Les difficultés de la pollinisation
Pour porter du fruit, chaque plante a besoin d’organes mâles, qui produisent le pollen, et d’organes femelles, qui contient les ovules. Chez certaines plantes, ces deux types d’organes sont rassemblés dans la même fleur alors que pour d’autres, comme le noisetier, ils sont séparés.
Les variétés de noisetier sont incapables de s’auto-polliniser et doivent être associées entre elles. C’est pour cette raison que plusieurs variétés sont implantées dans un même verger.
Une distinction est faite entre la variété principale qui est choisie pour ces caractéristiques gustatives et agronomiques, et les pollinisateurs, dont la floraison mâle doit couvrir l’entièreté de la floraison femelle de la variété principale.
Il est conseillé de mettre deux variétés de pollinisateur différentes : la première fleurit pour le début de la floraison femelle de la principale et la deuxième pour la fin. Le ratio doit être de 12 à 20 % de pollinisateurs, les 20 % sont atteints lorsque le pollinisateur à des qualités en termes de transformation. Il est cependant important de ne pas mélanger deux variétés principales pour facilité la récolte, dont les périodes peuvent différer selon la variété.
Quelques exemplesdu verger d’Agronuts
Trois variétés principales de noisetiers ont été installées dans le verger d’Agronuts.
La première est la Tonda Gentile, aussi appelée la ronde du Piémont. Comme son nom l’indique, elle est originaire du Piémont où elle est largement cultivée. Très qualitative, c’est la noisette la plus renommée. Sa composition grasse la rend adaptée à tous les usages, de la noisette en coque, en passant par la torréfaction ou encore pour la fabrication d’huile. Son rendement cassage, qui correspond au ratio entre le poids de l’amandon et le poids de la noisette entière avec la coquille, est de 47 %. Cette variété présente néanmoins quelques défauts comme celui de produire de nombreux rejets et être sensible aux pathogènes et maladies.
La deuxième est la variété italienne, Tonda di giffoni. L’arbre est plus vigoureux (il faut donc plus le tailler) avec un port dressé et un tronc généralement plus gros. Ce noisetier possède une plus grande résistante face aux aléas climatiques, néanmoins il reste sensible aux gels printaniers. Le rendement en noisettes est également plus important mais celles-ci ne réagissent pas comme il le faudrait à la torréfaction et sont plus difficiles à éplucher. Son rendement cassage est de 43 à 44 %.
La dernière variété, la Merveille de bollwiller, produit de grosses noisettes dont le rendement cassage est assez faible, 36 ou 38 %. L’agriculteur qui la cultive a tout intérêt à la commercialiser entière. Elle est appréciée pour ses qualités gustatives, sa facilité de transformation et ses aptitudes à la torréfier. Grâce à son épaisse coquille, elle est également moins sujette aux attaques de balanins. Ce noisetier présente également un débourrement tardif, ce qui le rend moins vulnérable au gel tardif et aux maladies. Il a cependant pour inconvénient de laisser tomber ses fruits tardivement en saison.
Des conditions pédoclimatiques à évaluer
Un combo gagnant
L’association de l’élevage et du noisetier est souvent un atout considérable en termes d’entretien de la parcelle. Seulement, cette combinaison doit être réfléchie et ne peut se faire avec tous les animaux. C’est notamment le cas des vaches, des chevaux et des chèvres qui risquent de consommer les arbres.
Lorsqu’il s’agit des moutons, de nombreux agriculteurs en sont satisfaits mais certains choix et aménagements doivent être réalisés. Dans un premier temps, la taille de la cime de l’arbuste, lors de la première année, doit être faite plus haute qu’habituellement, de manière à obtenir un tronc plus grand et des branches que les ovins ne pourront pas atteindre. Ensuite, le choix de la race est évidemment d’une grande importance. Les Shropshire, par exemple, s’attaquent beaucoup moins aux écorces. Enfin, il faut veiller à retirer ces animaux au bon moment, lorsque la quantité ou l’appétence d’herbe tend à manquer, pour éviter qu’ils ne s’attaquent aux arbres. En plus de l’entretien de la parcelle, ces bêtes consomment les rejets et simplifient aussi la taille des noisetiers.
Entretenir la parcellepour une récolte plus facile
À maturité, la noisette tombe au sol et est récoltée en andain. Pour ce faire, une machine munie d’une double brosse avec des lamelles de caoutchouc rassemble les noisettes au centre de l’interligne. Ensuite, un pick-up, semblable à ceux utilisés pour ramasser du foin, est équipé d’une barre en caoutchouc pour charger les fruits dans une benne via un tapis.
Dans les deux cas, pour une récolte optimale, il est essentiel d’avoir une surface plate avec enherbement ras pour facilité le passage et le fonctionnement des machines. Une fois implantée, l’herbe doit dès lors être broyée régulièrement. Celle-ci améliore également la portance du matériel.
De plus, il est important de laisser tomber les noisettes au sol et de ne pas secouer l’arbre. Celles qui ne seraient pas encore tombées ne sont pas mûres et contiennent des toxines. De plus, l’enveloppe qui entoure la noisette sur l’arbre pourrait rester accrochée et il est compliqué de la séparer du fruit.
Ce ramassage se déroule à partir de la fin août pour les variétés les plus précoces (pas de cas en Belgique mais bien aux Pays-Bas) jusqu’au début du mois d’octobre.
Agronuts établit des contrats avec les agriculteurs pour récupérer la production de noisettes. Le prix est moyenné par rapport au prix du marché italien sur les trois dernières années, avec un minimum garanti de 2,5 € du kg. Actuellement, l’entreprise a implanté 150 ha de verger en Wallonie et pourrait traiter dans sa chaîne de transformation jusqu’à 400 ha en pleine production. Avis aux amateurs.
