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Le tubercule de la discorde…

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Après avoir connu un début de saison à la fois retardé, laborieux et parsemé d’inquiétudes, les producteurs de pommes de terre laissent enfin les récoltes derrière eux. Si, dans la plupart des cas, celles-ci ont livré des résultats moins décevants que ce que l’on craignait, il conviendra d’en assurer la bonne conservation dans les semaines et mois à venir.

Avant cela, l’ensemble de la filière – du plant aux produits transformés, en passant par les constructeurs de matériel et centres de recherche – se retrouvera à Kortrijk Xpo, du 24 au 26 novembre, à l’occasion d’Interpom. Aux côtés de leurs homologues des filières légumières (oignons et carottes, principalement), tous les acteurs du « paysage de la patate » auront l’occasion d’échanger sur les difficultés venues et à venir, mais aussi sur les défis auxquels sont confrontés tous les maillons de cette filière de poids. Défis dont ils sont parfaitement conscients, contrairement à ce que certains croient savoir ou affirment, sur les réseaux sociaux notamment.

Réduction de la consommation de produits phytosanitaires, lutte intégrée contre les insectes, irrigation raisonnée, disponibilité des plants, tassement des parcelles agricoles, érosion des sols… Les producteurs ne restent pas les bras croisés face à ces nombreux challenges. Les centres de recherche et autres organismes d’encadrements non plus. Tous sont conscients que la culture de la pomme de terre doit évoluer pour répondre aux attentes environnementales, totalement justifiées, de notre société. Tout en maintenant, d’une part, un haut niveau de qualité et, d’autre part, en rencontrant les désidératas des consommateurs et de l’industrie.

Usines qui, elles aussi, se mobilisent. Tendre vers une transformation moins gourmande en énergie et en eau, c’est cultiver une meilleure image de marque mais aussi accroître la durabilité de la filière. Avec l’enjeu supplémentaire de conserver les standards de qualité actuels et un accès aux marchés internationaux, faute de quoi des milliers d’emplois seraient menacés, au détriment de notre économie agroalimentaire. N’en déplaisent à celles et ceux qui estiment que la filière ne doit pas produire davantage (ou à peine) que notre consommation intérieure.

Notre tubercule, précieux pour certains, détestable pour d’autres, est engagé depuis plusieurs années déjà sur un chemin qui lui permettra de répondre aux attentes de notre société. Pour autant, il ne doit pas sacrifier son poids économique sur l’autel du jugement. L’utilisation de nouveaux matériels, l’apparition de nouvelles techniques culturales et industrielles, le recours à des variétés robustes, la contribution des services d’avertissement, le recours à une flotte plus verte… sont autant d’avancées adoptées par l’ensemble des acteurs de la pomme de terre. Et d’autres sont en voie de développement !

La filière a amorcé de nombreux changements, en toute lucidité quant à son avenir. Laissons-lui le temps d’évoluer, accompagnons les producteurs dans leur transition, finançons les projets de recherches, subsidions les matériels innovants, incitons l’industrie à revoir ses procédés de transformation… Pour que ce tubercule ne soit plus source de discorde mais bien de partage, comme peut l’être un cornet de frites ou un paquet de chips !

Jérémy Vandegoor

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