Le jeudi 20 avril fera date dans l’histoire de la famille Devillers qui depuis trois générations pratique l’élevage et l’engraissement en race BBB à Ligney, dans l’entité de Geer, entre Waremme et Hannut. « C’est un immense honneur que de recevoir dans notre exploitation une délégation de personnalités aussi importantes, reconnaissait d’emblée Denis Devillers, au moment d’accueillir, accompagné de nombreux membres de sa famille, le ministre chinois Han Changfu, qui foulait pour la première fopis le sol de notre pays.
Une visite de terrain souhaitée
Notre ministre fédéral de l’Agriculture rappelle que la Belgique et la Chine ont établi depuis quelques années de solides relations dans le secteur de l’agriculture. « Ces liens de confiance ont notamment permis la signature d’un memorandum pour l’exportation de viande de porc belge vers la Chine (NDLR : voir notre article en page 7). Fort de ce résultat, nous avons introduit un dossier pour l’exportation de viande bovine. »
Grandes cultures et légumes
Denis Devillers : « Notre exploitation familiale repose sur trois piliers : l’élevage et l’engraissement en race BBB, des grandes cultures classiques de la région (froment, betteraves, pommes de terre pour le marché du frais, maïs…) et enfin des cultures maraîchères pour le marché du frais et la surgélation (épinards, carottes, fèves de marais, cerfeuil, haricots…). Nous participons également à des essais variétaux et phytotechniques avec le Centre provincial liégeois de productions végétales et maraîchères.
Les légumes et les pommes de terre destinées au marché du frais sont irrigués.
BBB en circuit fermé
L’élevage est réalisé au maximum en circuit fermé, avec une parfaite traçabilité. La plupart des animaux naissent dans l’exploitation et y restent jusqu’à leur destination finale. La reproduction est assurée de manière naturelle par des taureaux achetés à l’extérieur pour garantir une bonne génétique et éviter la consanguinité.
La commercialisation des taureaux à l’engraissement passe par un marchand, qui travaille avec la grande distribution mais aussi des petits bouchers. Les lots de taureaux partent pour l’abattoir vers l’âge de 20 mois, en fonction de leur état d’engraissement et du marché.
Nourris au seau
Les césariennes représentent 90 % des vêlages. Un suivi de fécondité est réalisé tous les mois sur les mères. Tous les veaux sont maintenus dans l’exploitation, les génisses pour l’élevage et les mâles pour l’engraissement.
Au cours des premières semaines, les veaux sont logés dans des boxes individuels et nourris au seau et plus sous la mère. Cela permet d’accélérer le retour en gestation et facilite le suivi des animaux : quantité de lait ingérée, état sanitaire, etc. Ils sont ensuite logés par 3 ou 4.
Priorité à l’autonomie
En avril 2009, les Agences pour la sécurité de la chaîne alimentaire belge et chinoise signaient un protocole pour l’exportation de viande de porc belge vers la Chine. Après de nombreuses années de négociations et autres péripéties, Willy Borssus a signé en 2015 le mémorandum pour l’exportation de viande porcine en Chine. En 2016, les premiers conteneurs de viande porcine ont été expédiés vers la Chine.
Sont aujourd’hui concernés les deux plus grands groupes en Belgique, le Belgian Pork Group et Noordvlees Van Gool. Ces deux groupes représentent plusieurs abattoirs et plus de la moitié de la production et de l’abattage de porcs en Belgique. En termes de chiffres les perspectives d’exportation sont de 150.000 tonnes à l’horizon 2018, ce qui multiplierait par plus de cinq les exportations actuellement possibles.
D’autres mémorandums sont en préparation, d’une part, avec la Chine concernant le 5e quartier, soit les abats et, d’autre part, concernant l’extension de la liste autorisée à exporter.
Pourquoi pas aussi notre viande bovine!
La visite informelle mais très concrète organisée ce 20 avril dans une exploitation familiale spécialisée dans l’élevage et l’engraissement de BBB intervient dans le cadre des contacts que notre pays développe avec la Chine pour accroître ses exportations vers le géant asiatique.
« Nous avons initié cette démarche pour la viande de porcs, avec des résultats probants depuis 2015 (voir aplat ci-dessus), et nous l’élargissons à la viande bovine », indique le ministre fédéral de l’Agriculture Willy Borsus. « Les contacts noués de cette manière, en toute transparence, participent à démontrer aux autorités et experts chinois l’excellence de nos pratiques d’élevage, de notre système de traçabilité et de la qualité supérieure de notre viande bovine, dans le respect de pratiques durables. La garantie de sécurité sanitaire est une priorité pour les services chinois homologues à notre Afsca. Pour pénétrer des marchés à l’export, et plus encore dans ce cas bien précis, il faut pouvoir répondre à des normes sanitaires particulièrement strictes. »
Face aux difficultés rencontrées par les éleveurs wallons, le ministre plaide auprès des consommateurs belges en faveur du made in Belgium, mais il juge qu’une partie de la réponse à la crise doit venir également des marchés à l’exportation. « Nous sommes particulièrement actifs dans nos négociations avec la Chine, mais aussi avec le Japon et le Vietnam. Ces ouvertures de débouchés vers l’extérieur sont des signes positifs pour notre marché et pour les prix de nos productions. Le marché chinois est actuellement faiblement consommateur de viande bovine, il est bien davantage tourné vers la viande porcine et la volaille, en ce compris les morceaux que nous ne consommons habituellement pas. »
En effet, comme ne manqua pas de souligner l’ambassadeur Qu Xing, « dans le passé, c’est essentiellement la population musulmane de la Chine qui consommait de la viande bovine. Mais l’accroissement du niveau de vie général de la population offre depuis une dizaine d’années l’opportunité à un nombre croissant de consommateurs de diversifier sa consommation de viande. »
« C’est ce nouveau marché que nous visons plus particulièrement, souligne le ministre Borsus. ».