Engrais russes : inquiétudes face à une potentielle hausse des prix
Comme les eurodéputés et les organisations agricoles, les États membres craignent une hausse des prix des engrais. Et les mesures contre les importations russes proposées par la commission ne devraient pas arranger la situation. Face à cela, l’Exécutif se veut confiant en rappelant l’aspect progressif des sanctions mais également l’opportunité de diversification.
Quelques semaines après la publication de la proposition de la commission visant à augmenter les droits de douane sur les importations d’engrais azotés de Russie (et du Bélarus), la question de l’approvisionnement de l’UE à un prix abordable est source d’inquiétudes chez une majorité d’États membres.
Augmentation graduelle des droits de douane
Ces derniers soulignent la nécessité de faire preuve de prudence. Certains auraient même mentionné les sanctions contre la Russie et le Belarus comme un possible facteur d’augmentation des prix sans pour autant remettre en cause leur principe. Selon toute vraisemblance, la France a demandé une étude d’impact concernant la mise en place de ces droits de douane tandis que l’Italie aurait indiqué que ces mesures pourraient faire plus de mal que de bien au secteur. Un sentiment qui fait écho aux inquiétudes exprimées les eurodéputés de la commission du Commerce international mais également à celles du Copa-Cogeca.
Mais la commission se veut confiante. À l’issue de la réunion du conseil des ministres européens de l’Agriculture du 24 février dernier, le commissaire Christophe Hansen a rappelé que l’augmentation des droits sur les engrais russes serait graduelle pour limiter l’impact sur les marchés agricoles de l’UE.
Stimuler la production dans les États membres
Dans le détail, cette augmentation progressive des droits de douane sur les engrais débuterait à 40 ou 45 € par tonne (€/t), selon le type d’engrais, pour aller jusqu’à un droit additionnel prohibitif pouvant s’établir jusqu’à 315 € ou 430 €/t trois ans après le début de l’application des mesures. Le Luxembourgeois estime, en outre, que ces mesures représentent une opportunité pour stimuler la production dans les États membres. À ce titre, il a cité l’exemple des engrais Renure.
Rappelons quand même que la Russie est une des principales sources d’approvisionnement de l’UE en engrais. Selon les données de la DG Agriculture, en 2024, les importations totales d’engrais en provenance de Russie se sont établies à près de 2,2 milliards d’euros (Md€), soit environ 25 % du total de l’UE (8,8 Md€). Et concernant les engrais à base d’azote, cela grimpe même à approximativement 27 %. Au-delà de la production interne, se pose également la question de la diversité des sources d’importation. Des pays comme l’Algérie ou l’Égypte, autres sources importantes d’engrais azotés, devraient voir leur rôle s’intensifier dans les mois et années à venir.