Composer un mini-verger qui répond à vos attentes

Dans beaucoup de zones résidentielles, on observe que la surface totale des parcelles loties se réduit. Le temps des terrains de 20 ares ne pouvant accueillir qu’une seule habitation semble révolu ; la surface moyenne se situe actuellement aux environs de 5 ares. Elle doit accueillir à la fois l’habitation, sa zone de service immédiate, un chemin d’accès, un parking, une terrasse et une zone de loisirs engazonnée. La surface disponible pour le jardin d’ornement et pour la production d’aliments est restreinte ; il convient donc de l’aménager de manière efficace.

Dans ce contexte, pour la production de fruits, seuls des arbres et arbustes de faible volume sont envisageables. Ils offrent aussi l’avantage d’entrer en production très rapidement, alors que leur longévité peut néanmoins atteindre ou dépasser la vingtaine d’années. Ils ne demanderont que peu de travail tout au long de l’année, et récompenseront le jardinier de ses efforts par une production fruitière diversifiée. Dans un article paru au mois de janvier de cette année, nous avions évoqué les arbres et arbustes fruitiers adossés à un mur et conduits dans un seul plan (lire Le Sillon Belge du 25 janvier). Il ne sera question ici que des plantes conduites en volume.

La saison des plantations approche, et il est recommandé de réserver dès à présent les plantes souhaitées chez votre pépiniériste. La certitude d’obtenir les plantes souhaitées est plus grande maintenant que pendant la période hivernale.

Nous présentons ici quelques projets qui démontrent qu’en associant plusieurs modules de faible surface, il est possible d’approvisionner le ménage en une diversité de fruits.

Un espace adapté à chaque plante fruitière

On peut constater fréquemment que les plantations fruitières des petits jardins sont réalisées à une densité beaucoup trop forte et qu’une fois atteint l’âge adulte, ou même avant, les plantes se gênent mutuellement et manquent de lumière, au détriment de la production. Le seul remède est alors d’enlever une moitié des plantes, et on se retrouve alors avec une densité trop faible !

Après la phase juvénile, où la croissance est forte, chaque plante demande à l’âge adulte un espace qui lui permet d’atteindre un certain équilibre entre la croissance de renouvellement et la fructification.

Pour les arbustes à petits fruits, l’espace minimum à prévoir est de 1,5 m² pour les différents groseilliers et les myrtilles conduits en buisson, et de 3 à 4 m² pour les casseilles. Les groseilliers à grappes ou épineux peuvent aussi se former en tige, en haie verticale, avec un espacement de 50 cm.

Les framboisiers, ronces, muroises et kiwis sont également conduits en haie verticale et plantés respectivement à 50 cm, 3 à 4 m et davantage encore pour les derniers. Entre deux haies, un espace de 2 m est nécessaire pour assurer un éclairement suffisant du bas des plantes.

Les pommiers et poiriers basse-tige conduits en fuseau doivent être greffés sur un sujet porte-greffe de faible vigueur : par exemple ‘Malling 27’ ou ‘Malling 9’ pour les pommiers et ‘Cognassier Malling C’ pour les poiriers ; chaque arbre demandera alors 6 à 8 m². Pour les pommiers formés en buisson, il faudra prévoir un espace de 8 à 10 m². La forme en fuseau est donc préférable : elle permet de planter davantage d’arbres sur une même surface. Il existe aussi des pommiers colonnaires dont l‘axe central comporte uniquement de courtes ramifications latérales ; ils se plantent en haie palissée à 60-75 cm d’écartement dans la ligne et avec un espace libre de 1 m de chaque côté.

Pour les espèces à noyau et les cognassiers, l’espace nécessaire à chaque arbre formé en buisson est nettement plus grand : il faudra prévoir au moins 25 m² par arbre en raison de leur vigueur sur les sujets porte-greffe en usage actuellement. Pourtant il existe depuis quelques années des sujets plus faibles, malheureusement peu utilisés dans les pépinières pour amateurs.

En raison de leur grande vigueur, les châtaigniers, noisetiers et noyers, ainsi que les arbres haute-tige ou demi-tige de fruits à pépins ou à noyau ne peuvent être envisagés dans un petit jardin fruitier.

La page ci-contre présente divers modules permettant de composer ou compléter son jardin fruitier en tenant compte des contraintes exposées ci-dessus.

Quelques conseils pratiques

D’autres combinaisons des modules présentés peuvent être imaginées, et leur surface peut être réduite ou augmentée selon l’espace disponible. Ainsi, le module 1 peut être allongé de 1,5 m pour intégrer deux buissons supplémentaires. Le module 2 peut, lui, être prolongé de 2 m afin de lui ajouter 4 groseilliers uni-tiges et 4 framboisiers ou 1 ronce. Allongé de 1,25 m, le module 3 accueillera 2 vignes en plus. Enfin, le module 4 peut être allongé par multiple de 2,50 m en vue de planter 2 pommiers ou poiriers en fuseau en plus.

Afin d’augmenter le nombre de plantes fruitières dans un espace réduit, certains jardiniers font des entre-plantations : des groseilliers entre des pommiers ou poiriers ou espèces à noyau, par exemple. Dans ce cas, faute de suffisamment de lumière et à cause d’une concurrence au niveau des racines, les groseilliers ont une végétation et une production qui laissent à désirer. Il est préférable d’organiser le verger en modules homogènes ayant le même système de conduite.

Comme il a été déjà dit, il est important de passer commande des plants avant la saison de plantation afin d’être certain de recevoir en temps voulu les espèces, variétés et qualité demandées.

Le choix des variétés demande de respecter les règles de fécondation des fleurs. Pour rappel :

– framboisiers et ronces, cognassiers, griottiers et pêchers sont auto-fertiles : un plant se suffit à lui-même ;

– chez les cerisiers à fruits doux et les pruniers, il existe des variétés auto-fertiles, mais d’autres demandent la présence d’une variété pollinisatrice ;

– chez les myrtilles et les espèces à pépins, il convient d’associer au moins deux variétés qui fleurissent en même temps ;

– chez les groseilliers, les plantes sont auto-fertiles, mais l’association de plusieurs variétés semble améliorer la productivité.

Ir. André Sansdrap

Wépion

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