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Appréciées pour leur fraîcheur et leur amertume, elles offrent

une belle souplesse

en termes d’implantation

Les chicorées frisées et scaroles peuvent être cultivées après une autre récolte. Les dates d’implantation sont relativement souples. C’est apprécié cette année, après les conditions météo des derniers mois qui ont malmené les calendriers théoriques des cultures.

Temps de lecture : 7 min

Ces deux types de chicorées apportent des légumes appréciés pour leur fraîcheur et leur légère amertume, ils sont cultivés depuis longtemps en Wallonie.

Leur emploi en quatrième gamme, depuis trois décennies, en a relancé l’intérêt auprès du public et donc la sélection variétale.

Ces chicorées ont toute leur place dans l’assortiment des fermes maraîchères diversifiées.

« Très fine maraîchère » et « Frisées Wallonne » très demandées

Plusieurs types variétaux nous sont proposés par les maisons de sélection. La demande est plus large pour les types ‘Très Fine maraîchère’ et les ‘Frisées’ dont le type ‘Wallonne’. En scaroles, les types ‘Grosse Bouclée’ sont bien adaptés à la culture estivale et de début d’automne ; le type ‘Géante maraîchère’ supporte bien le froid de l’automne.

Une rotation de trois ans minimum

Une rotation de trois ans au moins est conseillée, notamment pour limiter les risques de maladies liées au sol comme celles dues à Sclerotinia et aussi Rhizoctonia.

Nous devons tenir compte de la présence possible de Sclerotinia sclerotiorum. Ce champignon est polyphage et peut s’attaquer à une large gamme de légumes différents, à des grandes cultures comme le colza, la pomme de terre, le tournesol, le pois et à des plantes sauvages.

Sclerotinia minor s’attaque à moins d’hôtes différents, mais plusieurs légumes cultivés chez nous sont concernés. Le niveau des attaques est étroitement corrélé avec le nombre de sclérotes initialement présents dans le sol. Les contaminations se font souvent par le mycélium issu des sclérotes se trouvant à proximité des feuilles basses des plantes sensibles (laitues, frisées…).

Ces sclérotes doivent avoir séché durant un certain temps avant de pouvoir germer. Sclerotinia minor est aussi favorisé par les rotations courtes, par exemple en laitues sous abris. Les vieilles feuilles sénescentes (feuilles de la base, feuilles abimées suite à des attaques de Bremia) sont les points de départ privilégiés de la maladie.

Les mesures prophylactiques font intervenir des principes agronomiques généraux et l’hygiène d’exploitation. Les céréales ne sont pas sensibles à Sclerotinia et permettent de couper la rotation maraîchère. En théorie, nous devrions essayer de cultiver au maximum trois cultures sensibles à Sclerotinia par dizaine d’année, mais c’est pratiquement impossible dans les petites fermes maraîchères. Si des dégâts importants de sclerotinioses sont déplorés dans une parcelle, nous devons tenter de ne pas y cultiver de cultures sensibles durant quatre années.

La fumure azotée raisonnée permet d’éviter une luxuriance excessive de la végétation, elle-même favorable au maintien d’une importante humidité au sol. La minéralisation des matières organiques avec libération d’azote a repris avec l’arrivée des pluies, à la faveur des températures douces, avec de fortes variations sous-régionales.

Si nous devions déplorer l’apparition d’un foyer de quelques plantes atteintes, il est vivement conseillé de les enlever avec beaucoup de soins et de précautions, de les évacuer hors de la zone de production, et d’assurer leur destruction ou désinfection. Cette précaution vaut en particulier pour les débris végétaux portant déjà des sclérotes. Ceci est possible tant que le nombre de foyers reste limité.

La lutte biologique par application de micro-organismes antagonistes microbiens concerne Corrithyrium minitans, aussi bien vis-à-vis de Sclerotinia minor que S. sclerotiorum. Il s’agit d’un parasitisme. C. minitans émet des suçoirs qui pénètrent dans l’organisme cible. L’inoculum primaire de l’agent pathogène diminue en densité. L’efficacité globale dépend de la densité en sclérotes de départ. Si elle est très élevée, le traitement devra être renouvelé pour la culture suivante.

Des fongicides sont homologués en lutte préventive et curative au début des contaminations. Voir fytoweb.be.

Les densités de plantation diffèrent selon la saison et la variété

La motte est enterrée aux deux tiers de sa hauteur. Un arrosage immédiat améliore le contact entre la motte et le sol.

La densité de plantation est de 5 à 8 plants/m² en plein air et 8 à 12 plants /m² sous tunnel maraîcher. Les densités de plantation sont plus faibles en été pour s’adapter aux plus grands volumes des pommes. Elles varient selon la variété.

Pailler son sol

Le paillage plastique du sol est coûteux et problématique à éliminer, mais il permet de réduire les risques de pourriture du collet, de rhizoctone et d’améliorer la propreté du légume. Il permet également une maîtrise de l’enherbement.

Les paillages en carton donnent de bons résultats tout en épargnant la difficulté liée au ramassage des films plastiques.

Les voiles de forçage protègent aussi les plantes de l’évaporation si le temps redevenait ensoleillé et protègent le sol des risques de battance. Ils peuvent rester quelques semaines en place.

Les apports en eau importants

Les apports d’eau sont très importants pour la réussite desdites cultures. Nous utilisons généralement les asperseurs. Leur usage régulier dans le temps doit permettre d’éviter le tip burn et les pertes de rendement, tout en concourant à limiter la montaison.

Les premiers arrosages sont destinés à assurer la reprise après la plantation. Ils sont ensuite moins fréquents durant les semaines d’enracinement, jusqu’au stade 10 feuilles. Ils redeviennent ensuite fréquents jusqu’à la récolte. L’emploi de deux tensiomètres placés à 15 et 30 cm de profondeur permet de piloter les irrigations. Nous pouvons arroser dès le dépassement de 15 cb (centibar) à 15 cm de profondeur durant la phase de reprise après plantation. Ensuite, nous pouvons nous baser sur un déclenchement à 30 cb à 30cm cm de profondeur.

Le bassinage consiste à maintenir la plante humide en permanence durant les heures les plus chaudes de la journée. Ils visent la prévention de la nécrose de la couronne intermédiaire, physiologiquement en lien avec un manque de mobilité du calcium dans la plante. Les asperseurs sont mis en fonctionnement brièvement mais de manière répétée durant la journée pour apporter 0,2 à 0,4 mm par action. Le bassinage démarre à la moitié de la période de culture et se poursuit jusqu’à la récolte. Exceptionnellement, par journée très chaude le rythme peut augmenter jusqu’à une dizaine d’interventions par jour. Dans ce cas, nous démarrons la première action vers 9h30 du matin et agissons jusque 17h. On évite d’arroser ensuite pour que les plantes se ressuient pour la nuit. Les brumisateurs ou arroseurs sont les mêmes que ceux qui servent à l’irrigation classique.

Blanchir des plantes sèches

L’objectif du blanchiment est d’obtenir au moins un tiers de blanc en frisées pour le marché du frais, davantage pour la 4e gamme. L’opération consiste à priver le cœur de la chicorée de luminosité. Les feuilles et parties de feuilles concernées jaunissent et blanchissent en quelques jours : 6 jours en fin d’année. Cette opération comporte d’importants risques de pourritures par manque d’aération. Il convient d’opérer de préférence sur des plantes sèches.

Certaines variétés blanchissent facilement et une densité de plantation un peu élevée suffit à faire se refermer la pomme. Le pot de terre est la technique traditionnelle de nos régions, avec l’inconvénient de la charge des manipulations et du bris des poteries ; les variétés nouvelles nous en dispensent souvent. Il est souvent remplacé par le lien élastique placé et enlevé à la main. Les bâches plastiques de couverture donnent des résultats variables dépendant de l’humidité naturelle du site.

La récolte manuelle la plus fréquente

Les récolteuses mécaniques ne sont utilisables que dans les très grandes entreprises spécialisées.

La récolte manuelle est la plus fréquente chez nous. Elle demande une heure au moins par 10 m² de culture, parage, rangement des pots et encaissage compris. C’est un ordre de grandeur dépendant de l’organisation du chantier. Ce rendement est moins bon en automne lorsque les plantes sont humides. Selon l’époque de l’année, le poids souhaité par chicorée est différent. En début de saison, le poids de 350 g peut convenir pour emplir 10 unités dans une caisse réutilisable (type EPS) médium. Le poids souhaité passe ensuite de 450 à 850 ou 1.000 g destiné à être présenté à raison de 8 ou 6 pièces en caisses réutilisables hautes.

Rapidement après la récolte, les chicorées sont rincées à l’eau très fraîche et entreposées dans les caisses à 1ºC.

Maladies et ravageurs

Sclerotinia et Botrytis

Sclerotinia est le plus souvent en cause, notamment S. minor. Ces champignons s’attaquent au collet, la plante flétrit et meurt.

Botrytis progresse via les feuilles sénescentes et atteint les nervures principales des autres feuilles.

La lutte préventive avec les antagonistes donne de bons résultats. Les fongicides sont d’autres solutions (voir fytoweb.be).

Bactérioses

Plusieurs bactéries peuvent s’étendre sur les pommes de chicorées. Le plus souvent, elles sont des infections secondaires après une autre attaque de maladie voire de ravageurs.

Oïdium

Erysiphe cichoracearum se propage au départ de foyers dans la parcelle ou depuis des plantes sauvages de la famille des Astéracées.

F.

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