Ainsi, la part de l’agriculture bio reste variable d’un État membre à l’autre. Par exemple à Malte, où elle ne représentait que 0,6 % de la surface agricole utile, alors que sur la même année, 2022, en Belgique elle était de 7,6 %.
De plus, selon la Cour des comptes, il n’y a pas de vision stratégique au-delà de 2030, à part l’objectif des 25 % des surfaces agricoles consacrées au bio. Et actuellement, les ambitions très variables d’un pays à l’autre ne permettent pas d’envisager d’atteindre ce but. « Le taux de croissance annuel actuel de l’agriculture biologique devrait doubler ».
Toujours d’après la Cour des comptes, les soutiens financiers ont insuffisamment servi à développer le marché des produits biologiques, alors que c’est un élément essentiel pour inciter davantage d’agriculteurs à se convertir.
Les auditeurs se sont aussi rendus en Roumanie, en Pologne, en Autriche et en Italie. Ils y ont observé que les règles n’y étaient pas appliquées de manière cohérente, permettant par exemple à des agriculteurs de percevoir des financements destinés au bio sans respecter les principes de rotation des cultures ou les règles plus strictes de respect du bien-être animal. D’autres multiplient les dérogations pour utiliser des semences non biologiques.
4 % du marché alimentaire de l’UE
« Selon une étude financée par l’UE en 2021, entre 23 % (pour l’avoine) et 75 % (pour les carottes) des semences achetées par les agriculteurs biologiques de l’UE seraient non biologiques », peut-on lire dans le rapport. Dans les quatre États examinés, « le nombre de dérogations a généralement augmenté proportionnellement à la superficie des terres cultivées en agriculture biologique ».
À cause des différentes failles observées, la production biologique reste actuellement « une niche » : en 2022, ces produits représentaient environ 4 % de l’ensemble du marché alimentaire de l’UE. Le marché est d’ailleurs très inégalement développé d’un pays à l’autre.
Dans ses recommandations, la Cour des comptes européenne suggère, entre autres, à la Commission de rediriger la Pac après 2027, en encourageant notamment les États membres à « lier plus étroitement » ses financements aux besoins qu’ils ont recensés pour le secteur biologique. En 2025, la Commission devrait avancer ses propositions législatives pour la Pac post-2027 qui devrait « mieux intégrer les objectifs environnementaux et de marché de l’agriculture biologique ».











