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Plus, pour moins cher : non !

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Janusz Wojciechowski en croisade contre la « course à l’intensification » ? Le commissaire européen à l’Agriculture a en effet multiplié les critiques envers l’intensification de la production, de porcs en particulier, qui « élimine chaque jour des agriculteurs dans l’Union européenne. La réforme actuelle de la politique agricole commune, le plan de développement de l’agriculture bio ou encore le renforcement des normes de bien-être animal doivent permettre de préserver les petites et moyennes exploitations familiales de l’UE face à cette course dangereuse.

« Certaines personnes me demandent ce qu’est l’élevage industriel. Eh bien, c’est un élevage qui veut produire de plus en plus pour de moins en moins cher. Hier un élevage c’était 1.000 porcs, aujourd’hui 5.000, demain 10.000, après-demain 100.000… Il n’y a pas besoin de fermiers pour faire ça. Et même ils sont gênants », a lancé récemment le commissaire européen à l’Agriculture dans une série de tweet, qui a entraîné une levée de boucliers d’une partie du secteur agricole européen. On sait Janusz Wojciechowski très attaché aux petites exploitations agricoles familiales, où il a grandi. Il défend avec vigueur la stratégie « de la ferme à la table », son plan de développement de l’agriculture biologique et le renforcement du bien-être animal pour préserver ces exploitations. Le commissaire rappelle ces chiffres : environ 4 millions d’exploitations agricoles ont disparu dans l’UE en une décennie, soit 1/000 par jour. Et il met régulièrement en cause, sans les citer, les éleveurs de porcs des Pays-Bas. L’eurodéputé centriste néerlandais Jan Huitema lui reprochait encore il y a trois semaines lors d’un échange de vues sur le plan d’action pour l’agriculture bio, ses idées « préconçues ».

Un système qui n’élimine pas les plus faibles

Mais cette fois, le commissaire a franchi une étape supplémentaire : « On ne peut pas, selon lui, dire que l’on défend les zones rurales et les agriculteurs en défendant les méthodes d’élevage intensives. Au contraire, celles-ci servent à éliminer les agriculteurs de la concurrence ». Vivement critiqué pour cette prise de position notamment par la présidente des organisations et coopératives agricoles de l’UE – Copa-Cogeca –, Christiane Lambert, il répond que « bien sûr, tous les types d’exploitations sont nécessaires, y compris les grandes, mais il faut un système qui n’élimine pas les plus faibles ». Et d’ajouter : « Je porte un regard critique sur la course à l’intensification de la production, et non sur les agriculteurs qui sont contraints de participer à cette course dangereuse car il y aura très peu de gagnants ». Le 28 avril, lors d’un échange avec la Coordination européenne Via Campesina, il a assuré que « l’amélioration de l’équité, de l’efficacité et de l’efficience de la distribution des paiements directs restait parmi ces principales priorités de la réforme en cours de la politique agricole commune, en particulier, la nécessité de mieux répondre aux besoins de revenus des petites et moyennes exploitations familiales ».

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