Un vaccin universel contre la peste porcine africaine ? Pas pour demain...
La peste porcine africaine était présente dans notre pays jusqu’en 2019. Actuellement, ce virus circule chez les sangliers en Allemagne, à quelques centaines de kilomètres de la frontière belge, ainsi que dans plusieurs autres pays européens. S’il n’existe pas encore de médicaments capables de prévenir ou de guérir cette maladie, des recherches sont en cours dans le monde entier sur des candidats vaccins. Et des études menées en Afrique avec l’un d’entre eux apportent de nouveaux enseignements.

La peste porcine africaine (PPA) est un problème dans certaines régions d’Europe, d’Afrique et d’Asie. Dans chacune de ces zones, on cherche des solutions. Trouver un vaccin capable de protéger l’ensemble des porcs et sangliers contre toutes les variantes de cette maladie virale mortelle, c’est un peu le Saint Graal pour les chercheurs de terrain. Une étude récente montre toutefois qu’un tel vaccin universel n’est pas encore d’actualité.
Des résultats prometteurs mais aussi décevants
Au Kenya, l’International Livestock Research Institute (ILRI) a étudié si une variante (souche) génétiquement modifiée du virus de la peste porcine africaine pouvait être utilisée comme « vaccin vivant atténué ». Un vaccin vivant atténué est obtenu en supprimant un gène du virus, ce qui le rend moins virulent. Il cause donc moins de dégâts, et provoque une maladie moins grave chez les porcs. Cette technique est fréquemment utilisée dans le développement de ces traitements. Comme le virus modifié est moins nocif, il peut être utilisé dans des programmes de vaccination pour protéger les animaux contre la maladie mortelle qu’il cause.
L’étude, menée en collaboration avec le ministère américain de l’Agriculture (USDA), le Plum Island Animal Disease Center et l’ILRI, a testé l’efficacité du vaccin expérimental ASFV-G-ΔI177L contre différentes souches du virus de la peste porcine africaine provenant de tout le continent africain. Selon Sciensano, cette recherche, très rigoureuse, a été réalisée par l’un des instituts de référence dans le domaine du développement de vaccins contre la PPA. Et finalement, les résultats de cette nouvelle recherche kenyane sont à la fois prometteurs et décevants.
Différentes souches
À l’échelle mondiale, plusieurs souches du virus de la peste porcine africaine circulent. Celle présente au Kenya diffère des autres observées en Ouganda, au Ghana, au Malawi ou encore en Afrique du Sud. L’ADN du virus n’est dès lors pas identique d’une souche à l’autre. La nouvelle étude montre que lorsqu’un vaccin vivant atténué est produit à partir d’une souche du virus, il protège quasiment à 100 % contre cette dernière. Néanmoins, cette défense s’avère limitée à la souche à partir de laquelle le vaccin a été développé. Notons également que lorsque les différences génétiques sont faibles, une protection partielle peut toutefois subsister.
«Comme en Afrique, différentes souches du virus de la peste porcine africaine circulent en Europe, et de nouvelles apparaissent régulièrement», soulignent les chercheurs de Sciensano.
Ils ajoutent : « Il a, en outre, été constaté que ce vaccin pourrait redevenir virulent après son adaptation au sein de la population porcine. Dans des conditions expérimentales, le virus vaccinal peut déjà provoquer de nouveaux symptômes de la maladie après seulement quelques passages chez les porcs. Il a également été démontré que ce traitement peut entraîner des problèmes de reproduction chez les truies gestantes ou chez les verrats reproducteurs».
Une large variation génétique
La conclusion générale est que la grande variation génétique au sein du virus de la peste porcine africaine constitue un obstacle au développement d’un vaccin universel contre cette maladie. De plus, elle peut évoluer rapidement, donnant naissance à de nouvelles souches ou des combinaisons, un peu comme le virus de la grippe ou le coronavirus.
Compte tenu des effets indésirables, tels que les problèmes de reproduction ou encore un risque de retour de la virulence, de la plupart des vaccins contre la PPA testés jusqu’à présent, leur utilisation doit s’accompagner d’une analyse continue des risques par rapport aux avantages, en fonction de la situation épidémiologique.