Du trèfle violet pour améliorer la qualité des œufs
Le choix des espèces végétales dans les parcours des poules pondeuses peut améliorer la qualité des œufs. Le trèfle violet, par exemple permet d’augmenter les quantités d’équol dans les œufs, une molécule intéressante pour ses propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires. Victoria Tosar, doctorante à l’UCL, nous résume les recherches qu’elle a menées à ce sujet à l’Unité de Productions animales du CRA-W à Gembloux.
Par : Le Sillon Belge
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L’équol est une molécule particulièrement intéressante pour l’homme car elle présente des propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires et a un impact positif sur les symptômes liés à la ménopause et sur les cancers hormono-dépendants comme le cancer du sein, par exemple. Cette molécule est synthétisée chez les animaux et l’homme au niveau intestinal à partir de précurseurs (phyto-oestrogènes) disponibles dans les légumineuses. Si la majorité des Asiatiques sont capables de produire de l’équol à partir de ces précurseurs, ce n’est malheureusement pas le cas de tous les Européens. Seuls 15 % des Occidentaux sont capables de faire cette transformation. Pour que tout le monde puisse bénéficier des bienfaits de l’équol, il devrait donc être apporté directement dans l’alimentation humaine. Mais quels aliments peuvent être consommés ?
Enrichissement du lait et des œufs en équol
Pour répondre à cette question, des chercheurs de CRA-W ont conduit des essais sur l’enrichissement du lait et des œufs en équol via l’alimentation des vaches et des poules pondeuses. Ces 2 aliments sont en effet couramment consommés et l’enrichissement en équol serait un atout supplémentaire à leur consommation, parfois décriée ces dernières années. L’équol n’est pas présent dans les végétaux comme l’herbe mais des précurseurs de cette molécule -les phyto-oestrogènes- sont présents dans les légumineuses comme le soja ou le trèfle violet par exemple.
Alors, en faisant pâturer les vaches dans des prairies riches en légumineuses ou en mettant à disposition des poules pondeuses des parcours enrichis en légumineuses est-il possible d’augmenter la quantité d’équol dans le lait ou dans les œufs ? Les essais ont montré que c’est le cas pour les vaches laitières : une partie de l’équol synthétisé par les vaches consommant un couvert riche en trèfles se retrouve dans le lait. Et comme l’équol n’est pas sensible à la chaleur, on le retrouve dans le lait et les fromages après pasteurisation et transformation fromagère. En est-il de même pour les œufs de poules ayant consommé des légumineuses ? Victoria Tosar nous explique ce qu’il en est. Elle a conduit différents essais dans le cadre de son doctorat.
Comparaison de 4 espèces végétales
Les essais au CRA-W ont été réalisés dans 8 poulaillers de 15 poules Novogem Brow light. Chaque lot disposait d’un parcours extérieur semé avec une espèce végétale. Quatre espèces végétales ont été comparées : le ray-grass, le trèfle blanc, une espèce de chicorée très appétée par les poules et le trèfle violet. Chaque lot était comparé à un autre lot élevé dans les mêmes conditions, à la différence près que le parcours n’était pas enrichi en légumineuses (lot témoin). La ration de base de chaque lot était composée de 34 % de blé, 30 % de maïs et 20 % de soja. Les poules ont pâturé durant 17 semaines, de mai à octobre, deux années d’affilée.
Le taux de ponte et le poids des œufs ont été contrôlés durant tout l’essai. Toutes les 2 semaines, un échantillon d’herbe du parcours et les œufs du jour étaient analysés pour détecter les précurseurs d’équol dans les végétaux et les teneurs d’équol dans les jaunes d’œufs.
Le trèfle violet grand gagnant
Au niveau des végétaux, les essais montrent très clairement que la concentration en l’un des précurseurs de l’équol est beaucoup plus importante dans le trèfle violet que dans les autres végétaux testés et ce, durant l’entièreté de la période d’accès au parcours, explique Victoria Tosar. Quant aux œufs des poules ayant consommé du trèfle violet, ils contiennent jusqu’à 4 fois plus d’équol que les œufs des poules ayant consommé les autres espèces végétales testées. Un jaune d’œuf peut contenir entre 1 et 1,5 microgramme d’équol. De plus, il n’y a pas eu d’impact de l’espèce végétale sur le taux de ponte (87 %) et sur le poids moyen des œufs (60 gr). Ces essais montrent donc que l’enrichissement de l’alimentation des poules avec du trèfle violet permet d’augmenter la quantité d’équol des œufs. Des recherches complémentaires doivent encore être menées pour mieux comprendre le mécanisme de transformation des précurseurs en équol, pour estimer la quantité d’herbe ingérée par la poule ou encore les quantités d’équol excrétées dans les fientes. « Mais au vu de ces résultats on peut d’ores et déjà conseiller aux éleveurs de pondeuses en production plein air d’ensemencer leurs parcours avec du trèfle violet. Ce n’est pas plus cher que d’autres végétaux et c’est plus intéressant au niveau alimentaire », conclut Victoria Tosar.
ElevageL’exploitation laitière de François-Hubert et Stéphane Van Eyck, à Corroy-le-Château, accueille depuis peu une unité de micro-méthanisation, une manière intéressante d’optimaliser la gestion des effluents d’élevage tout en produisant sa propre énergie. Ils nous présentent le concept, en compagnie de Sigrid Farvacque, manager chez Biolectric.
