Le futur recomposé

Le nouveau parlement européen, tel qu’il se dessine, traduit la progression des partis nationalistes, ancrant définitivement l’hémicycle à droite. Notre pays a activement participé à cette dynamique aussi prévisible que redoutée par les partis europhiles. Si le dimanche 9 juin a été moins noir (ou brun) que prévu, la Belgique figure quand même parmi les cinq États membres qui ont placé l’extrême droite en tête à ces élections européennes de 2024, avec la France, l’Autriche, l’Italie de Giorgia Meloni et la Hongrie de Viktor Orban. Le Vlaams Belang a en effet viré en tête avec 14,5 % des voix sans toutefois suffisamment progresser que pour gagner davantage de sièges dans l’hémicycle. Comme en 2019, il en gardera trois, qui seront occupés par Tom Vandendriessche, Barbara Bonte et Gerolf Annemans, au sein du groupe Identité et Démocratie (ID).
La droite, représentée par le groupe PPE, est parvenue à conserver son rang de plus important groupe politique du parlement, tandis que les sociaux-démocrates demeurent la deuxième force politique, malgré une légère baisse de leur contingent. À noter également, le fort recul des Verts qui avaient joué un rôle lors de la formation de la précédente commission. L’obtention d’une majorité pour le prochain candidat à la tête de l’exécutif européen apparaît, à ce stade, incertaine. Mais restons au parlement pour lorgner du côté de la commission de l’Agriculture qui perdra plusieurs figures francophones de poids. Nous apprenons que l’ancien président des Jeunes agriculteurs français, le centriste Jérémy Decerle, ne retrouvera pas son siège alors que l’eurodéputée sortante Irène Tolleret ne se représentait pas. Quant à l’agriculteur écologiste Benoit Biteau ou encore la démocrate-chrétienne Anne Sander, ils n’ont pas été réélus. Cette dernière pourrait céder sa place à la céréalière Céline Imart. Le socialiste Christophe Clergeau est le seul à conserver son siège, contrairement à l’ancien commissaire européen à l’Agriculture, le roumain Dacian Ciolos, dont la liste centriste n’a pas obtenu suffisamment de voix. Au niveau belge, un nouveau membre francophone devrait intégrer la Comagri en la personne de l’éleveur wallon et secrétaire national de la Fédération du commerce de bétail et de viande (Fcbv) Benoît Cassart, issu des rangs du MR, lequel a réussi à décrocher un troisième siège dans l’hémicycle. Quant à l’écologiste Saskia Bricmont, membre de la commission du Commerce international et souvent à l’offensive sur les sujets agricoles, elle enchaîne avec un second mandat européen et sera la seule représentante de sa formation politique, qui a perdu son second siège.
Enfin, quelques ténors de la Comagri seront de retour. On pense aux Allemands Norbert Lins et Martin Hausling ou à l’Italien Herbert Dorfmann. Tous ces noms, pour certains encore inconnus, pour d’autres déjà familiers, vous les retrouverez au fil de nos pages. Ce sont eux, entre autres, qui feront l’actualité agricole européenne pour les cinq prochaines années.