Accueil Archive

Traire à 300

à l’heure

La famille Van Overbeek a construit, l’an dernier, à Zeewolde, dans le Flevoland, aux Pays-Bas, l’une des étables à logettes les plus modernes du Benelux. Toute partie d’étable ou d’équipement a été pensée et réfléchie pour faciliter le travail, tout en faisant attention à l’économie d’énergie.

Temps de lecture : 9 min

Zeewolde se situe à quelque 55 km au nord-est d’Amsterdam, dans le Flevoland, un polder qui a été asséché au 20e siècle. Le Flevoland est situé sous le niveau de la mer et il est la douzième province des Pays-Bas, sa capitale est Lelystad.

La conception de l’étable de la famille Van Overbeek est en grande partie l’œuvre de la famille elle-même, avec l’aide d’un architecte. Mais auparavant, ils ont voyagé pour voir d’autres bâtiments, mais aussi pour rencontrer d’autres producteurs laitiers, notamment des Belges et des Allemands. Le résultat : l’étable fait 154 m de long et 62,5 m de large. En réalité, on peut dire qu’il s’agit de deux bâtiments accolés, sans quoi le faîte aurait été très haut.

M. Van Overbeek : « Pour le moment, nous avons 600 vaches laitières et 500 têtes de jeune bétail. Nous allons progressivement vers 1.000 vaches et 800 jeunes bêtes. Le jeune bétail sera logé dans l’une des anciennes étables.

Le pis séché après la traite

La nouvelle étable à logettes est divisée selon une disposition de 2+4+2 rangées. Avec des barrières, il est possible d’enfermer les vaches dans la partie du caillebotis juste derrière le cornadis. M. Van Overbeek : « Nous voulons que les vaches restent debout pendant trois quarts d’heure. Ainsi, les pis ont le temps de sécher après la traite. Cela nous donne aussi du temps en suffisance pour pailler les logettes. Un autre avantage, les vaches peuvent toutes manger en même temps. »

La litière des logettes

Pour la litière des logettes, la famille a opté pour la fraction solide du lisier, après passage du lisier au séparateur de phases. Une des raisons avancées par l’éleveur pour choisir cette litière peu conventionnelle, c’est que la fraction solide est douce pour les vaches, et elle est également bonne pour les onglons. Toutefois, il reconnaît : « On doit faire attention à la ventilation, la litière doit rester bien sèche. Un régulateur d’ambiance agit sur le système de ventilation pour assurer une ventilation optimale. »

Il arrive cependant qu’à certains moments de l’année, il faille choisir un autre type de litière. La décision est prise après inspection de ce qui est nécessaire sur le moment même.

Passage transversal

Ce qui est particulier à cette étable, c’est le large couloir central au milieu de l’étable. Ce passage transversal est divisé en deux allées, l’une de 2 m de large, l’autre de 6 m. La première allée, c’est le retour de la salle de traite ; la deuxième, c’est pour y aller. Les deux allées sont séparées par un pont en trois parties au niveau du couloir d’alimentation. « L’objectif est d’obtenir un trafic des vaches qui soit fluide, aussi bien après qu’avant la traite. La salle d’attente mesure 50 m sur 10,5 m, c’est important pour parvenir à une capacité de traite élevée. »

A 300 à l’heure

Le pont en trois parties est ouvert pendant la traite. L’objectif est double : servir de séparation entre les vaches à traire et les vaches traites, mais aussi servir pour le couloir d’alimentation. Il est pratiquement impossible que les vaches arrivent dans le couloir d’alimentation. En se simplifiant la vie, M. Van Overbeek espère atteindre la capacité de traite de 300 vaches par heure.

Le lisier

L’éleveur a prévu le stockage sous l’étable pour avoir une gestion optimale du lisier. La fosse à lisier est divisée en trois parties : une partie à l’avant du couloir centrale, une autre à l’arrière et la troisième sous le couloir central. Les fosses avant et arrière ont une profondeur de 2 m, la fosse sous le couloir central a 2,5 m de profondeur. Le lisier va donc s’écouler vers la fosse sous le couloir central. M. Van Overbeek : « Nous avons en outre plus de 20 trappes. On peut ainsi isoler ou non le lisier dans chaque couloir et l’empêcher ou non de s’écouler vers la fosse centrale. On peut faire passer le lisier de l’ensemble de l’étable vers le couloir central et le faire parvenir finalement au séparateur de phases. On peut aussi très facilement écarter le lisier de certains groupes du couloir central. »

Séparateur de phases

C’est de la fosse centrale que le lisier est dirigé vers le séparateur de phases. Celui-ci est fixé sous couvert à un côté de l’étable. La fraction solide tombe sur un béton. Elle est récupérée par un chargeur sur pneu pour le paillage des logettes. Le chargeur passe via le couloir central. Il y a peu de manipulations pour effectuer tout le paillage. Quant à la fraction liquide, elle peut être renvoyée vers l’une ou l’autre partie des différentes fosses. Plusieurs conduites ont été prévues.

Caillebotis à faibles émissions

Aux Pays-Bas, comme en Flandre, les permis de bâtir ne sont délivrés que si les étables sont dotées de caillebotis à faibles émissions de gaz, spécialement d’ammoniac. Il s’agit d’une législation européenne.

La famille a installé toutes les sortes possibles de caillebotis à faibles émissions. «Là ou le racloir ne passe pas, on a placé le type G3 qui a une fente tous les 25 cm et qui reste relativement propre sans beaucoup de travail. Là où le racloir passe entre 2 rangées de logettes, il y a une fente tous les 85 cm (type G2.2). Derrière le cornadis, là où n’arrive aucun reste venant des logettes, le raclage est le plus facile. Le caillebotis n’a alors qu’une fente tous les 1,70 m (type G2).»

Tous les caillebotis sont équipés d’un clapet pour réduire les émissions. Enfin, un dispositif a été prévu pour que tout le lisier raclé tombe dans la fosse en fin de raclage.

Pour le mélange du lisier, l’eleveur a opté pour des mixers électriques. C’est plus pratique lorsqu’il faut mélanger assez souvent.

Toujours un peu d’humidité

Le producteur laitier n’a pas opté pour les robots de traite parce qu’il estime que c’est trop compliqué avec de longs couloirs, en outre subsiste la question de la litière. Il y a aussi la question des caillebotis à faibles émissions. Il a opté pour une installation à chaîne qui est solide et apte à un travail de longue durée en toute sécurité. Il fait remarquer qu’en général, un caillebotis à faibles émissions fonctionne d’autant mieux qu’il est difficile à racler. En été, lorsque les bouses sèchent un peu trop vite, il est parfois nécessaire d’humidifier les caillebotis. Il suffit d’un peu d’humidité pour rendre le caillebotis humide. Il espère qu’il ne faudra pas le faire souvent.

L’installation de la famille Van Overbeek satisfait aux exigences de la MDV, association qui détermine les règles d’un élevage durable. Grâce à quoi il est possible de bénéficier de mesures fiscales plus favorables. Il en a profité pour prévoir le système de pulvérisation ainsi que la disposition de 2+4+2 rangées qui assure plus de surface de parcours par animal.

Le carrousel

Le carrousel est un GEA 80-stands side-by-side AutoRotor Performer. La famille avait déjà un carrousel de la même marque dans l’étable précédente, et elle en était satisfaite, d’autant que le concessionnaire de la marque habite non loin. « La construction est solide et, en plus, il y a le bras PosiForm. Ce bras permet de placer les griffes de traite à la position parfaite sous la vache. En outre, c’est lui qui assure la dépose de la griffe et qui la place sous la plateforme, là où se font l’entrée des vaches à traire et la sortie des laitières. » Le producteur en a vu en Belgique, mais ce doit être rare dans tout le Benelux. Autre possibilité assez unique, il peut suivre, via l’ordinateur, la courbe de lactation de chaque vache. La production laitière individuelle peut donc être jugée et, si nécessaire, être optimalisée.

Parties amovibles

Le bord, à l’arrière de la plateforme où se logent les vaches pour la traite, va un peu vers l’avant. M. Van Overbeek : « C’est avantageux pour la solidité de l’ensemble, mais il y a aussi le fait que le compteur de lait est positionné à une place plus propre. Il y a aussi un creux, pour la prise d’échantillons, à la fin du cercle. Ainsi, on peut échantillonner à hauteur de travail. » Une gouttière à lisier est prévue pour les 15 dernières stalles, toujours dans le but de travailler de façon hygiénique, et aussi pour la prise d’échantillons. Plusieurs parties amovibles sont prévues, la première démarre à l’entrée des vaches, pour le trayeur qui prépare la traite.

La deuxième partie amovible se situe cinq mètres plus loin. C’est là que les griffes sont posées. « De cette manière, c’est toujours à peu près le même temps entre la préparation et la pose de la griffe. La vache va plus facilement lâcher son lait et la traite va se dérouler de façon optimale », dit le producteur laitier. La présence d’un tunnel sous l’entrée et la sortie des vaches constitue une autre facilité de ce carrousel. On peut ainsi en faire le tour rapidement. M. Van Overbeek : « Grâce au tunnel, on peut sans problème aller à l’intérieur de la machine à traire. C’est facile pour le nettoyage et les travaux d’entretien.»

Refroidissement en deux phases

La salle des machines se trouve en sous-sol, près du carrousel. On y trouve notamment un ballon d’eau alimenté par la conduite d’eau. Cette eau va vers la première partie du pré-refroidisseur situé devant les tanks à lait verticaux. Le pré-refroidisseur est divisé en deux parties : la première partie alimentée par l’eau, la deuxième par du glycol. M. Van Overbeek : « L’eau effectue le premier refroidissement. La température du lait baisse jusqu’à 15 à 20°C, le glycol assure un refroidissement supplémentaire jusqu’à 5 à 10°C. » Sans l’appareillage de pré-refroidissement, il serait sans doute impossible de refroidir tout le lait en temps utile.

A côté du ballon d’eau, on trouve notamment trois pompes à vide et diverses autres machines. Les pompes à vide sont soumises à des variateurs de fréquence pour limiter la consommation électrique, sans altération de la qualité de la traite.

Deux éoliennes

L’étable est très bien isolée et conçue pour résister au feu. Les portes sont également de type coupe-feu. Au sud-ouest, on distingue 1.100 panneaux photovoltaïques ayant une puissance totale de 300 kWcrête (KWc). Il y a également deux éoliennes. Le Flevoland est plat et proche de la mer. Le rendement des éoliennes est excellent. L’éleveur utilise une partie de l’électricité photovoltaïque, le surplus est envoyé sur le réseau. Quant à l’énergie produite par les éoliennes, elle part directement vers le réseau.

La production électrique n’empêche pas la famille de viser l’économie. Dans l’étable, il y a trois rangées de lampes Led dirigées par ordinateur. Les lampes sont dimmables. En hiver, elles s’allument assez faiblement pour assurer un éclairage suffisant, plus fort, si nécessaire, s’il y a des nuages ou s’il faut raccourcir la nuit.

D’après D.A.C. Van Doorn

La Une

Voir plus d'articles
Le choix des lecteurs