
Tout d’abord, parce que c’est une tradition qui date du Moyen-Âge. À l’époque, elle avait une connotation religieuse puisqu’elle était célébrée le 19 mars, jour de la Saint-Joseph, père adoptif de Jésus et patron des pères de famille. La fête passe dans la tradition laïque début du 20e siècle, quand une institutrice américaine, Sonora Smart Dodd, regrette qu’il n’existe aucun jour dédié aux pères, contrairement à la fête des mères. Elle souhaite rendre hommage à son père, un vétéran de la guerre de Sécession veuf, qui a élevé seul ses six enfants, et propose de créer la fête des pères. Évidemment, par la suite, et on peut sans doute regretter cet aspect des choses, le concept a été happé par le commerce. Il n’empêche qu’une tradition permet de fédérer et créer des souvenirs. Elle ouvre des ponts entre les générations et pose des jalons auxquels nous pouvons nous raccrocher pour nous revoir ou nous parler.
Cette fête, c’est l’occasion de célébrer le rôle important des pères pour leurs enfants et la famille et de les en remercier. On pourrait sans doute le faire à d’autres moments voire tous les jours mais dans ce monde où plus personne ne semble avoir le temps de rien, un petit rappel n’est sans doute pas de trop et il nous donne l’occasion d’exprimer notre gratitude, sans pour autant en faire des tonnes.
Le collège communal de Uccle propose de remplacer la fête des pères (et des mères !) par la fête de la famille ajoutant un nouveau concept vague aux nombreux qui nous assaillent déjà, le rendant tout à fait impersonnel et surtout malléable à souhait.
Ces politiques motivent leur décision par l’évolution des structures familiales et les situations personnelles parfois sensibles. J’entends bien qu’il soit parfois délicat d’aborder la séparation, la disparition, l’absence ou encore une nouvelle organisation de vie lors de la préparation de ces célébrations. Néanmoins, cela fait partie des apprentissages de la vie et on ne peut pas sans cesse se protéger de tout. Je vois des professeurs qui rebondissent avec beaucoup d’humanité et saisissent l’opportunité d’apprendre à leurs élèves la bienveillance, l’ouverture d’esprit et l’écoute. Dans chaque famille, il y a des papas présents ou malheureusement absents, et des figures paternelles qui méritent qu’on prenne le temps de les remercier ou de se souvenir, sans forcément beaucoup de faste, simplement avec quelques mots ou une accolade.
La place du papa est une évidence (oui, c’est le moment où j’explique pourquoi nous les aimons)… Je ne peux dire ce qu’ils ressentent mais je peux décrire ce que je vois. Et, en agriculture, je rencontre beaucoup de papa courageux et confiants. Certains d’entre eux ne sont pas toujours là aux moments où ils le voudraient mais, ils arrivent à faire confiance à d’autres êtres pour les épauler et quand ils peuvent être présents, ils se régalent d’instants de partage trop rares.
Les papas n’ont pas les mêmes limites que les mamans, ils ont souvent un grain de folie et un zeste d’humour supplémentaires qui viennent chambouler le moment du coucher ou retarder le départ pour l’école. Ils créent des moments surprenants et inédits qui laissent des souvenirs indélébiles. Un papa arrondit les angles, apprend le détachement et le lâcher prise. Il est la force tranquille qui veille au grain mais n’empêche pas de prendre son envol.
Tous les êtres qui prennent la peine de s’impliquer dans ce rôle méritent d’avoir leur jour et de savoir que pour tous ces enfants ils occupent la place d’un super-héros.
Bonne fête à tous les papas qui me sont proches et tous les autres !
