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Engrais : la commission n’envisage pas de nouvelles mesures à court terme

Alors que les prix des engrais restent historiquement très élevés, le commissaire à l’Agriculture qu’il n’y aurait pas de nouvelles mesures à court terme pour assurer la disponibilité des engrais.

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«  Suite à notre communication de novembre visant à garantir la disponibilité continue des engrais, un certain nombre de mesures sont soit en cours ou bientôt mises en œuvre, ou soit ouvertes à la mise en œuvre par les États membres » a indiqué le commissaire Wojciechowski le 16 février dernier devant le parlement.

« Pour ces raisons, la commission ne prévoit pas de mesures supplémentaires pour le moment » a-t-il ajouté.

Accroître l’autonomie stratégique de l’UE

À cette occasion, les eurodéputés ont adopté à main levée une résolution dans laquelle ils exhortent Bruxelles à assurer l’approvisionnement en engrais, à agir pour faire baisser les prix et à accroître l’autonomie stratégique de l’UE.

Pour faire face à la volatilité du marché des engrais, le commissaire a indiqué qu’« un peu plus de 917 M€ ont été dépensés en aides d’État dans le cadre temporaire de crise, par quatre États membres pour mettre en place des régimes spécifiques pour l’achat d’engrais : la Pologne avec un budget de 836 M€, la Grèce avec un budget de 60 M€, la Slovénie avec un budget de 15 M€, et Malte avec un budget de 6,5 M€ ». L’Espagne a également décidé d’indemniser ses agriculteurs « en allouant 300 M€ d’aides d’État en raison de la hausse des coûts des engrais », a-t-il ajouté.

Le commissaire a également rappelé aux eurodéputés l’adoption en décembre 2022 de la décision de suspendre jusqu’au 17 juin 2023 les droits de douane sur l’ammoniac et l’urée (compris entre 5,5 et 6,5 %) pour tous les pays tiers, sauf la Russie et la Biélorussie. En outre, il a confirmé le lancement en 2023 d’un observatoire du marché des engrais afin de partager des données améliorées sur la production, l’utilisation, les prix et le commerce.

Développement des engrais organiques

Alors que les eurodéputés ont exprimé leurs inquiétudes concernant la dépendance de l’UE aux engrais minéraux, Janusz Wojciechowski a souligné « la nécessité de développer rapidement un marché pour les engrais à base d’hydrogène décarboné, tels que l’ammoniac vert et les engrais organiques recyclés à partir des flux de déchets ». Une perspective qui, selon le commissaire, réduira la dépendance de l’industrie européenne des engrais « à l’égard des importations de combustibles fossiles et pour accroître la sécurité de l’approvisionnement, conformément aux objectifs climatiques de l’UE ».

Par ailleurs, il a reconnu que l’autosuffisance dans ce secteur exigeait une plus grande efficacité dans la consommation d’engrais. À cette fin, le commissaire à l’Agriculture a souligné que « les 28 plans stratégiques de la Pac prévoient 122 interventions visant à améliorer la gestion des nutriments : 58 éco-régimes (et sous-régimes) et 64 engagements agro-environnementaux-climatiques ». « Les pratiques les plus pertinentes soutenues sont l’amélioration de la couverture des sols, la diversification et la rotation des cultures, et l’utilisation de cultures dérobées », a-t-il précisé.

Recours à l’agriculture de précision

D’autre part, il a ajouté que « pour encourager une utilisation plus effi cace des engrais, six États membres soutiennent aujourd’hui l’agriculture de précision par le biais d’éco-régimes, tandis que beaucoup d’autres la soutiennent par des investissements dans la technologie ». Avant d’assurer que « la commission est prête à aider les États membres à accroître l’ambition de ces actions dans les futures révisions de leurs plans stratégiques de la Pac ».

En parallèle, la commission s’est engagée à investir 180 M€ dans le cadre d’Horizon Europe pour soutenir des projets axés sur le développement de produits fertilisants alternatifs, ainsi que sur des solutions plus efficaces et plus naturelles pour la gestion des nutriments.

Santé des sols et gestion des engrais

Pour améliorer la fertilité des sols et la gestion des engrais, les eurodéputés ont appelé à mettre à la disposition des agriculteurs des conseils et des outils adéquats.

Sur cet enjeu, Janusz Wojciechowski a indiqué que « dans le cadre de la nouvelle Pac, il y aura une expansion des services de conseil agricole, avec des indicateurs concrets pour évaluer le nombre d’agriculteurs bénéficiant de ces formations ».

Avant d’ajouter que « les services de la Commission utiliseront ces indicateurs pour contrôler la manière dont les États membres mettent en œuvre leurs services de conseil ».

En parallèle, Bruxelles en collaboration avec les Vingt-sept supervisera la mise en œuvre de l’outil de développement durable des exploitations agricoles (ou FaST), un nouvel outil numérique qui soutient une utilisation plus raisonnée des engrais.

En outre, Janusz Wojciechowski a assuré que la commission allait formuler une proposition législative relative à la santé des sols. « L’objectif sera de faire en sorte que tous les sols des écosystèmes européens soient en meilleure santé et soient plus résilients d’ici 2050 », a-t-il précisé. Avant de prévenir que « pour y arriver, il sera crucial de réduire d’au moins 50 % les pertes en nutriments ».

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