Entre intérêt écologique et agronomique

Ce regain d’intérêt pour les haies trouve bien souvent son origine dans des initiatives individuelles mais celles-ci sont de plus en plus soutenues par des actions du Gouvernement Wallon. Les objectifs de ce dernier dans ce domaine sont d’ailleurs ambitieux. Il suffit de voir la Déclaration de Politique Régionale ou le programme « Yes, we plant ! » (https ://yesweplant.wallonie.be/) qui en émane pour s’en convaincre.

Retours d’expériences

Lors de cette formation, deux agriculteurs ayant décidé, il y a déjà de nombreuses années, de replanter des haies sur leurs exploitations ont partagé leur expérience sur le sujet. Ainsi, Bruno Greindl, agriculteur à Havelange, évoque la faible biodiversité observée sur son exploitation quand il a repris l’activité il y a plus de 35 ans. En effet, l’absence de haies et l’omniprésence des cultures ne fournissaient pas assez d’habitats aux populations d’oiseaux ou d’insectes (entre autres) pour se développer. Même constat pour Luc Loeckx, éleveur viandeux à Havelange, qui après avoir connu les campagnes d’élimination des ligneux des terres agricoles, décide de replanter des haies afin de redévelopper un système apportant des ressources à l’éleveur, à son bétail ainsi qu’à la biodiversité qui gravite autour de l’exploitation.

Pari gagné ? Il faut le croire car les deux exploitants évoquent les nombreux bénéfices qu’ils ont constatés suite à ces changements dans leur manière d’approcher leur exploitation. Limitation de l’érosion, protection contre le vent, canalisation du bétail, appoint fourrager et accueil de la biodiversité sont autant de bénéfices qui ont été observés.

Pour bien l’intégrer dans l’espace agricole

Les deux agriculteurs nous livrent également quelques conseils pour intégrer au mieux la haie dans l’espace agricole. Il faut, par exemple, garder à l’esprit que la haie va s’épaissir au cours des années. C’est d’ailleurs indispensable pour qu’elle puisse remplir correctement ses différentes fonctions. Il faut donc réserver une zone correspondant à la largeur maximale qu’atteindra la haie. Il peut également être intéressant de maintenir une petite zone tampon, de la largeur d’une tête de coupe de part et d’autre de la haie afin de pouvoir l’entretenir. Cette zone tampon permet d’ailleurs de décupler les effets positifs de la haie sur l’érosion et la biodiversité. Assurer une bonne diversité des espèces plantées est également important pour optimiser les services rendus par la haie, notamment en termes d’accueil de la biodiversité.

Au moins trois espèces et deux tiers de plants entomophiles

D’ailleurs, comme le précise Louise Bouland, conseillère plantations chez Natagriwal, présente lors de la formation afin de présenter les mécanismes de soutien financier à la plantation, il est nécessaire de planter au moins trois espèces différentes pour être éligible aux subsides. De plus, deux tiers des plants doivent être entomophiles, c’est-à-dire avoir un intérêt pour les insectes pollinisateurs. Le détail de l’ensemble des conditions nécessaires à la plantation sont disponibles sur le site de Natagriwal (https ://www.natagriwal.be/fr/

plantation/quelques-mots).

Aspects légaux, contexte pédo-climatique et agronomique, objectifs…

Au cours de la journée, Géraud de Streel, chargé de projet à et à l’Awaf, a souligné certains points à prendre en compte lorsqu’on planifie un projet de plantation de haies.

Tout d’abord, il faut se poser la question des aspects légaux tels que le statut de la terre (propriétaire, locataire en bail à ferme…) ou les distances de plantation par rapport aux limites de propriétés (code rural).

Ensuite, il faut s’intéresser au contexte pédo-climatique car ce sont ces conditions stationnelles qui vont définir ce qu’on peut planter et ainsi, guider le choix du porteur de projet. Il faut également considérer les objectifs que la haie doit remplir car ils vont influencer le choix des espèces, la structure de la haie ainsi que son entretien. L’influence des conditions stationnelles et de l’objectif de la haie sur la constitution de celle-ci est abordée avec plus de détails dans la brochure interactive disponible gratuitement sur www.mahaie.be. Cet outil permet d’aider les futurs planteurs à concevoir leur haie.

Enfin, il faut considérer le contexte agronomique (disponibilité d’outils d’entretien sur l’exploitation, lien avec le bétail, possibilité de paillage…) afin d’intégrer au mieux la haie dans l’exploitation.

S’il faut résumer la journée, on peut dire que la haie a définitivement sa place dans l’espace agricole de par ses bénéfices écologiques et agronomiques. En prenant soin de réfléchir à son installation, notamment en intégrant la notion du long terme, on peut profiter de ses bénéfices sans pour autant induire de difficultés majeures par rapport à l’activité agricole.

Enfin, il faut rappeler que l’agriculteur qui souhaite se lancer dans un projet de plantation n’est pas seul ! Il peut être conseillé et accompagné, notamment financièrement.

Pour visionner la vidéo de la formation, rendez-vous sur les comptes youtube de l’Awaf et de Natagriwal.

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