Projet CowForme: des solutions pour réduire la charge de travail et améliorer la qualité de vie dans les exploitations laitières
Réduire sa charge de travail et se libérer suffisamment de temps libre est un défi pour chaque éleveur. En effet, avec la croissance des cheptels, la hausse du prix de l’énergie et la politique en matière de gestion raisonnée de l’azote, les producteurs laitiers sont confrontés à des pressions supplémentaires.
Le projet Interreg franco-belge CowForme s’est penché sur la question du travail dans les exploitations laitières : comment améliorer l’efficacité du travail et comment les éleveurs peuvent-ils réduire leur charge de travail ?
Grâce, entre autres, à des audits-travail et à la comparaison des approches entre collègues producteurs laitiers, les experts et les éleveurs eux-mêmes ont pu proposer des solutions. Ils ont mis notamment l’accent sur le développement de l’emploi et sur les conseils en matière de recrutement de salariés.
De nombreux producteurs laitiers manquent en effet de bras pour gérer le travail dans leur exploitation. Ils aspirent très fréquemment à plus de temps libre pour améliorer leur qualité de vie. « Parce qu’ils sont très occupés, de nombreux agriculteurs ne prennent pas le temps de réfléchir à leur façon de travailler. Grâce à un partage intense des connaissances, à des réunions, des visites, à des formations, à des voyages d’étude et, surtout, aux bons exemples des collègues producteurs laitiers dudit projet, nous avons pu encourager un grand nombre de producteurs laitiers à prendre le temps de réfléchir à l’amélioration de leur organisation du travail », explique Pierre Rondia, chef de file du projet CowForme (Cra-w). Le projet se termine à la fin de cette année 2022, mais les retours positifs des producteurs laitiers motivent les experts à rester engagés sur ce sujet.
Des points perfectibles dans 46 exploitations selon l’analyse du travail
Pour comprendre les besoins en matière de main-d’œuvre, les partenaires du projet ont réuni des producteurs laitiers wallons, français et flamands dans des groupes appelés Focus Farm. Au total, 40 producteurs laitiers et 6 éleveurs de bovins allaitants y ont participé. Au cours de réunions et de visites de leurs exploitations respectives, ils ont échangé leurs connaissances et leurs expériences.
Le projet a commencé par une évaluation des conditions de travail. Chaque exploitation a reçu une analyse de son organisation du travail qui a permis d’identifier les forces et les faiblesses, ainsi que certains chiffres relatifs au temps de travail, tels que le nombre d’heures de travail par vache et par an et le temps de travail pour 1.000 litres de lait par an (pour les producteurs laitiers). En comparant ces chiffres avec les performances d’autres exploitations, les experts ont pu positionner les élevages. Ainsi, les éleveurs ont pu déterminer si leurs performances sur ces critères étaient supérieures ou inférieures à la moyenne et identifier leurs marges d’amélioration.
Mais d’autres dimensions du travail ont également été évaluées comme la pénibilité, la capacité à se libérer ou la qualité du relationnel au sein du collectif de travail. Les tâches quotidiennes ont également été examinées.
Réduire la charge de travail ou accroître l’efficacité du travail
Sur base de cette évaluation, parties prenantes ont établi avec chaque éleveur un plan d’action personnel visant à améliorer leur organisation et leur qualité de vie au travail. Les conseils proposés sont faits sur mesure, car une ferme ne ressemble pas à une autre. On note par exemple des différences en matière de taille du troupeau, de structure d’exploitation (bâtiments, parcellaire…), de possibilités d’automatisation, de recrutement de personnel mais aussi d’objectifs des éleveurs eux-mêmes. Des solutions ont été décrites dans 15 fiches thématiques afin que les éleveurs laitiers extérieurs au projet puissent s’inspirer de l’expérience des éleveurs participants. Voici quelques-uns des thèmes abordés :
– la gestion du personnel ;
– la sécurité et l’ergonomie en exploitation ;
– l’alimentation et les soins des veaux ;
– une bonne coopération entre les différentes générations présentes sur l’exploitation ;
– l’aménagement des bâtiments pour plus d’efficacité et une meilleure circulation ;
– la manipulation sécurisée des vaches allaitantes ;
– une traite efficace avec un robot de traite ;
– un travail en partenariat avec d’autres producteurs laitiers.
Création d’emplois et accompagnement pour l’employeur et l’employé
L’embauche d’un employé est une autre solution pour réduire sa charge de travail. Pourtant, relativement peu de producteurs laitiers l’envisagent. Le coût (salaires, charges sociales), les restrictions légales et la recherche – parfois difficile – du candidat adéquat sont les principaux freins. Pour guider les producteurs laitiers dans cette démarche, les partenaires du projet ont organisé plusieurs webinaires, des formations et des séances de conseil individuel. La gestion du personnel, la sécurité au travail et les types d’emploi ne sont que quelques-uns des nombreux sujets qui ont été abordés. Le producteur laitier G.N. de Veurne, par exemple, a appris l’existence de la filière IBO (appelé PFI en Wallonie) lors d’un webinaire. Peu de temps après, il a trouvé un employé qu’il emploie maintenant sous cette forme.
Les partenaires du projet ont également fait la promotion du métier de salarié en élevage. Parallèlement, des demandeurs d’emploi ont été formés dans le cadre de divers parcours de formation, ce qui a porté ses fruits : l’un des demandeurs d’emploi formés travaille actuellement pour un producteur laitier à Zillebeke. En collaboration avec le VDAB et d’autres agences, les partenaires étudient aujourd’hui la possibilité de poursuivre des formations à l’avenir. Les conseillers formés emporteront également leurs nouvelles compétences lors de leurs visites dans les exploitations bovines après la fin du projet. Ainsi, ils pourront continuer à les inspirer et à leur fournir des solutions pour une meilleure qualité de vie.
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