gage de réussite ou d’échec
des levées de semis de juin
Les racines de chicon s’en sortent plutôt bien avec leur très profond enracinement pivotant. De plus, le poids idéal des racines ne doit pas atteindre des sommets pour disposer de lots très conformes aux besoins de la forcerie.
Des conditions météo plutôt favorables
Les conditions météo sèches de l’été ont défavorisé la minéralisation des matières organiques du sol. Les pluies du début de l’automne sont arrivées bien tard. Lors d’années précédentes, les précipitations très tardives avaient amené une forte minéralisation de l’azote avec une influence négative sur les qualités des racines. Il semble bien que ce ne soit pas le cas cette année. Les précipitations ont bien relancé la minéralisation et la libération d’azote. Mais les conditions de température ont permis en parallèle une reprise du grossissement des racines et du développement. C’est donc plutôt favorable.
Malgré cela, le poids par racine est très variable d’une parcelle à l’autre. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces différences. Mais si une semelle de labour ou de pseudo-labour bloque ce développement en profondeur dans une parcelle, la sensibilité à la sécheresse peut être un frein. Cela peut être le cas dans les parcelles qui ont été matraquées lors des travaux de récolte ou de travail du sol en fin d‘année passée.
Les teneurs en matières sèches sont bonnes, c’est favorable pour poursuivre la saison de forçage.
Le chicon peut développer un enracinement profond et performant, le rendant peu sensible aux déficits hydriques.
L’azote, un élément clé de la réussite de la culture
La fourniture d’azote à la culture est un élément-clé de la réussite. C’est la minéralisation des matières organiques du sol qui apporte l’essentiel de ce qui sera consommé par la plante. Or, la minéralisation dépend de l’état de fertilité du sol et des conditions météo qui influencent cette minéralisation. Les précipitations très rares durant plusieurs mois ont défavorisé la croissance, avec e parallèle de fortes teneurs en matières sèches des racines.
La faiblesse des précipitations a joué en faveur du maintien assez sain des collets. Les pluies de septembre et octobre vont impliquer directement l’état sanitaire des racines peu avant l’arrachage. Les quantités de pluies ont été très hétérogènes dans les différentes sous-régions, en même d’un village à l’autre. La minéralisation tardive attendue dans les prochains jours pourrait favoriser les maladies bactériennes du collet (Pectobacterium carotovora entre autres). Il faudra donc bien vérifier l’état de maturité de chaque parcelle indépendamment du planning prévu initialement d’après les dates de semis.
Notons qu’il peut être intéressant de faire analyser, peu après la récolte des racines, le profil à 90 cm du sol pour vérifier que le reliquat après culture est inférieur à 30 U. C’est un bon contrôle a posteriori de la conduite de la culture et du pilotage de la fertilisation en fonction de la richesse du sol et du type de variété concernée (sensible, tolérant ou préférant en besoin azoté). Attendons-nous à des surprises cette année.
En pratique
Le point sur le forçage
La météo de l’année influence l’état des racines dans nos parcelles, en particulier suite à la minéralisation des matières organiques du sol. Quelles en seront les conséquences pratiques ?
À l’examen de fin-octobre, la maturité est plutôt à normale.
Les conditions sèches n’ont que peu permis le développement de plusieurs maladies du feuillage, à l’exception de l’oïdium.
Les sols sont suffisamment humides pour permettre les arrachages en bonnes conditions.
L’eau arrivée en fin d’été et début d’automne a permis aux racines de reprendre du poids avec la reprise de la photosynthèse. La libération tardive d’azote amène une reprise de l’activité végétative et donc un certain recul de la maturité technique au forçage et surtout les risques de développement de maladies bactériennes et des collets gras (Pectobacterium carotovora entre autres).
D’autre part, la sécheresse a amené une remontée capillaire importante emmenant des bases (potasse, chaux, etc.) en surface avec une remontée temporaire du pH La conséquence est un blocage de l’assimilation d’éléments minéraux dont le bore en cours d’été. Cela pouvait être visible au champ avec les nécroses des feuilles centrales du cœur.
Comme lors de trois des quatre dernières années, le puceron des racines a encore été une préoccupation estivale. Les populations ont maintenant migré vers les peupliers pour leur hivernage.
Une particularité de l’année est de voir les chicons rester assez ouverts lors des deux premières semaines de forçage pour ne refermer que vers la fin. Il semble que ce soit dû à une certaine lenteur dans la croissance de l’axe. Serait-ce dû à une teneur limite en bore ou plutôt à un état de maturité imparfait ? Si pour la maturité nous ne savons plus faire de miracle, par contre nous pouvons être vigilants et contrôler la teneur en éléments minéraux de la racine et agir en conséquence. Nous avons connu des situations assez semblables en 2018, en 2019 et en 2020.
Le cas de petites unités de forçage
Dans les petites fermes maraîchères en polyculture, nous installons parfois les couches de chicons dans les serres maraîchères. C’est bien difficile cette année d’y produire des chicons dans les conditions de températures très élevées comme nous les avons connues jusqu’à la mi-novembre. Il faut essayer de jouer avec les apports d’eau fraîche en irrigation souterraine et sur l’épaisseur des couches isolantes en dessus de couche. Mais si la température est élevée au niveau du chicon proprement dit, la qualité et la forme du légume ne sont pas idéales. C’est souvent le cas, mais cette année est particulièrement compliquée pour cet aspect. De toute façon, nous sommes encore trop tôt en saison pour espérer de bonnes conditions de forçage en couches sous serres.
La solution est bien d’aménager des espaces de forçage spécifiques pour cette culture.











