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Une augmentation des méga-fermes au détriment des petites exploitations

Une étude réalisée par Greenpeace European Unit montre que le fossé se creuse entre les petites fermes et les grosses entreprises agricoles. Ces méga-fermes réalisent les plus gros profits du secteur, tout en bénéficiant de la majeure partie des subventions publiques aux dépens des paysans de petite taille. L’organisation parle d’un « échec politique » et appelle les dirigeants européens à un « changement structurel profond » en soutenant notamment « l’agriculture écologique à petite échelle ».

Temps de lecture : 4 min

Pour cette étude, Greenpeace s’est concentrée sur les fermes commerciales, elles-mêmes divisées en trois catégories : les petites exploitations (dont la production économique est comprise entre 4.000 et 49.999 € par an), les moyennes (de 50.000 à 249.999 €) et les grandes (égale ou supérieure à 250.000 €).

Selon les données analysées, le nombre de méga-fermes dans l’Union a augmenté de 56 % entre 2007 et 2022, tandis que le nombre de petites exploitations commerciales a, lui, chuté de 44 % au cours de la même période, passant de 4,3 millions à 2,4 millions. En 15 ans de temps, l’Europe a donc perdu près de deux millions de petites fermes commerciales, ces dernières ayant soit mis la clé sous le paillasson, soit entamé une phase d’industrialisation. Les méga-fermes sont concentrées dans sept pays, dont la Belgique, la France et les Pays-Bas, où plus de 25 % d’entre elles sont de très grande taille.

Ainsi, dans le secteur agricole, le pouvoir économique est concentré entre les mains d’un petit nombre de grandes exploitations. En 2022, seuls 3 % des méga-fermes (les 117.000 plus puissantes économiquement en Europe, avec une production dépassant le demi-million d’euros par an) ont représenté 39 % du rendement économique total de la production agricole de l’UE.

« Alors que les méga-fermes ne représentent que 8 % des exploitations au sein de l’UE, elles ont reçu 37 % de subventions dédiées aux exploitations commerciales, bien que leur revenu moyen ait également augmenté de 84 % au cours de la même période de 15 ans. Les petites exploitations n’ont, elles, reçu que 26 % des subventions publiques, alors que plus des deux tiers des exploitations commerciales en Europe sont des petites exploitations », constate l’ONG.

Une perte de 3,5 millions d’emplois

À l’instar des subventions publiques, les investissements privés sont également plus favorables aux grandes exploitations. L’enquête a montré qu’en 2022, celles-ci détenaient 70 % des crédits dans le système agricole européen. Pour autant, le nombre total d’unités de travail annuel (incluant le travail rémunéré et non rémunéré) dans le secteur agricole au sein de l’UE a diminué de près de 38 % entre 2007 et 2022, correspondant à une perte approximative de 3,6 millions d’emplois temps plein.

Greenpeace estime que cette situation est le « résultat d’un échec politique ». « L’accent mis sans relâche sur la maximisation de la production agricole, souvent défendue par les politiciens conservateurs et populistes, a profité de manière disproportionnée aux grandes exploitations, tout en ne faisant pas grand-chose pour sauvegarder les plus petites ou améliorer les moyens de subsistance des populations rurales. »

Marco Contiero, le directeur de la politique agricole européenne de Greenpeace ajoute : « Les agriculteurs sont de plus en plus mis sous pression pour augmenter leur production, même si cela implique de s’exposer à des produits chimiques toxiques, de maltraiter les animaux, de polluer et de détruire le sol, l’eau, les plantes et la faune dont ils dépendent. Mais aucun n’agirait de la sorte s’il disposait de véritables alternatives. Plutôt que de blâmer les mesures environnementales, les gouvernements et l’Union européenne doivent cesser de financer les méga-fermes industrielles qui n’ont pas besoin d’argent, et soutenir plutôt les agriculteurs qui luttent réellement pour rester à flot et qui veulent contribuer à restaurer la nature ».

« Produire moins mais mieux »

L’organisation plaide, dès lors, pour un « changement profond » dans la structure du secteur agricole et alimentaire afin de favoriser l’adoption de pratiques plus durables, de produire moins mais mieux, avec des chaînes d’approvisionnement plus courtes.

« Les responsables politiques européens ont le pouvoir de réorganiser les subventions publiques dans le cadre de la politique agricole commune (PAC) de l’UE afin de soutenir ce changement. Ils peuvent faire respecter les règles contre les pratiques commerciales déloyales et réglementer le financement du secteur privé afin de soutenir l’agriculture écologique et à petite échelle », insiste l’organisation.

Notons que ces conclusions correspondent aux recommandations du dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture de l’UE lancé par Ursula von der Leyen en janvier dernier.

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