Influenza aviaire : comment réagir face à la propagation de la maladie?
Depuis le mois de mars, de nombreux cas d’infections par le virus de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N1 ont été détectés chez des vaches laitières aux États-Unis. Tous les cas semblent liés à la contamination d’une vache laitière. L’infection s’est ensuite propagée par le commerce des animaux entre fermes, les bêtes se contaminant entre elles par la voie mammaire via le matériel de traite et l’environnement. De façon plus anecdotique, des cas ont aussi été diagnostiqués, toujours dans ce pays, chez des chevreaux et des alpagas.

Après trois ans de circulation intense de la maladie chez les oiseaux sauvages et de multiples introductions du virus dans des élevages de volailles et chez des oiseaux domestiques, des cas ont sporadiquement été constatés chez différentes espèces de mammifères en Europe. Ces derniers concernaient majoritairement des carnivores qui se sont infectées par la prédation d’oiseaux infectés.
Au niveau des bovidés, l’infection par le virus de l’influenza A est très rare. À ce jour, aucun cas n’a été détecté en Belgique ou en Europe. Mais, bien que ce type d’infection requiert des conditions particulières, les vaches pourraient contracter la maladie par voie mammaire et ce, aussi avec des souches qui circulent actuellement en Europe.
Symptômes chez les ruminants et les vaches laitières en particulier
Deux types de syndromes cliniques doivent être considérés :
Signes cliniques à dominance neurologique et mortalité : c’est la forme classique chez les mammifères qui s’infectent par voie respiratoire ou digestive lors de contact étroit avec des oiseaux infectés. Les cas de chevreaux et d’alpagas aux États-Unis peuvent y être associés.
Signes cliniques à dominance mammaire et haute morbidité mais faible mortalité : infection via la glande mammaire, probablement via une contamination environnementale initiale. Aux États-Unis, les signes cliniques concernaient plusieurs animaux et comprenaient des mammites avec une baisse de la production de lait. Celui-ci était épaissi ou ressemblait à du colostrum. Notons également une perte d’appétit, une modification de la consistance des fèces et une fièvre légère. Aucun symptôme neurologique ou respiratoire, ni de mortalité n’a été observé chez ces vaches. D’après les premiers cas, les bêtes âgées en milieu de lactation semblent plus susceptibles que les plus jeunes ou les génisses.
Il est également important de savoir qu’après l’apparition des foyers dans les élevages bovins, des cas d’influenza aviaire ont aussi été détectés chez des chats et des souris dans les exploitations laitières infectées, très probablement via la consommation de lait contaminé. Plus de la moitié des félins sont morts après avoir montré des symptômes neurologiques graves.
De plus, il est connu que les rongeurs peuvent transporter et transmettre un large éventail d’agents pathogènes. Les souris vivant donc à proximité d’élevages infectés pourraient propager le virus H5N1 dans les zones résidentielles.
Une transmission rare pour l’homme
La transmission de l’influenza aviaire à l’homme est encore un évènement rare. Les cas rapportés aux USA, concernaient des personnes ayant eu des contacts étroits avec les animaux infectés. Des symptômes de conjonctivite ont généralement été rapportés et chez l’un de ceux-ci, également des symptômes respiratoires légers.
Ainsi, si vous suspectez un animal d’être infecté par l’influenza aviaire, il est préférable de prendre les mesures de protection habituelles : éviter au maximum de manipuler l’animal ou le cadavre, lavage des mains, si possible port d’un masque buccal et de lunettes de protection, etc.
Une consommation de lait pasteurisé sans risque
Aux USA, il a été montré que le lait des vaches infectées pouvait être très chargé en particules virales. Cependant, les procédés classiques de pasteurisation du lait (UHT, stérilisation, pasteurisation) inactivent le virus de l’IAHP. La consommation de lait pasteurisé peut donc être considérée comme sans danger. De plus, le lait de tout animal malade n’est pas autorisé à entrer dans la chaîne alimentaire.
Un test de dépistage en cas de suspicion
Afin d’assurer une détection précoce chez les bovins, Sciensano a développé un test pour détecter la présence du virus de la grippe aviaire dans le lait. Celui-ci permet de détecter les infections en cours. Pour détecter les infections passées, il est également possible d’effectuer un test sanguin (la séroconversion pouvant nécessiter jusqu’à deux semaines pour apparaître).
Si plusieurs vaches laitières présentent simultanément, et en particulier chez des animaux en milieu de lactation, des signes cliniques évocateurs de la maladie, sans autre cause mise en évidence, des échantillons peuvent être prélevés. Ceux-ci doivent être envoyés à DGZ ou à l’Arsia avec le motif « suspicion infection IA ». Ils seront ensuite analysés par le laboratoire national de référence Sciensano. Par ailleurs, les frais d’analyse pour l’influenza aviaire sont pris en charge par l’Afsca.
Au niveau de l’échantillonnage pour le lait, il faut prélever au minimum quelques millilitres et le conserver à 4°C. En cas de symptômes chez un individu, il faut un prélèvement de préférence de lait individuel (si le problème est localisé à un quartier, échantillon de préférence du quartier en question). En cas de symptômes plus généralisés du troupeau, du lait de tank peut-être utilisé. Pour le sang, il faut prélever au minimum un millilitre dans un tube sec et le conserver à 4°C.
Plusieurs recommandations
Si un oiseau sauvage mort est trouvé, il ne faut le manipuler et le signaler aux services régionaux (au numéro de téléphone gratuit 1718). Il est préférable d’éviter que les ruminants présents sur le même site n’entrent en contact avec ces carcasses.
De plus, comme indiqué plus haut, le virus peut se transmettre à d’autres mammifères et causer des mortalités notamment chez les chats. En cas de mortalité anormale chez ces félins, souvent accompagnée de signes cliniques neurologiques et sans autre cause mise en évidence, ceci peut constituer un signe d’appel. Les cadavres de ces animaux peuvent être envoyés pour analyse à Sciensano.
Étant donné la forte présence du virus de l’influenza aviaire dans les mamelles chez les bovins infectés, il peut se propager pendant la traite. Les recommandations de prévention en matière d’hygiène du pis et de traite sont donc les mêmes que pour d’autres maladies à l’origine de mammites (porter des gants, nettoyage et désinfection des trayons avant et après la traite, nettoyage des trayons avec un chiffon ou une lingette par vache, rinçage et la désinfection des postes de traite, etc.). Afin d’évaluer et d’améliorer la qualité de la gestion de la santé mammaire, des outils sont disponibles. Vous pouvez demander conseil dans le domaine auprès de l’Arsia, du comité du lait, etc.