Accueil Potager

Les limaces: de leur rôle de décomposeurs aux dégâts sur les cultures

Si en 2023 déjà, les populations de limaces s’étaient fortement développées dans les jardins, la situation est encore plus grave cette année. En effet, dans certains potagers, les pertes ont été totales avec l’anéantissement des jeunes plantations en quelques nuits. Certains jardiniers découragés ont même abandonné toute leur production, en gardant l’espoir de recommencer les semis et plantations l’an prochain.

Temps de lecture : 6 min

Le rôle principal attendu des limaces et des escargots est d’être des décomposeurs. À ce titre, ils participent activement au cycle de décomposition des matières organiques végétales, diminuent l’importance des foyers de pourritures et préparent la future minéralisation des éléments en vue de leur utilisation dans l’alimentation des plantes.

Cette tâche est extrêmement importante pour l’équilibre et la santé de nos légumes. Dans la nature, tout se tient et interfère. Les feuilles ou d’autres organes végétaux blessés ou sénescents finissent par être envahis par des champignons. Ceux-ci sont mangés par les limaces qui assainissent alors le milieu en réalisant leur mission.

Pourtant, il y a des moments de l’année où nous avons l’impression d’être envahis par les gastéropodes. Pour éviter cela, l’emploi de pièges ou de produits n’est pas la bonne solution à moyen terme. Il est plutôt nécessaire de mettre en place au moins deux techniques : la diversité de la flore et du milieu, et la présence d’auxiliaires.

Ces techniques comprennent la présence de bandes herbées multiflore, de haies, de paillage entre les plantes pour couvrir le sol et d’une grande diversité de légumes. Dans ces conditions, les limaces peuvent se déplacer vers l’endroit le plus attractif pour elles, c’est-à-dire les feuilles mortes en début de décomposition. Dans le cas d’un terrain presque vide, avec qu’une rangée de laitues, elles seront attirées par celles-ci qui se trouvent dans leur zone de déplacement. C’est, par exemple, ce qui se passe au printemps quand le sol a été mis à nu sur l’ensemble du potager.

En automne, les débris végétaux sont nombreux en surface et à faible profondeur : vieilles feuilles tombées au sol, trognons de laitues ou de choux, paillage en décomposition. Ces bêtes auront tendance à préférer s’alimenter de ces matières plutôt que des parties saines de nos légumes.

Par ailleurs, les limaces possèdent des ennemis qui les mangent. Les grenouilles et les crapauds s’il y a une mare à proximité, les carabes qui s’abritent au pied des haies, les staphylins, les mille-pattes, les hérissons, de nombreux oiseaux dont les poules et les canards, les musaraignes, les rats, les taupes permettent ainsi d’éviter que le développement de ces populations. Notons qu’un petit tas de bois ou de branchages peut être un abri pour ces auxiliaires.

Le broyage des débris de cultures favorise la  décomposition de ceux-ci et réduit donc les possibilités pour les limaces de se nourrir entre deux cultures. Les collets de laitues, les tiges de choux sont des refuges nourriciers.
Le broyage des débris de cultures favorise la décomposition de ceux-ci et réduit donc les possibilités pour les limaces de se nourrir entre deux cultures. Les collets de laitues, les tiges de choux sont des refuges nourriciers. - F.

Pourquoi une telle situation cette année ?

Plusieurs éléments interviennent concernant la situation de 2024. Tout d’abord, la météo leur a été très propice lors des vingt derniers mois. La façon de gérer son potager peut également favoriser plus ou moins ces mollusques. Enfin, la structure du sol après l’année 2023 et la biodiversité peuvent aussi expliquer partiellement ces constatations.

En outre, seules quelques espèces occasionnent des dégâts notables. Retenons : la limace grise (Deroceras reticulatum) et la limace noire (Arion hortensis), et localement, en bordure de parcelles et en jardins, la limace rouge (Arion rufus). La durée de vie et le cycle reproducteur diffèrent d’une espèce à l’autre. Les pontes par paquets de plusieurs dizaines d’œufs sont fréquemment posées dans les premiers centimètres de sol. Les déplacements nocturnes sont de quelques mètres par nuit et sont guidés par les yeux situés à l’extrémité des tentacules, sensibles aux infrarouges.

La limace grise adulte mesure 4 à 6 cm. Jeune, elle a une couleur rouge-violacé. Le mucus est blanchâtre. Hermaphrodite, elle pond jusqu’à 300 à 400 œufs tout au long de l’année. Chez nous, une ou deux générations sont possibles par an. Elle vit 9 à 12 mois, surtout en surface de sol, et peut parcourir 6 m en une nuit. Elle est surtout crainte en période de sécheresse.

Concernant la noire adulte, elle mesure 3 à 4 cm ; jeune, elle fait la taille de ½ cm et est gris bleuâtre. Le mucus est incolore ou jaunâtre. Elle vit 12 à 18 mois, dans le sol, et peut parcourir 3 m en une nuit. Comme la grise, elle est hermaphrodite et pond 150 à 300 œufs de mai à septembre. Une ou deux générations sont possibles par an. Elle surtout présente par temps pluvieux, au printemps sur les plantules et en automne sur les légumes.

Les escargots prolifèrent notamment à proximité et dans les serres et les couches sous châssis.

L’influence de la météo

Les limaces adultes mangent jusqu’à la moitié de leur poids en une journée ! Les feuilles sont rongées, d’abord à partir des espaces inter-nervaires. Les tiges sont coupées, mangées et les plantules meurent. Des loges sont creusées dans les racines et tubercules.

Les légumes, en général, sont très sensibles aux dégâts sur plantules et à la présence des limaces entre les feuilles et dans les pommes (laitues, chicorées, choux).

Comme indiqué précédement, les conditions météorologiques influencent l’activité de ces bêtes et leur développement. Très sensibles à la température, elles possèdent un métabolisme qui leur impose de se nourrir davantage lorsqu’elle dépasse une vingtaine de degrés. Les populations d’adultes se réduisent par grand froid, mais les œufs résistent bien au gel.

Lorsque l’humidité relative est faible, ces gastéropodes se déshydratent rapidement, néanmoins la découverte d’un point d’eau leur permet aussi de se réhydrater rapidement.

Les types de sol et leur préparation

Les terres argileuses sont plus sujettes au développement des populations que les sablonneuses. Les sols grossièrement préparés sont propices aux déplacements et aux nidifications. C’est un facteur essentiel. Les structures ont été tellement dégradées l’année passée et cette année qu’il n’est pas étonnant de constater des pullulations sur les parcelles ayant fortement souffert.

Les préparation de sol laissant des mottes grossières facilitent le passage des limaces  lors des migrations nocturnes et diurnes.
Les préparation de sol laissant des mottes grossières facilitent le passage des limaces lors des migrations nocturnes et diurnes. - F.

L’estimation des risques

Les limaces peuvent être observées directement ou par les traces de passage sur les feuilles couvertes de la rosée matinale ou de mucus. Les pièges permettent d’apprécier le niveau d’importance des populations. Les résultats doivent être interprétés selon la grandeur des risques, dépendant eux-mêmes de la culture et de l’époque de l’année.

En pratique, ces derniers constitués de cartons humidifiés recouverts d’une bâche, sont disposés sur la parcelle. L’observation se déroule 3 jours plus tard en retournant les cartons et en éliminant les bestioles présentes.

Pour les potagers de petite et de moyennes dimensions, ces pièges disposés à différents endroits permettent de les maîtriser assez efficacement.

A lire aussi en Potager

Comment réussir ses semis en pleine terre?

Potager Les semis en pleine terre sont adaptés à de nombreux légumes. Certaines espèces peuvent être cultivées en pots avant d’être repiquées dans le sol ou peuvent être semées en place. C’est le cas des laitues. Nous décidons de l’une ou l’autre option selon la date d’implantation. Ce choix peut aussi être guidé par la facilité de désherbage, comme pour la mâche.
Voir plus d'articles