encore de grandes tensions mais…

Miser sur le travail de prévention des attaques
Le Réseau Loup, une plateforme d’experts mise en place en 2017 par le SPW, rassemble notamment, outre l’administration wallonne, des représentants du secteur agricole et des chasseurs, des associations naturalistes et des scientifiques. Si les sensibilités varient en son sein, « les débats sont sereins et il n’y a pas de dissension fondamentale », assure Nicolas Yernaux, qui met en avant le travail de prévention des attaques de loups mené par Natagriwal auprès des éleveurs.
Preuve de l’efficacité de ce travail de prévention : « en 2021, pendant la période de naissance des louveteaux – qui est une période à risque –, on a dénombré huit attaques de loups en Wallonie et 31 victimes parmi la faune domestique, des moutons principalement. Cette année, alors que la période la plus à risque touche à sa fin, on a recensé seulement deux attaques et trois victimes. Jusqu’ici, la plupart des attaques émanent plutôt de loups dispersants, c’est-à-dire qui ne sont pas établis durablement en Wallonie. Mais beaucoup de choses peuvent être mises en place pour éviter les dégâts. »
Vers un changement de statut du loup
Du côté des éleveurs, Nicolas Marchal, chargé de mission Ovin et Caprin du Collège des producteurs, confirme qu’abattre plus de loups « n’a pas grand intérêt pour le moment en Wallonie. Il y en a peu et les routes en éliminent déjà pas mal. La priorité n’est pas de les abattre mais de limiter les dégâts », relève-t-il, interrogé par Belga. Néanmoins, les éleveurs sont plutôt demandeurs d’un changement de statut du loup pour éviter les difficultés à l’avenir, soutient-il.
« On annonce jusqu’à 30 meutes établies en Wallonie, contre deux aujourd’hui. Modifier des règles européennes, ça prend du temps, donc il faut agir maintenant. C’est vrai qu’il est possible d’abattre un loup dans le cadre légal actuel, mais les conditions sont très restrictives », pointe Nicolas Marchal, qui s’inquiète du maintien des indemnisations octroyées en cas d’attaque.
La plateforme Grands prédateurs, le consortium qui représente les associations naturalistes au sein du Réseau Loup, n’a pas encore réagi à l’annonce de la Commission européenne. Ses membres rappellent régulièrement le rôle positif pour la biodiversité des loups, dont les populations restent très vulnérables. Ils estiment que ce grand carnivore peut tout à fait cohabiter avec les humains et leurs élevages, à condition que des mesures de prévention soient prises.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a quant à elle mis en garde contre le « réel danger » des meutes de loups dans l’Union européenne, annonçant une possible révision du statut de protection de cet animal (lire également ci-contre). Les communautés locales, scientifiques et toutes les parties intéressées ont été invitées à soumettre des données actualisées sur les populations de loups et leurs impacts. La Commission européenne décidera ensuite si elle propose de modifier le statut de protection du loup. Elle n’a pas précisé si cette modification pourrait avoir pour objectif de faciliter l’abattage de ces mammifères sauvages.
