une nouvelle filière
wallonne basée
sur le tournesol

L’union des forces avant la recherche de solutions
Il est en effet primordial que l’industrie participe à la prise de risque qu’engendre le développement de ces nouvelles filières et qu’elle soutienne des projets porteurs d’avenir. Bister l’a bien compris. Après la relocalisation de la moutarde alimentaire en Belgique, l’entreprise est fière de lancer une mayonnaise Bio à base d’huile de tournesol 100 % belge. « Quand Arthus de Bousies, CEO de Bister, nous a annoncé vouloir développer une deuxième filière, nous étions tellement enthousiastes que nous avons contacté Carrefour et Déli Traiteur dans la foulée afin de les inclure dans ce nouveau chapitre. En effet, c’est toute la chaîne de valeur qui doit se mobiliser pour le lancement d’un nouveau produit qui soutient la transition. » rappelle Donatienne van Houtryve, CEO de la coopérative Farm For Good.
Clotilde de Montpellier, fondatrice de Farm For Good insiste « La coopérative a été créée pour aider les agriculteurs à résoudre l’équation tentant d’allier biodiversité, régénération du sol, alimentation locale et saine, dans un contexte de prix fluctuants et de débouchés pas toujours présents. Nous essayons d’y travailler avec l’aide de toute la chaîne de valeur. Aujourd’hui est un jour important car il permet de rassembler tous les acteurs qui participent à cette filière particulière du tournesol et qui ont envie d’aider les agriculteurs prenant des risques sur le terrain. C’est une chance d’avoir des entreprises qui cherchent à relocaliser un maximum de matières premières. Avec les années, nous avons construit une relation de confiance avec elles. C’est grâce à des partenariats long termes comme celui-ci qu’on arrivera à faire évoluer le secteur vers un système plus pérenne. Tout cela démontre également l’importance de se mettre en marche et d’unir ses forces. Au-delà de la grande qualité du produit, ce pot a une valeur symbolique pour la transition agroécologique. »
Etienne Frippiat, agriculteur à Falaën et cultivateur de tournesol ajoute aussi: « En tant qu’agriculteur, c’est une fierté de voir comment sont valorisées nos productions. Nous n’avons pas l’habitude de collaborer avec l’industrie. On se rend compte qu’en communiquant de façon transparente, il est possible de faire converger nos visions. Cela passe par des échanges réguliers sur les contraintes respectives des différents acteurs de la chaîne de valeur et leur capacité à trouver des solutions ensemble».
D ‘après Manu Lange, de l’huilerie Alvenat procédant à une extraction à froid de l’huile, c’est la première fois que lui est donnée la possibilité de vivre une telle aventure avec tous les acteurs de la chaîne: « Nous nous en réjouissons et pensons que nous avons un potentiel extraordinaire à développer en Belgique en la matière».
Une mayonnaise 100 % belge
Arthus de Bousies se dit fier de participer à cette relocalisation : « Il devenait pour nous inconcevable de s’approvisionner en l’huile, ingrédient principal d’une mayonnaise, exclusivement à l’étranger. Aujourd’hui, nous ne sommes pas encore parvenus à trouver du vinaigre Bio produit en Belgique mais, nous pouvons proposer une mayonnaise 100 % Bio et 99 % belge. Dorénavant, le challenge est de faire connaître tout le savoir-faire d’une filière. Pour cela, il est essentiel de sensibiliser le public à des initiatives telles que celle-ci et de montrer comment un simple geste d’achat en magasin peut concrètement soutenir des actions sur le terrain et faire effet de levier ».
La nouvelle mayonnaise sera présentée dans le petit pot grenade emblématique de Bister. Elle sera vendue à 2,99 euros dans la grande distribution à partir de la mi-octobre.
Le tournesol, une culture résiliente
Le tournesol se positionne comme une solution adaptée aux aléas climatiques grâce à sa résilience à la sécheresse, sa faible demande en eau et son adaptabilité à différents types de sols. Il est également moins exigeant en fertilisants, ce qui réduit les coûts pour les agriculteurs et limite les pertes tout en valorisant des terres de moindre qualité. « Il convient assez bien aux terrains légers et chargés en cailloux. Chez nous, il s’y adapte mieux que dans des sols riches qui lui permettront peut-être de faire plus de rendement mais compliqueront alors son arrivée à maturité », explique Gautier Aubry, ingénieur agronome chez Farm For Good.
En effet, en Belgique, le plus gros enjeu du tournesol est sa récolte à maturité : « Il s’agit d’une plante du sud qui a besoin de chaleur et de soleil. Une année comme celle-ci la challenge très fort. Pour assurer une récolte à une maturité et une humidité optimale, malgré les conditions météo parfois défavorables à l’automne, on utilise, entre autres, des variétés précoces. Néanmoins, un travail de sélection doit continuer en la matière et il faudra certainement encore 5 à 10 ans avant que la culture ne soit implantée de manière significative. » expliquent Donatienne van Houtryve et Gautier Aubry.
On cherche aussi a récolté des capitules pas trop gros afin qu’ils soient le plus secs possibles : « Pour ce faire, on joue sur la densité de semis avec une recommandation autour de 100.000 grains/hectare (contre 55.000 grains/ha en France). Les grains sont semés en rangs espacés de 45 cm comme les betteraves. On peut donc utiliser les mêmes outils de semis et de désherbage. Cette plus forte densité assure aussi l’effet couvrant des plantes pour lutter contre les adventices. »
Et Etienne Frippiat de préciser : « Attention que la compaction est l’ennemie jurée du tournesol. C’est pourquoi, avant l’implantation, je choisis simplement de scalper le sol sur 10 cm et je repasse avec des lames plus étroites avant la mise en terre afin de casser la semelle de labour ».
Sa résistance naturelle aux parasites et maladies fait du tournesol une culture idéale pour l’agriculture biologique. « Ses ennemis sont principalement les oiseaux au semis et à la récolte, les limaces au semis et les pucerons qui peuvent générer quelques pertes de rendement. À part le sclérotinia, il a également peu de maladies à déplorer».
Ces plantes fournissent aussi une source de nectar tardive et précieuse pour les abeilles. La floraison a lieu au milieu de l’été, comblant ainsi le vide entre les fleurs du printemps et celles de l’automne.
Elles peuvent être récoltées avec une moissonneuse équipée de manière à ne récupérer que les têtes de tournesol : « On limite ainsi la matière qui rentre dans la machine et, de ce fait, l’humidité et les impuretés qui proviennent surtout du vert ». Les pailles sont ensuite broyées et laissées au sol. Les graines doivent quant à elle être ramenées à 9 % d’humidité afin d’être conservées dans de bonnes conditions et de faciliter l’extraction de l’huile.
Au-delà de la valorisation de l’huile, le tournesol permet aussi une production de tourteau riche en protéines qui peut participer à l’amélioration de l’autonomie protéique du territoire.
« Les rendements moyens des agriculteurs de la coopérative sont au-dessus de 2 tonnes/ hectare mais, l’année dernière, certaines parcelles ont donné des rendements supérieurs aux parcelles traditionnelles en France dont le rendement moyen
