Accueil Battice

A la foire de Battice: un autre regard sur le monde qui change

Le monde change. Les initiatives citoyennes pour construire une société différente des modèles conventionnels qui nous sont proposés se multiplient. Engagée dans ces mouvements citoyens et écoconseillère à l’asbl Les Fougères, qui s’inscrit dans le mouvement de transition, Bernadette Leemans partage ses connaissances et expériences. Elle nous livre quelques réflexions.

Temps de lecture : 4 min

Le modèle actuel n’est plus possible à long terme. Il est en train de s’effondrer, estime d’emblée B. Leemans. Il génère beaucoup d’injustice et beaucoup de gens sont « asphyxiés », angoissés. Ils ne trouvent plus de sens dans ce qu’ils font. Et les solutions proposées comme la consommation toujours plus grande ou la croissance économique illimitée n’ont pas de sens sur une planète où les ressources sont limitées.

Mais des initiatives naissent un peu partout portées par des citoyens investis. Ainsi par exemple, une initiative pour créer une coopérative de producteurs de fromages est sur les rails au Pays de Herve. «Le monde change donc rapidement autour de nous. Soit on subit ces changements, soit on est acteur», poursuit-elle. Chaque citoyen a du pouvoir. On peut donc rêver le monde dans lequel on a envie de vivre demain et commencer à le construire, insiste-t-elle.

Créer des liens

Pour arriver à agir, il faut retrouver un élan collectif et passer à des actions de groupe. Il ne faut pas rester dans l’individualisme mais créer des liens. Au niveau agricole par exemple, on peut relocaliser l’alimentation et recréer du lien entre les producteurs et les consommateurs. Mais pour ce faire, il faut avoir conscience des contraintes des uns et des autres. Pour cela, il est nécessaire de se rencontrer et de partager. Bernadette Leemans met donc les gens en relation.

Consciente du fossé qui sépare souvent le monde agricole des citoyens, elle favorise les rencontres avec les agriculteurs tout en faisant des propositions qui peuvent être entendues. « En tant que citoyenne, connaissant les actions menées dans le cadre de la transition, je veux partager ces informations et expériences », explique-t-elle. C’est par exemple le cas dans le cadre du GAL Pays de Herve qui vient d’être lancé. En entendant qu’ailleurs cela puisse se passer autrement et que ça marche, les gens se disent qu’ils peuvent s’inspirer d’autres expériences. Certains agriculteurs rencontrés sont confrontés à des problèmes et cherchent des alternatives. Une part d’entre eux est ouverte aux nouvelles idées et expériences mais ne peut pas nécessairement changer de voie car les charges d’emprunts sont trop lourdes pour se réorienter. Mais cela n’empêche pas le dialogue et l’ouverture à des modèles d’exploitation moins conventionnels. Le but n’est pas de revenir à l’agriculture des grands-parents mais plutôt d’allier la technologie et le bon sens et de voir que des choses ont été faites ailleurs avec succès.

Bernadette Leemans est éco-conseillère chez Les Fougères, une asbl qui s’inscrit dans le mouvement de la transition.
Bernadette Leemans est éco-conseillère chez Les Fougères, une asbl qui s’inscrit dans le mouvement de la transition.

Changer de regard

«Parfois, il suffit simplement de changer le regard que l’on porte sur les choses», poursuit notre interlocutrice. Un exemple : certains agriculteurs et maraîchers luttent avec acharnement contre les mauvaises herbes. Pourtant, certaines plantes sont bio-indicatrices ou comestibles. «Dès lors en changeant son regard, en faisant avec ces « mauvaises herbes » plutôt qu’en voulant les détruire, on s’épuise beaucoup moins», explique notre hôte. «On ne travaille pas contre mais avec la nature.»

Face au monde qui change, il faut travailler sur l’imaginaire positif, poursuit-elle. Tout le contraire de la vision angoissante qui nous est trop souvent proposée. Quand un grand arbre s’effondre cela permet à la forêt qui pousse d’avoir de l’espace et de prendre sa place, déclare-t-elle.

Création d’une coopérative

Parmi les divers domaines d’activité des Fougères, il y a l’emploi et notamment l’accompagnement dans le cadre de changement de cap professionnel. Suite à des ateliers de reconversion professionnelle où des gens avaient des projets et les compétences pour les mener à bien, mais pas la possibilité d’être indépendant, l’idée a germé de créer une coopérative leur permettant de lancer leur projet sans les contraintes d’un indépendant, explique notre hôte. La coopérative « Les Grands Arbres » est ainsi en cours de création. À l’instar de la coopérative SMart destinée aux artistes ou de DiES, une coopérative d’emploi qui offre également un appui administratif, « Les Grands Arbres » permettront aussi aux entrepreneurs de travailler sous le statut de salarié. Elle offrira des services de communication, de secrétariat financier, de comptabilité commun pour tous les membres où chacun pourra intervenir selon ses capacités.

Outre cet échange de services, l’idée est de s’entraider et de créer des projets communs en fonction des compétences de chacun à partager dans le projet. Les processus de décision utiliseront des outils de gouvernance partagée, à l’écoute des besoins de chacun. La coopérative sera localisée sur le plateau de Herve mais elle pourrait s’étendre à l’avenir et disposer d’antennes et de relais locaux liés à des thématiques spécifiques ou à des localisations géographiques. Le projet est en cours d’élaboration et devrait voir le jour dans les prochains mois. Il devrait conduire à un nouveau modèle où chacun trouve sa place dans la coopération, conclut B. Leemans.

A lire aussi en Battice

Foire agricole de Battice – 3 & 4 septembre : «L’agriculture, j’en fais mon affaire!»

Battice Voilà un slogan qui épouse parfaitement la volonté des organisateurs de mettre en avant toute la richesse et le dynamisme de l’agriculture wallonne en général et celle de l’arrondissement verviétois et de son célèbre plateau de Herve en particulier. 150 exposants, quelque 2.000 animaux, des animations, concours, shows, dégustations rythmeront un événement dont le succès ne se dément pas au fil des années.
Voir plus d'articles