais aussi par rapport à sa conception.
Certains modèles sur le marché ont été spécifiquement conçus pour l’agriculture, alors que d’autres sont des versions industrielles qui ont été rendues compatibles avec une utilisation agricole par des adaptations plus ou moins poussées. Il est important de s’assurer que le choix posé restera satisfaisant par rapport à l’utilisation envisagée.
Transmission hydrostatique ou mécanique ?
Au niveau de la transmission également, des différences existent et sont assez marquées. Trois grands types de transmissions existent sur le marché actuel : des transmissions hydrostatiques, des transmissions mécaniques, ou des transmissions combinant une partie hydrostatique et une partie mécanique pour offrir le comportement d’une variation continue de la vitesse. Que penser de ces transmissions ?
La transmission hydrostatique est réputée fiable, se révèle efficace au travail et délivre de bonnes performances. Toutefois, elle éprouve généralement des difficultés lors des trajets routiers ou des franchissements de pentes importantes et longues, lors desquels elle peut avoir tendance à perdre de la vitesse mais aussi à s’échauffer.
Les constructeurs proposant ces transmissions veillent à limiter ces défauts par l’exploitation optimale de ses plages de fonctionnement mais aussi par l’utilisation de systèmes de boost, et à la doter d’une capacité de refroidissement adéquate.
La seconde solution, celle de la boîte mécanique, offre l’avantage d’un lien mécanique entre le moteur et les roues. Ses performances restent constantes quelles que soient les conditions rencontrées et elle est moins sujette à l’échauffement. La plupart des boîtes mécaniques sont de type PowerShift ; elles autorisent donc le passage des vitesses sous charge.
Les boîtes mécaniques peuvent être très différentes, notamment en ce qui concerne l’étagement des vitesses ou le nombre de rapports. Alors qu’une chargeuse industrielle dispose généralement de 4 rapports, une agrochargeuse peut recevoir une boîte à 5, voire 6 vitesses. Le fait de disposer de plus de rapports permet de sélectionner celui qui est le plus opportun pour le travail du moment, les conditions étant très différentes selon que la chargeuse évolue sur un silo, charge des céréales sur un carreau bétonné ou manutentionne du fumier dans un champ boueux.
Des rapports courts peuvent aussi avoir un intérêt dans le sens où ils rendent possible une réduction de consommation grâce à l’exploitation de régimes moteur moindres pour des performances identiques.
Enfin, la troisième possibilité de transmission procure plus de souplesse et de confort d’utilisation, tout en garantissant une capacité de poussée continue.
Les agrochargeuses sont pour la plupart dotées d’un convertisseur de couple. Cet organe de transmission par fluide a la faculté, lors de sa phase d’accélération, d’augmenter le couple disponible. Toutefois, à régime de rotation élevé et stable, il engendre des pertes par glissement de ses composants l’un sur l’autre.
Ces déperditions causent une surconsommation de carburant associée au maintien d’un régime moteur élevé et font perdre de la vitesse au véhicule. C’est la raison pour laquelle des solutions de verrouillage sont proposées. Certaines marques disposent d’un verrouillage actif sur certains rapports de la transmission, tandis que, pour d’autres, le verrouillage du convertisseur de couple peut être activé sur toutes les vitesses.
Au niveau du blocage du différentiel également, les propositions des constructeurs diffèrent : des chargeuses sont dotées d’un différentiel à glissement limité alors que d’autres bénéficient d’un blocage complet, souvent autobloquant.
Un différentiel à glissement limité peut générer des contraintes mécaniques dans les virages sur des surfaces dures. Le différentiel autobloquant à 100 % assurera un maximum de traction en ligne droite et se débloquera automatiquement dans les courbes.
De nouveau, le choix posé dépendra de l’utilisation de la machine (garder un différentiel bloqué pour tasser du maïs ne pose généralement pas problème, même lorsque la machine évolue en position braquée, car la matière se dérobe sous les roues).
Analyser en détail les performances
Après avoir abordé la question de l’usage prévu et des solutions techniques inhérentes, le second élément de réflexion consiste à définir le tonnage du véhicule. La réponse n’est pas toujours évidente car si le poids est sans conteste un allié pour tasser un silo ou avoir de l’adhérence, il peut aussi constituer un désavantage dans le cadre de la préservation des sols quand la chargeuse évolue dans les parcelles.
Le succès des agrochargeuses pour la confection des silos tient résolument dans leur productivité et les rapports de puissance et de poids bien plus importants que ceux des autres engins pouvant être employés à cette fin. Mais un autre paramètre est tout aussi prépondérant : la répartition des masses. En effet, à titre d’exemple, la répartition des masses sur un tracteur conventionnel à vide est d’environ 60 % sur l’essieu arrière. Ce pourcentage s’accroît encore bien plus lorsqu’une lame de poussée est attelée sur le relevage arrière du tracteur, déséquilibrant ainsi cette répartition des masses sur les deux essieux. Au contraire, les masses sont correctement distribuées sur les quatre roues d’une agrochargeuse.
Les performances sont bien entendu à analyser sous toutes les coutures également : capacités de levage, portée vers l’avant, hauteur de déchargement… Il est à noter que les 6 constructeurs figurant dans la seconde partie de ce dossier, à découvrir en août, proposent tous en option des bras plus longs que les bras standards. Ils peuvent se révéler intéressants pour les applications nécessitant une hauteur de déchargement plus importante.
En ce qui concerne les performances, Gr