En agriculture, nous savons que rien n’est simple car nous travaillons dans le vivant. Nous savons combien la nature est complexe, qu’il faut toujours s’adapter, choisir, prendre sa part de risques, avec des réussites et des échecs. Nous savons que tout est cyclique et que la vie implique aussi la mort.
Évitons d’avoir un avis sur ce qu’on ne connaît pas. On peut juste se poser des questions par rapport à ce qu’on connaît. Que vivons-nous à grande échelle ? Une espèce, l’homo sapiens, est agressée par un nouveau pathogène, ce Covid-19. Les médias sont omniprésents sur le sujet et les politiques doivent faire des choix stratégiques.
Question virus, en agriculture, on connaît celui de la jaunisse en betterave dont le puceron est le vecteur. Les politiques, sous la pression de lobbies activistes, ont décidé de stopper une solution efficace et écologiquement satisfaisante : la microdose d’insecticide sur la semence. Allez comprendre pourquoi ! Comment leur faire confiance ?
Question médias, en période calme, c’est souvent l’agriculture qui sert de prétexte pour des émissions anxiogènes. Ils mettent la peur dans les assiettes en agitant le spectre de « l’agriculteur-pollueur-empoisonneur ». Nous savons ce qu’il faut en penser mais l’intox est là, qui manipule l’opinion. Alors, quand la peur est sur toutes les ondes, jusqu’où peut-on les suivre ?
Quant aux choix stratégiques décidés par les politiques, on peut les comprendre sans tout comprendre. L’opinion a besoin de protection. En agriculture aussi, les cultures ont besoin d’être protégées en cas d’agression.
Il y aurait 2 écoles, 2 modes de production : soit la sécurité maximale en intervenant préventivement et systématiquement, soit laisser faire la nature jusqu’à ce qu’elle trouve son équilibre et prendre sa perte s’il en est.
Comme en agriculture, il y a débat sur les moyens de lutte contre le Covid : faut-il maximaliser les préventions et confiner à outrance ou faire confiance à l’immunisation en espérant que chacun trouve les anticorps de manière progressive et naturelle ? Même les écologistes semblent partagés. On entend certains préconiser la voie naturelle, en l’occurrence la lutte biologique, en cohérence avec ce qu’ils prônent pour l’agriculture. Pour d’autres motifs et bien malgré eux, ceux-là sont sur la même ligne qu’un Trump : « Laissons faire la nature » comme « Laissons faire les marchés ». Nous ne savons, bien entendu, ni ce qu’il faut faire, ni ce qui se fera.
En matière de défense des végétaux, le bon sens agricole penche volontiers pour une agriculture « raisonnée » pratiquant une lutte « intégrée » avec une part de risques contrôlés mais aussi de sécurité assumée.
Nous savons juste que ce qui vaut pour l’agriculture ne vaut rien en matière de certains médias, d’opinion publique et de choix politiques.
Et nous savons que, comme en agriculture, parmi les êtres vivants, certains résistent, d’autres souffrent mais s’en sortent avec l’aide de la médecine et d’autres encore succombent.
