intégrante du métier d’éleveur.
Néanmoins, cet acte requiert une bonne dose… de connaissances pratiques, mais aussi théoriques ! C’est pourquoi, à Ath, la Province du Hainaut propose des
formations destinées aux étudiants et aux agriculteurs. Des cours qui ont évolué au fil des années pour préparer au mieux les (futurs) professionnels à cette tâche, sans pour autant empiéter sur le
bien-être des vaches.

Constituer une banque d’images grâce à la sonde
À terme, l’objectif du responsable de troupeau est de constituer une bibliothèque de photos. Ces images serviront lors des différentes formations, destinées aux éleveurs, mais aussi aux élèves de l’Ipes, dont une partie des cours est justement axée sur la reproduction. « Les formations sur l’insémination existent depuis plus de vingt ans », se remémore-t-il. Néanmoins, comme il l’explique, la manière d’enseigner a évolué au fil du temps. « Avant, les aspects pratiques s’opéraient sur des vaches destinées à l’abattoir. Cependant, aujourd’hui, avec les notions de bien-être animal, il n’est plus envisageable de demander à 20 élèves de s’entraîner sur un bovin… Par la suite, nous allions dans une ferme, accompagnés d’un vétérinaire, pour vérifier que nous ne faisions pas de fausse manœuvre. De nos jours, la tendance qui se dessine, avec les nouvelles technologies comme les caméras embarquées, est de donner davantage de cours théoriques, tout en visualisant comment est constituée une vache, grâce à la banque d’images. De cette manière, on peut apprendre efficacement, en dérangeant le moins possible les bovins ».
Par ailleurs, outre la sonde, d’autres technologies à vocation pédagogique se sont développées. C’est notamment le cas d’un mannequin bovin permettant de se former à cette technique presque en conditions réelles. Le seul frein à son acquisition : son coût élevé.
La théorie ? Plus que nécessaire !
Un autre aspect concerne, bien entendu, la détection des chaleurs. Comme dans d’autres fermes, les laitières du Crepa-Carah sont équipées de colliers Heatime achetés à l’Awé. Ces derniers analysent des données zootechniques et détectent les chaleurs ainsi que des problèmes éventuels, comme une maladie chez une bête. « Pour que cela fonctionne, il faut que le bovin porte le collier durant au moins un mois. Ce laps de temps permet au dispositif de bien connaître la vache afin de comparer son activité ».
De plus, ce centre pédagogique dispose d’un robot de traite qui fournit des données pour avertir quand l’animal est prêt à être inséminé. « Il existe plusieurs signes observables pour repérer les chaleurs. Néanmoins, le problème que l’on rencontre de plus en plus concerne les chaleurs silencieuses, sans signe distinctif. Puis, 60 % des chaleurs se produisent durant la nuit. » À ce sujet, la règle enseignée aux apprenants est la suivante : si la bête est en chaleur le matin, elle devra être inséminée le soir, et vice versa. « Cependant, ce n’est pas une science exacte, tout comme la génétique. C’est aux agriculteurs de bien connaître leur troupeau », sourit-il.
Un manque d’inséminateurs professionnels
En effet, une fois ces connaissances clés en tête, c’est à l’éleveur de mettre tout cela en pratique sur ses propres animaux. « Il s’agit de l’un des actes les plus difficiles à réaliser techniquement », note à ce propos le vétérinaire de la ferme, Philippe Peerters, qui confirme que la majorité des agriculteurs effectuent l’insémination eux-mêmes. Cette autonomie leur permet, évidemment, d’être présents au moment le plus opportun. « Et il n’y a plus d’inséminateurs professionnels dans la région, et peu de vétérinaires se spécialisent dans ce domaine », constatent-ils de concert. « Notre ferme accueille chaque année des étudiants de l’ULB. Sur quinze, seulement deux se dirigeront peut-être vers les gros animaux… », complète le technicien agronome.
Néanmoins, certains étudiants de cette école provinciale ont décidé de reprendre le flambeau. C’est notamment le cas d’une ancienne élève, formée à l’insémination à Ath et auprès d’un vétérinaire. Devenue technicienne d’insémination, elle sillonne désormais les campagnes wallonnes pour mettre son savoir-faire au service des éleveurs qui ont décidé de lui accorder leur confiance.
