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Les marchés céréaliers: tendance plutôt baissière

C’est plutôt un sentiment au repli qui domine chez les opérateurs en blé, orge et maïs.

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C’est plutôt un sentiment au repli qui domine chez les opérateurs en blé, orge, maïs, commentent les analystes du cabinet Agritel, expert en stratégies des marchés agricoles et agro-industriels, et du premier groupe coopératif français InVivo. « Pour que les prix mondiaux redécollent, plusieurs dizaines de millions de tonnes de perte de production seraient nécessaires », estiment-ils.

D’abondantes récoltes pèsent sur le marché. Et en cette deuxième partie de campagne, l’hémisphère sud arrive en force avec notamment une production de blé annoncée record en Australie.

Chez Agritel, on dit « s’ennuyer un peu sur les marchés » actuellement très peu volatils. Cet expert observe que pour le blé, les positions des fonds spéculatifs montrent une probabilité de baisse plus forte que la probabilité de hausse, mais un potentiel de hausse supérieur au potentiel de baisse. « Si un incident climatique survient, les fonds devraient accentuer le mouvement normal de hausse des cours ». Il recommande aux vendeurs d’engager 60 % de leur récolte de blé, ce qui laisse 40 % pouvant profiter d’un éventuel redressement des cours. Aucun contrat d’option n’est conseillé, étant donné le peu de volatilité prévue.

Le marché mondial du blé connaît une succession d’années excédentaires : la production excède légèrement la consommation. Résultat, les stocks augmentent. Ils devraient rester abondants chez de gros exportateurs comme la Russie, gardant les prix sous pression lors des prochains mois. Le pays a pris du retard dans ses exportations et restera très compétitif jusqu’en fin de campagne, juge note In Vivo Trading.

Le blé français perd ses chasses gardées

La Russie mais aussi l’Ukraine restent très observées : c’est l’origine mer Noire qui détermine les prix du blé des compétiteurs européens. « Les pays de la mer Noire donnent l’impression d’augmenter leur récolte chaque année. « Leurs coûts de production sont assez compétitifs, ils ont investi dans la logistique, l’agronomie. Ce ne sont plus des fournisseurs de blé tout-venant, tous deux maîtrisent de plus en plus la qualité. Au point de concurrencer le blé français sur ses marchés traditionnels. Des pays comme le Maroc, autrefois considérés comme les chasses gardées de la France regardent ailleurs ». L’Afrique sub-saharienne achetait français. Mais une récolte catastrophique en 2016 ne permet pas d’entretenir ce débouché. « L’an prochain, il y aura une concurrence plus forte sur ces destinations » traditionnelles, poursuit In Vivo Trading.

Gérer de nouveaux risques

La très faible moisson française 2016 a conduit les deux analystes à s’interroger sur des adaptations nécessaires. « Il faut que la France baisse ses coûts de production », avertit Agritel, qui chiffre l’effort à réaliser autour de 20 euros la tonne de céréale. La moitié pourrait venir d’un allégement du parc matériel. Autres pistes : la réduction des intrants, l’augmentation de la taille des exploitations.

Chez In Vivo, on estime que toute la filière va devoir apprendre à gérer de nouveaux risques. « La succession d’une moisson record en 2015 puis calamiteuse en 2016 augure des désordres de plus en plus fréquents ». Et de remettre en cause les modèles de production, en ciblant plus particulièrement « la monoculture, l’uniformité génétique et des itinéraires techniques ».

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