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Opter pour la technique du paillis permanent pour son potager

Le jardinier qui choisit de ne pas bêcher son potager peut choisir la technique du paillis permanent. Le principe est de protéger le sol avec une couche d’origine végétale. L’eau de pluie peut pénétrer dans la terre, tandis que le paillis empêche un grand nombre d’espèces de plantes sauvages de germer. Ce dernier reste en place en été et limite l’évaporation d’eau.

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Voici les étapes pour bien réaliser ce paillis. Les matières organiques végétales sont, d’abord, épandues en surface du terrain, en couche de 5 à 10 cm d’épaisseur. Les organismes du sol vont dégrader progressivement ces matières organiques et laisser au substrat une partie minéralisée utilisable par les plantes ainsi qu’une partie humifiée. Parmi ces organismes, nous retrouvons des animaux comme les vers de terre, les bactéries et les champignons décomposeurs.

Le sol n’est pas retourné mécaniquement, puisqu’il ne faut pas effectuer un bêchage. La matière organique fraîche et en cours de décomposition reste en surface.

Pourtant, un certain mélange est réalisé par les organismes anéciques du sol. Les vers de terre, notamment, vont jouer un rôle essentiel dans la création d’une perméabilité verticale grâce aux traces laissées par leur passage. Il s’agit aussi d’agents actifs dans la formation du complexe argile humus et la stabilité de la structure du sol.

Une des difficultés rencontrée avec les conditions climatiques belges est la tendance au tassement et à la compaction. Le jardinier se gardera d’aggraver cela et ne marchera jamais sur les espaces cultivés. Il doit donc aménager son jardin en zones cultivées et en zones de passages. Cela peut être des bandes de plantation séparées par des sentiers d’accès. Et on peut laisser aller sa créativité pour les formes et les agencements les plus variés.

Pour réaliser les plantations ou les semis, le jardinier écarte localement le mulch de surface pour disposer les plants ou les graines. Le seul travail du sol est un éventuel griffage très léger de surface pour disposer d’un peu de terre fine.

Comme la matière organique de surface est dégradée par les organismes du sol, il y a lieu de prévoir de nouveaux apports complémentaires chaque année.

Lorsqu’une culture occupe toute la surface utile, nous amassons le paillis de surface et libérons l’espace. À la fin de la culture, nous le remettons en place. C’est le cas, par exemple, des engrais verts.

Lorsque c’est possible le sol est, à nouveau, compacté. Par exemple, avant de planter et de butter des pommes de terre. Le paillis doit être enlevé avant ces opérations. Nous pouvons le remettre en place sur les buttes de plantation.

Ne plus travailler le sol en profondeur

Le premier aménagement du potager demande du travail pour créer les zones de culture, avec ses sentiers, et pour apporter les premières couches de matières organiques végétales. Ensuite, le jardinier ne doit plus travailler le sol en profondeur, et il n’a donc plus besoin d’outils ou d’engins mécaniques pour réaliser tâches.

Toujours au niveau des avantages, le mulch de surface protège très bien le sol des effets érosifs des pluies violentes ou importantes. Il empêche également l’érosion et les ruissellements.

L’humification des matières organiques végétales exige de l’oxygène, une bonne aération. Comme les matières végétales restent en surface du sol, l’aération est très bien assurée. La formation de l’humus peut se dérouler dans de bonnes conditions.

La couche de mulch en surface de sol permet aussi d’économiser l’eau en limitant fortement l’évaporation. Par ailleurs, la couche de surface est un tampon thermique, un isolant. Elle limite les variations de température entre la nuit et le jour et adoucit progressivement les variations saisonnières. De plus, la décomposition progressive des matières en surface de sol apporte des minéraux de manière progressive aux plantes. Et une bonne épaisseur de la couche de surface permet de maîtriser le développement de nombreuses plantes adventices.

Concernant les inconvénients, à présent, si la culture sous couverture végétale permanente n’augmente généralement pas les risques de développement de maladies ou de populations de ravageurs, les limaces et escargots y trouvent des conditions idéales de développement et de multiplication. La lutte devra se faire dans la durée en utilisant les techniques respectueuses des carabes et des hérissons. Ceux-ci trouveront progressivement de bonnes conditions d’installation, après quelques dizaines de mois. Les campagnols devront aussi être surveillés pour éviter que des colonies ne deviennent envahissantes.

L’installation du couvert végétal

La mise en place de la couverture végétale peut commencer au printemps ou en automne. Comme repère, apportons la première couverture végétale quand la vie dans le sol, dont la température est de plus de 12ºC, est intense. Quand le système sera mis en place depuis plusieurs mois, les apports complémentaires de matières en surface pourront se faire à tout moment de l’année.

Il est important de bien décompacter et aérer le sol. Le travail de décompactage préalable est fastidieux, mais nécessaire. C’est l’occasion d’évacuer les pierres et souches éventuelles. Les rhizomes et racines de plantes vivaces (chardons, liserons…) seront également enlevés.

Le paillis permet de limiter le tassement du terrain sous l’effet des pluies battantes. Mais en sols compactés, un travail mécanique ou manuel préalable est requis.

S’assurer de l’état du sol

Le principe d’un potager sous paillage permanent du sol est de ne plus le bêcher, le labourer, de ne plus mélanger mécaniquement la couche arable. Mais si le sol était carencé en certains éléments minéraux ou si ceux-ci étaient déséquilibrés, il est préférable de procéder aux corrections avant l’installation des apports de surface. Une analyse de sol peut aider. Le réseau Requasud indique les coordonnées des laboratoires officiels d’analyses en Wallonie.

Choisir le paillage

La couche dépend d’abord des quantités disponibles. En outre, les sols de qualité moyenne ont besoin de plus de compost ou de fumier que les sols fertiles et de bonnes qualités.

Du compost peu décomposé fera bien l’affaire, de la paille hachée ou des feuilles mortes également.

Des aiguilles de pin, des écorces broyées conviennent bien. Par contre, le BRF (bois raméal fragmenté) ne convient que s’il provient du broyat des rameaux jeunes de feuillus. Le bois broyé apporte beaucoup de carbone qui mobilisera l’azote présent pour sa décomposition au point de léser provisoirement la croissance végétale. Cela peut être un défaut en sols moyens ou pauvres, tandis qu’il s’agit d’un atout pour ceux qui sont riches en évitant les excès d’azote dans le sol. Les fumiers de fermes ou de manèges sont des apports de choix.

Chaque année, nous pouvons apporter un complément à ce paillage pour compenser ce qui a été décomposé lors des derniers mois.

L’entretien du potager

Au niveau de l’arrosage, la forte couverture végétale en surface de sol limite sensiblement l’évaporation d’eau. Les besoins d’arrosage sont donc réduits par rapport à un potager sans paillage. Sous le climat belge, nous ne devrons intervenir qu’à des moments précis ou lors d’années exceptionnellement sèches.

Pour la fertilisation, la décomposition progressive de la couverture végétale de surface par les organismes du sol libère des éléments minéraux. Ceux-ci sont mis à la disposition des plantes. De manière générale, il ne faut pas apporter d’autre fertilisant.

Notons l’importance de disposer des matières de surface variées pour éviter des excès ou des manques en certains éléments. Un fumier riche en déjections animales peut apporter de grandes quantités d’azote et de potassium. Un BRF apporte de grandes quantités de carbone.

Pour le désherbage, la forte couverture de surface modifie la flore qui se développe sur le terrain. Elle n’empêche pas le développement d’adventices.

D’une part de nombreuses plantes vivaces sont bien adaptées à la croissance même sous une forte couverture végétale de surface. Si des foyers de rumex, de liserons ou de chiendent se forment, il faudra revenir à l’emploi d’outils pour extirper les racines et les rhizomes.

D’autre part, nous sommes amenés à dégager les lignes de semis de nos légumes pour permettre leur installation et les graines d’adventices voisines profitent également de ce dégagement de lumière.

Les techniques de désherbage sont différentes de celles employées sans couverture végétale de surface. L’emploi de rasettes est réduit. Les adventices gênantes seront arrachées avant qu’elles n’aient pu produire un nouveau stock de semences.

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