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« Appliquer l’engrais au bon endroit et uniquement en cas de

nécessité »

À Mettet, Hugo Deprée gère son exploitation agricole avec une certaine curiosité pour les nouveautés. Depuis 2020, il a acquis un outil d’aide à la décision (OAD) pour l’épandage de l’engrais minéral :

le CropXplorer.

Temps de lecture : 4 min

Ce fermier possède une exploitation agricole de 300 ha, avec principalement des céréales, des betteraves et du colza. Hugo Deprée travaille en conventionnel raisonné, au maximum sans labour. Et de détailler sa manière de travailler: « On calcule toujours le gain que l’on peut espérer par rapport au coût du produit appliqué et de l’impact sur l’environnement. Je prends le soin d’apporter uniquement ce dont la culture a besoin. Cela ne sert à rien de mettre plus que nécessaire. »

De nature curieuse, il s’intéresse aux nouvelles machines qui débarquent dans le monde agricole, et qui peuvent l’aider à être d’autant plus minutieux dans ses pratiques. Sa dernière acquisition, « sur un coup de folie », précise-t-il, est le CropXplorer. Cet outil permet de calculer la dose optimale d’azote à épandre sur les cultures. « À chaque fois que l’on a évolué dans une nouvelle technologie, cela nous a apporté un «plus» dans cette optique de travailler de manière raisonnée et bienveillante pour l’environnement. Ici, c’était encore pour gagner en précision », développe l’agriculteur. Notons que pour l’instant, cet outil est encore très peu répandu en Wallonie.

Comment cela fonctionne-t-il ?

Chez M. Deprée, le CropXplorer est principalement utilisé en céréales. La machine est dotée de deux capteurs actifs qui émettent des rayons infrarouges pour scanner la culture. Les bras avec les capteurs se déploient à l’avant du tracteur, de part et d’autre du véhicule. Les capteurs peuvent alors être réglés de deux manières : soit ils détectent le taux de chlorophylle de la culture, soit sa biomasse.

Pour le premier passage, l’agriculteur applique la même dose d’engrais partout. Ensuite, l’outil d’aide à la décision intervient. « Pour la deuxième application, on lui demande de travailler sur la chlorophylle. Sur les zones qui sont très vertes et donc bien alimentées en azote, on appliquera moins d’engrais. Et à l’inverse, pour celles moins vertes, on augmentera la dose. Et pour la troisième application, on joue sur la densité de la végétation. La réflexion est inversée. Sur les endroits où la densité est plus forte, l’épandeur augmentera la quantité d’engrais pour optimiser le remplissage des grains là où la céréale s’est bien développée. Quand elle est plus faible, la dose sera diminuée. S’il y a moins de plants à nourrir, il n’y a plus besoin d’apporter une grande quantité d’azote », raconte-t-il.

Il garde tout de même la main sur le réglage en choisissant la marge d’application de l’engrais. Il choisit de calibrer la machine sur un minima et un maxima à épandre, en fonction de ce qu’elle détecte. L’information scannée par les capteurs est envoyée dans un ordinateur à l’intérieur du tracteur, lui-même relié à au terminal de gestion de l’épandeur. Ce dernier peut donc ajuster automatiquement la quantité d’engrais épandue à droite et à gauche.

Un investissementpour l’environnement

Le seul frein possible au développement de cette machine est son coût. L’outil d’aide à la décision représente un investissement pour l’agriculteur, qui pourra être rentabilisé sur le long terme. M. Deprée n’a pas établi de calcul de rentabilité précis. Il se base sur les constats directs qu’il peut faire et ce que cela lui apporte dans sa pratique.

« Cette année, j’avais évalué un apport de 270 kg d’engrais minéral à l’ha pour la deuxième application. C’est ce que j’aurais mis de manière classique, sans le CropXplorer. On lui a demandé de varier de plus ou moins 70 kg par ha en fonction de ce qu’il détectait. Au final, on a épandu 240 kg d’engrais par ha. Cela représente déjà une économie de 30 kg/ha. C’est une quantité que j’aurais apportée en excès et qui se serait retrouvée dans l’environnement sans profiter à mes céréales », ajoute l’agriculteur.

« Depuis l’utilisation de cet outil, on remarque que l’on a une céréale plus régulière. Ici, nous avons des types de sols très variables sur 50 m. On a donc souvent des différences dans la culture. Grâce à la machine, on obtient une culture beaucoup plus homogène. À mon avis, cela a un bon impact aussi sur la qualité de ma céréale », précise-t-il. Bien que coûteux, l’investissement en vaut donc parfois la peine. En tout cas, Hugo Deprée n’a aucun regret : « Dans une démarche écologique et raisonnée, placer l’engrais à la bonne place et ne pas en appliquer quand il n’y en a pas besoin, cela me satisfait ! ».

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