réussir sa culture d’aubergines sous serre
essentiellement cultivées sous serre maraîchère.
Pour une production correcte, nous installons les aubergines en des endroits de la serre bien éclairés. Le manque de liminosité diminue, en effet, la quantité et la qualité des fruits.
Le choix variétal : du violet aux couleurs plus originales
Le choix variétal est largement couvert par des hybrides, mieux adaptés aux cultures sous abris. Celles-ci sont généralement dépourvues d’épines. Des variétés lignées sont toujours disponibles dans les catalogues.
Nous trouvons des sortes aux fruits longs, demi-longs, demi-courts ou courts, sachant que les demi-longs et demi-courts sont les formes classiques.
La couleur est violet-foncé. Cependant, des alternatives existent, notamment ivoire, rayé et jaune. Dans un objectif de diversification de l’offre locale, quelques pieds de ces couleurs différentes peuvent avoir leur place, à côté des plus classiques.
La production des plants
Nous pouvons acheter les plants auprès d’une entreprise spécialisée, c’est d’ailleurs le cas le plus fréquent. L’autoproduction est possible si nous disposons de surfaces d’abris chauffées. Il s’agit de pouvoir garder au moins 20 ºC la nuit et 24°C le jour jusqu’à la levée et le repiquage, puis 18 ºC et 22 ºC jusqu’au stade de 3 feuilles et enfin 18 ºC et 20 ºC jusqu’à la plantation.
Pour pouvoir planter en serre maraîchère au début mai, les semis seront planifiés de mi-février à début mars. Pour gagner un peu de temps, nous semons en terrines ou directement en mini-motte à 28 ºC-30 ºC en espérant une germination en trois jours et une levée en une semaine.
Nous repiquons en mottes pressées ou en godets dix jours après la levée, au stade cotylédons étalés, soit l’apparition de la première feuille. La lumière est importante pour garder de plants bien trapus : distançons à 20 plants / m² seulement, sur un sol de couleur claire de préférence. Nous réglons la température à 20 ºC puis 18 ºC et aérons pour que la différence de température entre la nuit et le jour ne dépasse pas 10 ºC.
Nous pouvons compter deux mois et demi d’élevage avant la plantation en serre de production des plants au stade 4 à 6 feuilles. Cette longue période d’élevage impose l’emploi de contenants de grand volume ou des mottes de 10 cm.
Durant l’élevage et également à la réception de plants venant d’un fournisseur, il s’agit d’éviter les variations néfastes de température. Nous n’utilisons que de l’eau d’arrosage tempérée.
Bien préparer son sol…
L’enracinement de l’aubergine est puissant, mais il se développera d’autant mieux que le sol est décompacté sur une trentaine de cm.
Nous le préparons pour constituer de légers ados d’une largeur de 1,2 mètre et distants entre eux de 1,5 m à 1,8 m d’axe en axe. Nous plaçons les tuyaux d’irrigation et recouvrons du paillage (plastique double face, noir inférieur, blanc supérieur, de 1,4 m de large).
Puis, la plantation
Les emplacements pour les plants sont aménagés tous les 0,5 m au milieu de l’ados en vue de l’obtention d’une densité de plantation de près de 1,3 à 1,7 plant/m². Peu avant la plantation, ces emplacements doivent être bien mouillés.
La plantation se déroule en enfonçant dans le sol les deux-tiers de la motte. Le collet n’est pas enterré pour limiter les risques de maladies.
Un tuteurage permet d’éviter que les plants ne se couchent contre le sol.
Attention aux besoins en eau
Nous pouvons fertiliser en plein terrain en nous basant sur l’analyse de sol. Les exportations seront importantes parce que constituées d’une part des fruits et d’autre part des charpentes aériennes qui seront évacuées en vue du compostage.
Les besoins sont de l’ordre de 260 unités de N, 70 unités de P2O5, 260 de K2O, et 40 de MgO. Pour les fermes maraîchères qui en disposent le fumier et le compost sont très bien valorisés par le puissant enracinement de l’aubergine.
Les besoins en eau sont importants pour le rendement final et la qualité. Un manque se traduit par des chutes de fleurs et une perte de coloration des fruits. Pour éviter l’asphyxie de la zone racinaire, l’emploi de goutte-à-goutte est préférable. Le pilotage par tensiomètres est utile, en visant 60 à 70 % de l’ETP (évapotranspiration) jusqu’au grossissement des premiers fruits et 80 à 100 % ensuite. Surtout lors des premières semaines de culture, mais idéalement tout au long de la saison de production, utilisons de l’eau d’arrosage tempérée.
L’importance d’une bonne luminosité
À la plantation, si la température du sol est plus basse que 18 ºC, il peut être intéressant d’installer des mini-tunnels dans la serre ou un double voile sur les plantes pour gagner quelques degrés. Il n’y a guère de croissance racinaire sous 15 ºC.
L’aération de la serre est réglée en se basant sur une température optimum de croissance de 25 ºC à 30 ºC (pas de croissance foliaire sous 12 ºC) et une humidité relative de 50 à 65 %.
Rappelons que le manque de lumière influence négativement la réussite de la culture. C’est primordial.
Le développement de l’aubergine se déroule d’abord sur une tige (croissance monopodiale) puis des tiges latérales produisent également (croissance sympodiale). La croissance et la floraison sont continues. En pratique, la production de fruits se déroule par vagues.
Le principe de culture est de laisser se développer 2 à 3 tiges par plants en vue d’obtenir 4 à 5 bras par m². Pour y arriver, nous conservons une tige secondaire sous chacune des deux fleurs de chacune des deux premières inflorescences. Selon l’ampleur de la variété, les tiges sont laissées libres ou sont palissées sur des cordes. Il est important que la lumière puisse atteindre toutes les parties de la plante ; nous laissons une densité de bras moins élevée si la serre maraîchère est ombrée à certains moments de la journée.
Nous pouvons palisser en haie en tendant deux fils de fer de part et d’autre du rang qui sont fixés à des piquets à 70 cm de hauteur, plantés à une distance de 6 m. Les fils sont retenus entre eux par des crochets.
Une autre méthode consiste à tendre les 2 à 3 branches en V grâce à des ficelles tenues depuis des fils tendus en partie supérieure de la serre.
Nous ne laissons qu’une fleur par inflorescence pour favoriser le développement rapide et suffisant des fruits.
La fécondation se fait par les insectes pollinisateurs ou par vibrage mécanique, comme en tomate. Ce sont les premières fleurs qui ont besoin d’une aide à la fécondation, lorsque les températures ne sont pas encore élevées.
Le paillage permet une maîtrise de l’enherbement sur la bande plantée. L’absence d’irrigation des sentiers de passage complète le sarclage de ceux-ci.
Au moment de la récolte
Nous pouvons établir nos calculs de rentabilité avec un rendement de l’ordre de 3 kg/m². Nous récoltons quand les fruits ont une coloration presque noire, uniforme, brillante. Pour les fruits avec une couleur ivoire ou zébrée, la grosseur de ceux-ci et l’évolution de leur fermeté permettent aussi de décider de la récolte.
Cette opération se réalise au sécateur ou à la serpette.
