La plantation sous serre
De la mi-mai à la mi-juin, nous plantons les plants déjà taillés à raison de 1,2 à 1,5 plant/m². Nous installons la culture sous tunnel maraîcher ou sous serre. À cette époque, les fraises hâtives sont en fin de production et le melon peut remplacer cette culture. Pour obtenir une température suffisante du sol, le paillage plastique noir est un atout, de plus, son emploi résout une bonne partie de la question du désherbage. La plantation se fait à plat ou sur buttes selon le drainage du sol. Une structure de sol impeccable est requise pour le melon.
Un paillage avec film plastique noir
Le paillage du sol avec un film plastique noir convient bien, coulé à la pose du tuyau d’irrigation. Sa couleur favorise l’augmentation de la température du sol, ce qui est surtout important au début de la culture, en mai et début juin. Si la culture se fait après la fraise, nous pouvons garder le plastique en place pour autant que la fertilisation initiale ait été adaptée.
Une pollinisation naturelle
La floraison démarre en juin. À cette époque, nous avons généralement une forte activité des insectes pollinisateurs parmi lesquels les bourdons et les abeilles. Pour autant que les tunnels soient bien aérés, la pollinisation ne devrait pas poser de problème.
La présence de fruits en plein grossissement amène une coulure physiologique des jeunes fleurs nouées. La production tend donc à se faire par vagues. À partir de la nouaison, les fruits sont récoltables après 40 à 50 jours.
L’irrigation
L’irrigation est un outil important pour une production qualitativement correcte. D’une part la plante a de forts besoins en eau durant sa croissance et le début du grossissement des fruits. D’autre part, un excès d’eau favorise les maladies de pied en début de culture et l’éclatement de fruits en fin de culture. Le pilotage de l’irrigation peut se baser sur des tensiomètres positionnés à 10 à 15 cm de profondeur, en visant 20 cb jusqu’au début du grossissement des fruits et 30 cb par la suite. L’excès d’eau en phase de mûrissement amène le risque d’éclatement des fruits.
Fertilisation : une forte exportation par les fruits
L’analyse de sol est souhaitable pour piloter convenablement le melon. Nous tiendrons compte d’une forte exportation par les fruits et les matières végétales aériennes qui seront enlevées pour être compostées. Les exportations sont de l’ordre de 220 unités d’N, 120 de P2O5, 280 de K2O et 60 de MgO, à nuancer fortement suivant le niveau de production réel. En culture conventionnelle, la fertilisation est fréquente pour suivre plus progressivement la croissance et donc les besoins de la culture. La fertilisation de la culture se fait sur base d’une fumure de fond apportant au moins 100 unités d’azote qui s’ajoutent aux reliquats du sol et aux arrières-fumures.
La récolte au fur et à mesure de la maturité des fruits
Quand les fruits commencent à mûrir, nous avons intérêt à les dégager en taillant les feuilles qui les abritent du soleil. De début août à septembre, nous récoltons les fruits au fur et à mesure qu’ils arrivent presque à maturité. Plusieurs signes annoncent le début de maturité du fruit : craquelure autour du pédoncule, changement de couleur, la feuille adjacente jaunit. À cause de l’évolution rapide de l’oïdium en août chez nous, nous une seconde vague de production de fruits en seconde récolte peut être réduite.
Les fruits peuvent être conservés une semaine à 8 ou 9ºC.
Les maladies
Plusieurs maladies peuvent amener des inquiétudes en melon. Le melon est produit sous abri tunnel le plus souvent. Dans nos conditions, l’inoculum de maladies dans l’environnement est assez limité. Par contre, dans les fermes maraîchères, plusieurs plantes aux sensibilités correspondantes à plusieurs maladies communes se succèdent au fil de la saison. Le confinement en serre tunnel exacerbe certaines maladies et ravageurs. Enfin, les conditions climatiques limites pour cette culture amènent quelques risques de maladies physiologiques particulières. https ://fytoweb.be/fr est notre référence habituelle.
Les maladies du pied ou du collet
– La fusariose (Fusarium oxysporum melonis) peut être transmise par le plant ou persister dans le sol en cas de rotation courte avec le melon. Des variétés sont résistantes. Les plantes jaunissent, se dessèchent, meurent. Nous constatons des nécroses latérales de la tige. Des exsudats de gommes apparaissent sur la tige. En sectionnant les tiges atteintes, nous constations le brunissement marqué de l’anneau vasculaire. Plusieurs pathotypes de Fusarium oxysporum sont présents chez nous. La résistance variétale et la rotation sont les bases de la lutte. Les plants greffés sont utilisés lorsque les sols ont montré qu’ils étaient trop contaminés les années précédentes.
– La verticilliose (Verticilium dahliae) est plutôt une conséquence de rotation trop courte avec les autres cucurbitacées (concombre, courgette, etc.). Les symptômes ressemblent à ceux de la fusariose, mais sans l’exsudat de gomme sur la tige. Le greffage est requis dans les sols contaminés. Pas très fréquent chez nous. Quand le sol est la source de contamination, ces deux maladies s’étendent autour de foyers. Les zones mal drainées sont les plus vulnérables. En cas de contamination du sol, il est possible, mais coûteux, d’acheter des plants greffés sur sujet porte-greffe adapté.
Les maladies du feuillage
– Plusieurs champignons peuvent être les causes de l’oïdium. Les symptômes sont comparables : des taches poudreuses s’étendent rapidement sur les deux faces de la feuille. Celles-ci jaunissent et se dessèchent rapidement. La maladie est favorisée par des températures élevées, de l’ordre de 26ºC, et de l’humidité.
La résistance variétale est une des bases de la lutte. Des fongicides sont agréés, leur emploi sera raisonné en fonction de l’époque des premières attaques. Rien ne sert de s’acharner si nous arrivons à la fin du développement des fruits.
– Pseudoperonospora cubensis est un mildiou différent de celui de la tomate et de la pomme de terre, bien que les conditions humides les favorisent tous les deux sur les hôtes respectifs. Des taches de couleur olivâtre apparaissent sur les feuilles, elles s’étendent jusqu’aux nervures proches. Les anciennes feuilles sont attaquées d’abord, la maladie gagne ensuite les étages foliaires supérieurs. En serre maraîchère, c’est une bonne aération qui est la base de la lutte contre le mildiou. Excepté lors des risques de tempête, le tunnel doit être aéré largement en permanence en période estivale. Les plantes sont inspectées avant leur introduction dans la serre pour éliminer celles qui sont douteuses.
– L’Anthracnose – ou Colletotrichum lagenarium – est présente chez nous et s’attaque aux fruits, aux tiges et aux feuilles. Les premiers symptômes peuvent déjà être repérés sur les feuilles cotylédonaires. Mais c’est sur les fruits que les dégâts sont les plus importants économiquement. Les taches superficielles d’abord, profondes ensuite, sont rapidement aggravées par des pourritures secondaires. L’aspect et le goût des fruits sont altérés. Ne pas mouiller les fruits ou les feuilles lors des arrosages, bien aérer l’abri.
– La cladosporiose – Cladosporium cucumerinum – provoque des lésions cicatricielles sur les fruits.
– Botrytis, la pourriture molle, peut envahir les fruits au départ de la cicatrice florale. Il s’attaque à de nombreuses cultures maraîchères, dont les Cucurbitacées. La maladie plus fréquente sur concombre sue sur melon.
Des animaux dans la culture
– Comme dans toutes cultures, et en particulier en culture sur paillage plastique, les campagnols peuvent proliférer et amener des pertes importantes. Outre les racines, il apprécie les fruits à maturité. La culture est menée à plat met les fruits facilement à sa portée.
– Les pucerons : Nous n’avons souvent que peu de problèmes, pour autant qu’on laisse les auxiliaires (syrphes, micro-hyménoptères, coccinelles, les syrphes, les chrysopes, les cécidomyies) travailler normalement.
– L’aleurode ou Trialeurodes vaporariorum ou mouche blanche peut provoquer de fortes pertes en melon de serre. Les larves rejettent un miellat sur lequel la fumagine se développe, ternissant l’aspect des fruits. Encarsia formosa est parfois introduit en plus des auxiliaires classiques.
– Les attaques d’acariens sont assez communes chez nous. Plusieurs espèces de tétranyques peuvent devenir envahissantes, dont Tetranychus urticae. Nous pouvons diminuer leur expansion en mouillant le feuillage vers la fin de l’après-midi.
Les viroses
Plusieurs viroses peuvent perturber le développement des plantes de melon. Certaines sont transmises par les pucerons au départ de plantes contaminées, par d’autres insectes ou parfois par le sol. Ces maladies font rarement beaucoup de dégât chez nous, les foyers d’inoculum étant peu nombreux.
Les maladies physiologiques communes chez nous
– Lorsque la serre maraîchère est mal ventilée, par exemple lorsque le développement exubérant des plantes abritées perturbe les mouvements d’air, des brûlures dues au soleil peuvent être déplorées sur fruits et sur tiges.
– Une alimentation en eau trop irrégulière peut provoquer l’éclatement des fruits. Ceux-ci sont invendables, pourrissent rapidement, deviennent des hôtes à mouchettes. Une fertilisation déséquilibrée (trop d’azote) peut favoriser cet accident physiologique.
– L’irrigation avec de l’eau froide peut perturber le fonctionnement racinaire au point de provoquer un flétrissement des plantes de melon.
– La chute prématurée des fruits survient lorsque la fécondation ne s’est pas réalisée. Mais il peut s’agir aussi d’une sorte de régularisation naturelle en cas d’excès de fruits par rapport à ce que la plante peut alimenter.
– Au départ des espaces entre les nervures, les feuilles se dessèchent. C’est la conséquence d’un fonctionnement des racines insuffisant pour subvenir aux besoins du feuillage. Un sol trop froid, une mauvaise structure de sol, une plantation de plants déjà fort développés, un climat sous abris chaud et sec sont autant de facteurs favorisant cet accident. Une taille très sévère peut aussi provoquer un stress aux conséquences comparables.
F.