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Femmes en agriculture : rendre visible l’invisible

Face aux inégalités persistantes entre hommes et femmes dans le secteur agricole, la commission a invité la Wallonie à renforcer ses actions en faveur des agricultrices dans le cadre de la Pac. C’est dans ce contexte qu’est né le groupe de travail « Femmes en agriculture », porté par l’asbl Natagriwal pour le Réseau wallon Pac. Son ambition est d’écouter, valoriser et accompagner les femmes du secteur afin de leur donner la place qui leur revient. C’est aussi une occasion de les célébrer le 15 octobre à l’occasion de la journée de la femme rurale.

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Les témoignages recueillis lors de quatre soirées régionales et d’un sondage en ligne (près de 150 réponses) sont sans appel. Beaucoup d’agricultrices évoquent le manque de crédibilité dont elles souffrent encore. « Il faut avoir un caractère vraiment fort, nous devons lutter deux fois plus pour le même résultat », raconte l’une d’elles.

La reconnaissance légale et financière reste également insuffisante. Plusieurs soulignent que le travail invisible – de la traite aux soins vétérinaires en passant par la gestion familiale – n’est pas reconnu à sa juste valeur. « Quand j’ai voulu acheter mon tracteur, le vendeur ne s’adressait qu’à mon mari, alors qu’il s’y connaît bien moins que moi », témoigne une autre. Et d’ajouter : « Outre les 70 heures de travail hebdomadaire à la ferme, il faut encore assumer le ménage, l’éducation des enfants, les repas, les rendez-vous médicaux… Les agricultrices doivent tout gérer ».

Go Agriculture : un collectif inspirant

De ces rencontres est né Go Agriculture, un groupe d’agricultrices hesbignonnes animé par l’envie de partager leur quotidien, transmettre leur passion et sensibiliser la jeune génération aux réalités de l’agriculture d’aujourd’hui et de demain. Porté par le Gal Jesuishesbignon.be, ce projet illustre aussi le rôle clef des Gal dans le soutien au monde rural et dans la mise en valeur des initiatives locales.

Temps, statut et reconnaissance

Deux préoccupations dominent parmi les réponses : le manque de main-d’œuvre qualifiée dans les périodes difficiles et la gestion du temps, particulièrement complexe pour celles qui cumulent de multiples responsabilités (figure 1). « Le plus dur en tant que femme agricultrice est de savoir gérer son temps entre le travail quotidien à la ferme, les enfants en bas âge, les tâches ménagères, les repas, les papiers et parfois même un emploi à temps partiel à l’extérieur. J’ai très peu de temps pour moi », résume une participante.

Au-delà de ces urgences, la question du statut reste sensible. Le régime de « conjoint aidant » a certes permis de reconnaître une partie de la main-d’œuvre féminine, mais il perpétue une vision patriarcale et offre une protection sociale limitée. « Mon travail est différent de celui de mon conjoint, mais pas moindre ni moins important. Or, le revenu n’est pas le même… Et il ne me plaît guère d’être considérée comme juste une aidante », déplore une agricultrice.

Créer du lien pour mieux avancer

Le besoin d’échanges et de socialisation revient également comme une priorité. Beaucoup expriment combien le contact avec le monde extérieur leur manque. « Nous avons besoin d’échanger avec d’autres femmes qui vivent les mêmes réalités », souligne l’une. Une autre ajoute : « Nous avons besoin de reconnaissance et de socialisation. Je ne pensais pas que le contact avec l’extérieur me manquerait autant. »

Actif depuis avril 2024, le groupe de travail « Femmes en agriculture » prévoit de multiplier les actions jusqu’en 2026. N’hésitez pas à contacter Catherine Richard si vous désirez en savoir plus, via cette adresse : c.richard@reseauwallonpac.be.

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