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Pour une évolution des pratiques alimentaires

Jean-Luc Ménard, chercheur à l’Institut de l’élevage, s’est quant à lui intéressé aux aspects zootechniques de l’automatisation de l’alimentation.

Temps de lecture : 4 min

Selon les retours des éleveurs qui ont opté pour l’automatisation de l’alimentation, la technologie n’a aucun effet significatifsur la production laitière à 4% de MG. Toutefois, des effets plus prononcés se marquent en lait et en taux. Dans les élevages étudiés, le rapport est clair entre l’automatisation et l’évolution de pratiques alimentaires. En effet, Pour Jean-Luc Ménard, chercheur à l’Institut de l’élevage, la technologie représente avant tout une opportunité d’adaptation des rations, d’autant plus si elles sont complexes, tant pour l’ensemble du cheptel que pour différents lots d’animaux… Car avec l’agrandissement des troupeaux, il est clair selon lui que les éleveurs doivent aller vers l’allotement.

Les refus, cet indicateur

L’autre évolution : la réduction des refus. L’expérience montre que l’automatisation permet de réduire de manière très significative les refus. La quantité d’aliments restant à l’auge est donc un indicateur journalier afin d’adapter la quantité d’aliments à distribuer. Il implique également une réduction significative de la fréquence de nettoyage de la table d’alimentation : de quelques fois par semaine, à une fois toutes les deux à 4 semaines pour les cas les plus extrêmes.

Une fréquence de distribution augmentée

Si l’alimentation n’a pas été optimisée avant l’installation de robots, ceux-ci peuvent faire évoluer les conditions non optimales de départ que l’on peut retrouver dans certaines exploitations (nombre de places insuffisant à l’auge, présence de beaucoup de surplus…). C’est ce que l’orateur désigne comme les effets indirects de l’automatisation.

«Globalement avec une alimentation optimisée avant l’automatisation, on a une production laitière équivalente. Mais la technologie peut amener à augmenter de la fréquence de distribution», explique M. Ménard. Notons qu’une fréquence trop élevée (plus de 10 apports/ jour) peut avoir des effets négatifs sur l’animal, notamment par l’altération de son comportement au couchage (temps de repos moins long). L’optimum de six distributions par jour peut se justifier par rapport à l’activité animale mais aussi par la capacité modérée du robot de distribution (poids, entretien, le coût d’utilisation de l’automate)

Pour un projet à neuf, l’Institut de l’élevage recommande de toujours respecter les recommandations notamment celle d’une place par vache à l’auge, tout comme les principes de base de l’alimentation.

Pour un projet d’aménagement de l’existant, mieux vaut également respecter les consignes données même si l’éleveur doit davantage faire face à des facteurs limitants comme le manque de place. La stratégie d’un éleveur semble très adaptée en cas de manque de place et de fortes dominances de certains animaux : l’approvisionnement successif par série de trois à une demi-heure d’intervalle.

Un point de vigilance ? le maintien du paturage durant les péridodes mixtes. L’utilisation de l’automate doit être adaptée pour toujours privilégier au maximum la consommation en prairie.

Conservation des ensilages et stockages intermédiaires

Avant de vouloir investir dans l’automatisation de l’alimentation, un éleveur doit avant tout avoir une excellente conservation des fourrages. La technique nécessite des ensilages parfaitement conservés et dessilés (cube ou vrac).

Si ce n’est pas le cas, l’automatisation avec stockage intermédiaire peut amplifier le problème de conservation. L’orateur préconise d’ailleurs de réaliser avant automatisation un diagnostic sur les marges de progrès sur le côté conservation. «Ce sera toujours un plus sur la qualité du lait, la réduction des pertes et l’efficacité alimentaire).»

Et de témoigner: «Un éleveur ayant opté pour l’automatisation a diminué la vitesse des chantiers d’ensilage pour privilégier l’éclatement des grains et le tassement au silo couche par couche. C’est,selon moi, un exemple à suivre.»

Pour le dimensionnement des stockages intermédiaires, l’éleveur doit pouvoir stocker le vrac jusqu’à 48h en hiver, mais seulement 24h en été.

Pour les cubes, la souplesse est plus grande: jusqu’à 48h en été, davantage en hiver. Notons que plus on augmente le temps de stockage intermédiaire, plus les équipements sont coûteux.

Le temps de travail est également à prendre en compte et notamment le week-end

P-Y L.

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