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En plein air ou sous tunnel, une culture en évolution

Les techniques de culture de la mâche se sont fortement

modifiées sur les trente dernières années pour s’adapter

aux conditions technico-économiques de la production.

Temps de lecture : 6 min

On trouve aujourd’hui sur le marché des produits de grande qualité de présentation. L’emploi de produits herbicides a également été complètement revu par la profession. Afin de s’en affranchir, on préfère pratiquer la culture en mottes à planter ou le semis en place sur sol à très faible population d’adventices. Enfin, les cultures de plein air et sous chenilles ont été progressivement abandonnées au profit des cultures protégées sont tunnels maraîchers et cultures sous ombrages pour l’été.

Toute l’année

La mâche agrémente traditionnellement la 4e gamme, de septembre à juin. Mais, aujourd’hui, on la trouve aussi en période estivale, cultivée avec ombrage partiel et dans des exploitations hautement spécialisées. Les fermes maraîchères diversifiées fournissent quant à elles le commerce de proximité avec un produit frais qui reste très apprécié de l’automne au milieu du printemps.

Récoltée en hiver

La bonne résistance aux températures basses amène à récolter cette culture en hiver. Deux groupes de variétés se sont développés, l’un, plus productif par sa bonne croissance aux températures basses comme dans le nord de l’Europe, l’autre à croissance moins rapide et sélectionné dans les régions plus au sud. Le groupe à croissance plus rapide forme des feuilles longues et larges de couleur vert moyen dont le type « à feuilles larges de Hollande ». Le groupe à croissance moins rapide forme des rosettes compactes de feuilles de couleur vert foncé dont le type « à cœur dense vert foncé ». Dans chacun de ces groupes nous trouvons diverses variétés commerciales pour la culture en plein air et sous abris.

Aspects technico-économiques

Une particularité de la mâche est que le principal coût de production est constitué des frais de récolte. Si les prix sont trop bas, le maraîcher peut facilement abandonner la culture et en faire un engrais vert.

La place dans la rotation est celle d’une culture intermédiaire ou d’une culture dérobée.

Vu la rentabilité parfois limitée des cultures estivales classiques sous serre, il y a un intérêt pour la mâche cultivée sous serres maraîchères blanchies.

La rotation

Dans les fermes maraîchères diversifiées, la rotation de trois ans est facilement respectée, vu les surfaces en jeu. Dans les établissements spécialisés, la désinfection (vapeur) permet la maîtrise de l’enherbement et de maladies transmises par le sol.

Le sol

Les meilleurs sols pour la mâche sont ceux au drainage favorable, c’est-à-dire ceux qui permettent d’apporter de l’eau d’irrigation pour favoriser une croissance soutenue et qui se drainent facilement pour éliminer l’eau en excès et éviter ainsi l’asphyxie des racines.

Sur ces sols-là, nous ne préparons le lit de semis par des travaux aratoires très superficiels. Un sol bien ferme et appuyé et en tout cas non foisonné convient le mieux.

Chaque fois que c’est possible, nous réalisons de faux semis pour réduire les populations d’adventices à cycle court comme le mouron blanc, les galinsoges et le pâturin annuel.

Le semis

Les semences de première année après récolte lèvent mal, celles de 2e jannée à la 5e année ne posent pas de problème.

Le choix variétal se porte alors sur des variétés comme les classiques Calasari et Pulsar et d’autres comme Agathe, Audace, Etap, Favor, Festival, Palace, Vit et bien d’autres. La densité de semis peut être augmentée en écartant les lignes de 8 cm et en semant dans la ligne à 3 ou 3,5 cm entre graines. Les qualités attendues sont la résistance aux maladies, la couleur du feuillage, la précocité.

Le semis en place est utilisé en plein air et sous tunnel dans les fermes non spécialisées. Le plant en motte se généralise plus ou moins partout, même s’il revient plus cher. Les lignes sont généralement distantes de 15 cm pour permettre une certaine aération des plantes dans les fermes où l’espace sous serre est suffisant. Lorsque les surfaces sous serre sont limitées en hiver, nous passons à un écartement de 8 cm entre lignes.

Pour les semis directs, les graines sont enfouies de 1 cm et bien plombée (roue plombeuse derrière le soc semeur ou roulage de la surface).

Le semis en planches de 1,35 à 1,5 m d’axe en axe est commode pour l’entretien et les récoltes. Lors de plantation en mottes, les essais récents permettent de tendre vers une augmentation de la population finale, les risques de pertes par jaunissement des feuilles de la base étant moins importants. Nous tendons vers un semis de 400 graines/m².

Production de plants

Le semis en mini-mottes est réalisé en prévoyant 5 à 6 graines par mini-motte. Nous plantons une trentaine de mottes/m², avec une fourchette pratique de 27 à 45 /m². La récolte peut varier de 0,8 à 1,5 kg/m² lorsque la culture est réussie.

Sensibilité à la température

La germination se passe au mieux dans la fourchette de température du sol de 12 à 16ºC. Au-delà de 20ºC, la germination est capricieuse ; en culture estivale, les bassinages et l’ombrage permettent d’améliorer la situation.

Début avril, dès que les températures remontent, la mâche tend à monter à graines, les variétés récentes sont nettement meilleures pour ce critère.

La résistance de la plante au froid est un facteur variétal et est meilleure encore pour les plantes qui ne sont pas encore à maturité.

La fumure

Les exportations de minéraux lors de la récolte sont faibles. Nous pouvons estimer qu’avec un rendement de 1 kg de mâche par m², les exportations sont de l’ordre de 40 unités d’N, 22 de P2O5, 65 de K2O et 18 de MgO.

En plein air

Dans les fermes maraîchères très diversifiées, le semis en place est encore pratiqué. Il est économique mais l’enherbement est un souci. Après une récolte laissant le sol libre, nous pouvons semer en place à partir de mi-août à mi-septembre pour récolter 35 à 55 jours plus tard.

Sous tunnel maraîcher

La mâche est cultivée en tunnels maraîchers, mais elle est en concurrence d’occupation de sol avec d’autres cultures possibles en hiver. Le choix de l’élevage en motte permet de réduire le temps net en serre de production tout en facilitant la question du désherbage.

Soins à la culture

Irrigation par aspersion ou brumisation maintiennent la culture en croissance en continu, nous apportons au maximum 15 ou 20 mm par tour d’eau. Les apports répétés et fréquents d’eau sont requis pour un bon développement de la culture. Il faut proscrire les apports massifs qui provoquent une stagnation d’eau en surface et favorisent les maladies.

Binages, désherbages

Les binages permettent dans une certaine mesure de limiter l’enherbement.

Napropamide (Devrinol, Naproguard) est homologué sur mâche de plein air à raison d’une seule application par 12 mois, en pré-émergence. Dazomet est homologué également, dans une logique de rotation. (Voir www.fytoweb.be).

La récolte

La récolte est décidée alors que les rosettes sont bien développées mais que les feuilles de la base n’ont pas commencé à jaunir : c’est un compromis entre le rendement et le temps nécessaire pour la récolte.

Les barquettes de 100 g sont groupées en colis de 2 kg par exemple. La mâche est vendue lavée et parée, mais en vente directe, le lavage n’estx pas systématique.

Nous pouvons tabler sur une récolte de 0,5 à 1,0 kg/m² en frais et en culture sous abris, moins en plein air. Mais ce qui compte vraiment, c’est le poids récolté par heure de travail. Comme ordre de grandeur, nous pouvons considérer que 10 kg récolté et paré par heure et par personne est un beau résultat. La culture peut être conduite sur NFT, la récolte peut être mécanisée, notamment pour approvisionner la 4e gamme. Mais dans la grande majorité de nos fermes maraîchères wallonnes, elle est cultivée en pleine terre, sous abris ou non, et est récoltée manuellement.

La mâche peut souffrir de différentes maladies ou ravageurs, nous y reviendrons ultérieurement.

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