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L’avenir de nos fermes et l’agriculture wallonne en jeu

Temps de lecture : 4 min

Je voudrais faire part à mes collègues agriculteurs de ma motivation pour le projet de sucrerie coopérative à Seneffe.

Que chacun d’entre nous se mobilise est primordial pour l’agriculture wallonne et pour chacune de nos fermes. La betterave fait partie des têtes d’assolement et sans elle, nous serons encore plus à la merci des industriels qui dicteront leurs lois.

Voici, selon moi, quelques points positifs de ce projet :

a) Un meilleur prix pour nos betteraves car la marge du producteur sera pour le planteur. Nous aurons une usine dernier cri au point de vue technologique et cela permettra une diminution drastique des coûts énergétiques. Cette usine aura le coût de transformation de la betterave à sucre le moins élevé du monde. C’est une certitude car la compétence de De Smet (une usine sur deux dans le monde est construite par De Smet) est confirmée par les clients récents. De Smet est un gage de sécurité et de réussite qui rassure même les banques. Le passé l’a prouvé, quand De Smet donne des chiffres de faisabilité, ils se sont toujours avérés juste !

b) Le risque est aujourd’hui très limité : soit on récupère sa mise, soit on vend mieux nos betteraves.

c) Les hectares de betteraves supplémentaires emblavés par certains déjà convaincus feront pression sur les prix des autres cultures.

d) En Belgique, Sudzucker pourrait fermer du jour au lendemain, comme elle vient de le faire dans d’autres pays. Avec Seneffe, on a une production garantie dans l’avenir.

e) Pour les agriculteurs proches de la pension ou qui n’ont pas de successeur, ce projet amènera une plus-value à la ferme. (Comme dans le passé sous l’ère quota).

f) Les campagnes seront plus courtes, et pour ceux qui livrent tôt, il y aura une prime qui compensera réellement le manque à gagner. On a besoin de tout le monde, c’est pourquoi, qu’on soit proche ou éloigné du lien de transformation, le trajet sera mutualisé.

Voici encore quelques pistes de réflexions :

– Il est vrai que le marché du sucre est morose, mais malgré tout ce qu’on entend, la consommation du sucre mondial croit de 2 % par an. C’est un fait ! Que le marché soit bon ou mauvais, avec Seneffe, ou aura toujours plus qu’avec nos sucreries belges historiques.

– Sudzucker a fermé deux usines en France (bonnes régions betteravières), mais aussi en Allemagne et dans d’autres pays. Malgré une lettre envoyée aux agriculteurs belges stipulant qu’il ne fermait pas son outil de production en Belgique, le groupe ne s’est pas engagé à continuer la betterave en Belgique pour du moyen ou long terme. On n’a aucune sécurité ! Avec la coopérative de Seneffe, nous sommes sûrs de produire pour du long terme. Sudzucker est dirigé par des actionnaires Allemand, et nous ne sommes que des pions pour eux. (Allez demander aux planteurs français dont on ferme les usines ce qu’ils en pensent).

– Cela fait deux ans qu’Iscal paye nettement mieux que la RT. Est-on défavorisé ? Certains disent que le groupe vend son sucre peu cher à ses filiales (sur base de quoi le planteur belge est sous-payé) et qu’il serait ensuite revendu plus cher. Si ces faits sont avérés, c’est un scandale.

– Les tonnes excédentaires au contrat sont payées à 75 % du prix alors que l’on sait que plus longtemps l’usine tourne, plus elle est rentable. C’est scandaleux !

L’heure est donc historique, On nous laisse une seconde chance, il n’y en aura pas d’autres. Chacun a la responsabilité de faire son maximum pour l’avenir de sa ferme et de l’agriculture wallonne. Il est temps de montrer que le fermier peut être un acteur organisé et responsable. Il ne manque que 3 parts par coopérateur.

On ne peut pas attendre des non-convaincus qu’ils changent d’avis. Mais si vous êtes convaincus comme moi de l’urgence de la situation, rehaussez votre engagement et transmettez le message à vos amis betteraviers.

Vous savez ce qui vous reste à faire avant le 29 mars.

Bon à savoir : Une coopérative Hollandaise « Cosun » appartenant aux fermiers paye plus de 30€/t à 16º de betteraves pour la récolte 2018. Si eux y arrivent, Seneffe, avec un outil plus performant, y arrivera aussi.

Un agriculteur namurois

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