des bénéfices entre les différents acteurs

Et lorsque vous exprimez votre colère dans les rues avec vos tracteurs devant l’entrée des dépôts de la grande distribution, devant le parlement wallon, ici aussi, vous attirez la sympathie d’une partie de citoyens qui tentent de comprendre quelles sont les causes des difficultés auxquelles vous devez faire face. Critiqué, lorsque les coulées de boue envahissent les maisons lors de fortes précipitations, pour l’usage de pesticides, l’installation de grands élevages de veaux, cochons, poulets qui ne verront jamais le soleil et qui seront nourris par des aliments importés. Cette double attitude vous met en colère.
Une partie d’entre vous a choisi un autre chemin
Depuis plus de 40 ans, certains d’entre vous ont développé des techniques agricoles alternatives dont le bio. Ils sont de plus en plus nombreux et soutenus par une partie de la population. En circuit court, ils vendent leurs productions à la ferme ou des coopératives. Ces supérettes et groupement d’achats se multiplient dans nos villes dans nos villages. Des jeunes non issus du monde agricole se joignent à ce mouvement. Ils reprennent des terres cultivent et élèvent des animaux en bio. Le développement de toutes ces fermes et leur croissance viennent amplifier les critiques pour les autres agriculteurs qui ne sont pas en bio qui commercialisent avec l’agro-industrie et la grande distribution
Un face-à-face sans issue ?
D’autres les minimisent. Invoquent l’impérieuse nécessité économique. Il est vrai que les chiffres en témoignent. Le secteur agroalimentaire en Belgique en 2022, c’est 75,9 milliards d’euros, 100.546 emplois.
Sans issues ?
Durant toute votre carrière, vous avez cherché et vous avez trouvé des issues. Aujourd’hui, votre colère s’adresse aux responsables politiques qui, par leurs décisions liées à la protection de l’environnement, vous amènent à devoir remplir une paperasserie toujours plus complexe et qui conditionnent l’accès aux diverses subventions dont vous avez bien besoin. Votre colère va aussi vers ceux qui, manifestement, gagnent très bien leur vie et s’enrichissent dans les filières que vous alimentez.
Un système de domination très sophistiqué
Les filières de production transformation distribution des produits alimentaires fonctionnent très bien pour une partie des acteurs. Les résultats chiffrés en témoignent. Mais tous les risques : mauvaises récoltes, maladie dans le bétail, augmentation des prix de l’énergie, etc. sont pour vous.
L’augmentation continue : pollution des sols et de l’eau sont aussi pour vous puisque ce sont les ressources naturelles de base dont vous avez besoin pour vos cultures, vos élevages. En amont de vos fermes, ils sont très nombreux les marchands : de produits phytosanitaires, de matériel agricole, d’aliments pour le bétail, etc. qui gagnent leur vie grâce à vous. Vous êtes le « socle » de toute une partie de notre économie.
Pour quel avenir…
Les pertes accumulées de la biodiversité sont des dangers à ne pas négliger : fertilité des sols, extinction des pollinisateurs, etc. Mais les techniques alternatives qui permettent de réduire, voire d’annuler ces dégâts, coûtent plus cher en main-d’œuvre. Jusqu’ici, vous avez su faire face. Vous êtes un bosseur et un entrepreneur.
À ce jour vous ne voyez pas très bien les marges de manœuvre possibles pour en sortir. Les donneurs de leçons vous agacent. Quant aux syndicats agricoles, ils oscillent entre la défense bec et ongles du métier mais sans changer le cadre de cette agriculture exportatrice, sans remettre en question la répartition des subventions de la Pac de façon pertinente.
Et si on se parlait…
Pour y voir plus clair, il faut prendre du recul, sortir du cadre habituel, regarder les problèmes sous un autre angle Il nous faut, dans les prochaines années, équilibrer la répartition des bénéfices entre les différents acteurs des filières agroalimentaires, réorienter les subventions de la Pac pour retrouver des fermes solides sur le plan économique et régénératrices de la biodiversité.
Ce qui nous manque, ce sont les étapes à mettre en place pour y arriver. Si on en parlait ?
Énergie & Développement local
Chercheur-associé d’Etopia
