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du monde agricole wallon à portée de clics

Comme nous vous l’annoncions dans une précédente édition, le rapport de l’État de l’Agriculture wallonne s’est digitalisé. Le projet, porté par la Direction de l’Analyse Économique Agricole (DAEA), reprend à travers 27 fiches techniques thématiques, des analyses plus approfondies et structurées qu’auparavant.

Temps de lecture : 6 min

Si le rapport de l’État de l’Agriculture Wallonne a d’abord pour but la tenue de comptabilités agricoles, la production de données socio et technico-économiques ; l’élaboration d’analyses en matière d’économie agricole… un travail tant sur le fond que sur la forme était nécessaire.

Le fond et la forme modernisés

Dorénavant, le contenu s’est densifié avec des fiches supplémentaires, un accès à l’information facilité, de nouvelles analyses… « Notre volonté : le moderniser et nous poser la question quant à savoir si le document répond toujours aux attentes et aux besoins du secteur, de ces usagers (lire le monde académique, politique, citoyens, agriculteurs…). D’autant qu’un support papier, même s’il est disponible sur le portail de l’Agriculture, limite toujours la visibilité et l’accessibilité de son contenu, d’où la création d’un site lui étant complètement dédié », explique Ann-Gaëlle Franck, directrice de l’analyse économique agricole au SPW. L’état de l’agriculture wallonne est en ligne depuis le 9 juillet.

L’avantage du site ? « La mise à jour des indicateurs de manière plus régulière et l’automatisation de celle-ci. Nous avons aussi travaillé sur un contenu plus analytique. Avec une certaine prudence, tout en essayant de rester objectif ! Nous avons essayé d’expliquer certains phénomènes que l’on rencontrait dans nos données… puisque toutes les informations dont on dispose vont de 1990 à 2019 », poursuit-elle.

« En outre, nous voulions navigation facilitée, dynamique et plus esthétique. Faire des analyses, développer de nouvelles thématiques et faire des liens avec des partenaires comme le Collège des producteurs par exemple. Les possibilités sont nombreuses ! », sourit-elle.

Le système est également pensé pour accéder plus facilement à la base de données. L’ensemble des données reprises dans les fiches sont donc en libre accès.

« Sur le même champ d’observation qu’est la Wallonie, le site nous permet aujourd’hui de proposer deux fois plus de figures et trois fois plus de contenu que l’ancien rapport ! »

27 fiches thématiques

Le site est composé actuellement de 27 fiches thématiques (SAU, productions végétales…). D’autres fiches viendront compléter l’information plus tard. Ces fiches seront mises à jour au minimum une fois par an.

Chaque fiche est travaillée selon 3 axes : le contexte, les facteurs de production et la rentabilité des exploitations.

L’avantage est de pouvoir faire des liens entre les informations, les fiches… en fonction des thématiques. La navigation est donc orientée en fonction des attentes du public.

Il est également possible d’accéder à tous les chiffres clés. « En outre, nous avons voulu proposer une fiche récapitulative pour une année. Même si on ne produit plus de rapport papier, il est possible de créer son propre rapport en sélectionnant les thématiques souhaitées et de générer ainsi un pdf en version imprimable »

Quelques données clés en Wallonie

Ann-Gaëlle Franck : « C’était important pour nous de rappeler que le secteur agricole est avant tout un secteur économique, et que même s’il a une multifonctionnalité, il y a derrière lui des femmes et des hommes qui doivent pouvoir générer un revenu suffisant pour pouvoir vivre de leur activité. »

– Revenu du travail et revenu comparable

Et de s’attarder sur quelques chiffres clés. Les premières données présentées sont celui de l’évolution du revenu du travail (RT) par unité de travail. Si on y voit notamment les fluctuations annuelles liées entre autres aux conditions climatiques et aux différentes crises qu’a connues le secteur, on constate une augmentation de la moyenne entre 1980 jusqu’à 2007. À partir de 2008, date de la première grosse crise du lait, la courbe reste dans une phase descendante qui reste interpellante. Pour 2019, on est à un revenu du travail par unité de travail de 21.131 euros.

Afin de comparer ces données aux autres secteurs d’activité économique en dehors de l’agriculture, la notion de revenu comparable (RC), qui équivaut au salaire brut moyen des travailleurs non agricoles belges, 13e mois et pécule de vacances compris, est utilisée. Si on en croit la courbe de ce revenu, il n’a fait qu’augmenter de manière linéaire pour atteindre en 2019 un revenu de 47.768 €/UT.

La différence entre le RT et le RC est énorme. Celle-ci est d’autant plus parlante quand on analyse le rapport entre le RT en agriculture et le RC (cf Graph. 1). « Si dans les années 80, la moyenne de ce rapport était au-delà des 100 %, c’est-à-dire que les travailleurs de ce secteur avaient un revenu supérieur en moyenne à ceux des autres activités, il ne fait que diminuer depuis 1990, pour atteindre en 2019 les 44 %. »

Cette donnée étant aujourd’hui objectivée, elle devrait permettre d’interpeller le politique sur la situation.

– Évolution du secteur dans le temps

Si l’on dénombrait en 1990 quelque 29.000 exploitations, on en dénombre 12.733 en 2019 avec deux fois moins d’exploitants (46.000 contre 23.000) et plus de 2 fois plus d’hectares/exploitation (26 contre 57). La proportion d’hommes et de femmes a également évolué. Moins de femmes sont répertoriées dans la main-d’œuvre régulière que par le passé (1/3 de femmes en 1990, pour ¼ en 2019).

L’évolution des exploitations en fonction de leurs superficies montre une diminution du nombre de petites exploitations par deux (60 % en 1990 contre 32 % en 2019). De facto, on a une augmentation du nombre d’exploitations de plus grande taille avec 3 fois plus d’exploitation de 50 ha. C’est une évolution claire.

– Main-d’œuvre

Si on s’intéresse à la main-d’œuvre et notamment la main-d’œuvre (MO) régulière moyenne, on constate une augmentation de 10 % par exploitation en 30 ans mais on remarque surtout une efficacité de travail augmentée puisqu’on constate une diminution de la MO par ha géré divisé par deux.

Du point de vue de la répartition de la main-d’œuvre régulière selon la taille des exploitations, on constate qu’elle est inversement proportionnelle à la taille de l’exploitation. Il n’y a aucune relation linéaire entre les deux. En moyenne 1,8 personne travaille pour les petites exploitations (moins de 25 ha), quand 2,7 travaillent pour les exploitations de plus de 100 ha. Une exception à cette règle : les très petites exploitations de moins de 10ha, comme les maraîchers, qui ont des besoins en main-d’œuvre assez importants.

D’autres thématiques sont en cours d’études et alimenteront le rapport au fur et à mesure.

– SAU utilisée

La répartition de la superficie agricole en fonction de la taille des exploitations nous montre que 6 % de la SAU sont gérés par 33 % des petites exploitations, que 42 % de la SAU sont quant à eux gérés par 16 % des exploitations de plus de 100 ha et que 5 exploitations sur 6 gèrent une SAU inférieure à la SAU moyenne c’est-à-dire 57,6 ha.

– Évolution du cheptel

Le cheptel wallon a, lui aussi clairement évolué d’un point de vue structurel depuis 1990. À cette époque, le cheptel laitier (en UGB) représentait 56 %, le viandeux 29 %, les cheptels porcin et avicole, 12 % et 3 %. En 2019, le cheptel laitier a quasiment été divisé par deux avec 29 %, le viandeux s’est quant à lui un peu plus étoffé (+7 %), les ateliers porcin et avicole, qui se sont quand même bien développés, souvent pour une diversification plus rentable, prennent respectivement 4 % (16 %) et 15 % (18 %).

Petit focus sur le cheptel bovin et sa répartition selon la taille des exploitations (cf. graph. 2) : 30 % des détenteurs de bovins détiennent des troupeaux de moins de 50 bêtes, ce qui équivaut paradoxalement à 5 % des troupeaux. Seuls 10 % des éleveurs ont un cheptel supérieur à 300 bêtes, soit 1/3 des troupeaux. « Cela permet de relativiser par rapport à certaines idées reçues sur les usines à vaches. Seule une exploitation sur 5 détient un cheptel supérieur à la moyenne régionale », note encore Ann-Gaëlle Franck.

Toutes les infos et les analyses détaillées de ces données sont à découvrir sur https ://etat-agriculture.wallonie.be.

Propos recueillis par P-Y L.

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