Une aide plus ciblée vers« ceux qui en
ont besoin » !
Les conclusions du dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture ont été remises à la présidente Ursula von der Leyen. Ce rapport appelle à revoir le fonctionnement de la Politique agricole commune. Parmi ses recommandations ? Mieux cibler les soutiens financiers pour aider les exploitations « qui en ont le plus besoin ».
Le dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture avait été lancé en début d’année, rassemblant 29 acteurs de l’agroalimentaire, du monde rural ou encore des organisations de défense de l’environnement. Piloté par l’universitaire allemand Peter Strohschneider, le document présenté réclame une réforme structurelle de l’actuelle Politique agricole commune et ses 387 milliards d’euros de financement.
Ainsi, plutôt qu’un calcul des aides en fonction de la taille des exploitations, le rapport recommande une aide au revenu beaucoup plus ciblée vers les agriculteurs « qui en ont le plus besoin » afin d’empêcher l’abandon des exploitations et leur permettre de disposer d’un revenu décent. Par « ceux qui en ont le plus besoin », l’étude cible en particulier les petites fermes et les exploitations mixtes, les jeunes agriculteurs, les nouveaux entrants, mais aussi les professionnels installés dans les zones soumises à des contraintes naturelles.
Par ailleurs, ce document recommande de faire gonfler considérablement le soutien financier aux actions en faveur de l’environnement et du climat, et de se baser sur « des résultats quantifiables à l’aide d’indicateurs solides ».
Davantage de cohérence dans la politique commerciale de l’UE
Autre mesure phrase du rapport : créer des fonds financés en dehors de la Pac pour soutenir les investissements vers la durabilité du secteur.
De plus, ce document va au-delà de l’examen du fonctionnement de la Pac puisqu’il demande de veiller à une « plus grande cohérence » entre la politique commerciale de l’UE, d’une part, et sa politique de durabilité, d’autre part. Ces dernières années, les grands accords commerciaux à l’international ont, en effet, systématiquement fait l’objet de virulentes critiques, accusés d’autoriser l’entrée dans l’Union de produits ne respectant pas les mêmes normes. « La Commission européenne doit mieux reconnaître l’importance stratégique de l’agriculture et des produits alimentaires dans les négociations commerciales, entreprendre un réexamen complet de ses stratégies de négociation et revoir sa méthode d’analyse d’impact avant les négociations commerciales », estiment les acteurs du dialogue stratégique.
Des réactions positives…
Parmi les professionnels de l’agriculture, les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca) se sont félicitées de l’adoption de ce document, soulignant avant tout le changement de méthode et le point de départ du développement d’une « vision agroalimentaire » par la Commission européenne. La présidente du Copa, Christiane Lambert, a appelé à utiliser le contenu comme une base pour construire « une vision plus équilibrée et stratégique de l’agriculture et de l’alimentation ». Pour les jeunes agriculteurs européens (Ceja), le sentiment est plutôt partagé. Néanmoins, ces derniers se réjouissent en particulier du caractère central de la question du renouvellement des générations, leur priorité.
De son côté, l’Ong Greenpeace a apporté son soutien, jugeant le fonctionnement actuel « stupide » car trop favorable aux « fermes usines ».